Palais de justice de Saint-Joseph-de-Beauce
Agression sexuelle: les procédures contre Martin Duchesne se poursuivent
Martin Duchesne a plaidé coupable d’avoir agressé sexuellement Yvette Gérard, une femme de 72 ans qui a une déficience intellectuelle, entre le 1er janvier 2019 et le 11 mai 2020.
Tandis que sa sentence n’a pas encore été décidée, il était présent physiquement au palais de justice de Saint-Joseph-de-Beauce aujourd’hui, devant la juge Réna Émond .
À cette séance, Kevin Camiré, un enquêteur de la Sûreté du Québec, a présenté deux extraits vidéos à la cour. Ceux-ci proviennent des caméras de surveillance qui étaient installées dans la résidence où vivait la victime et son agresseur, et qui ont été récupérées par les autorités lors d’une perquisition le 2 septembre 2020 à Saint-Bernard.
Dans ces extraits de quelques minutes, enregistrés dans l’après-midi du 17 avril 2020, on voit que Martin Duchesne pose des gestes à caractère sexuel envers la femme. Il la prend par les hanches en lui donnant des coups de bassins, puis, dans le deuxième extrait, il glisse sa main sous le chandail de la victime et lui touche les fesses tandis qu’elle lui répond par un coup sous le menton.
Par la suite, Yvette s’est exprimée sur ses émotions en télétémoignage pour ne pas affronter son agresseur. C’est la procureure Me Harbour qui lui a posé quelques questions. « Comment tu te sens dans ton cœur ? », a-t-elle demandé avec délicatesse pour ne pas la brusquer. « Ça fait très mal. J’ai très peur de lui. (...) Il s’est servi de moi », a répondu la femme. À plusieurs reprises, la septuagénaire a dit qu’elle avait mal au cœur, qu’elle avait peur et qu’elle ne voulait plus jamais voir cet homme. « Des fois la nuit j’ai peur qu’il rentre dans la maison, dans ma chambre. J’ai tellement peur, je ne veux plus rien savoir de lui. » Elle a même mentionné avoir reçu des menaces de mort de sa part.
Diane Lajoie, sa tutrice légale depuis le mois de mai 2020, a ensuite été appelée à la barre. Elle a alors expliqué à Me Harbour les différentes conséquences qu'ont eu ses agressions sur la victime, notamment qu’elle est désormais porteuse d’une infection sexuellement transmissible, qu’elle ne peut plus dormir la porte fermée (puisqu’elle a été enfermée les nuits pour éviter que son bourreau ne lui rende visite) et qu’elle prend désormais des médicaments pour le stress et l'anxiété. « Elle a tellement peur de Martin qu'elle vérifiait par la fenêtre le soir », a mentionné Diane qui l’a accueillie chez elle pendant 14 mois. « Elle a arrêté de faire des cauchemars quand on lui a dit que Martin était en prison, là elle avait plus peur le soir. »
En répondant ensuite aux questions de Me Bégin, avocate de la défense, Diane a raconté qu’elle connaissait Yvette depuis sa naissance puisque c’est sa mère qui s’occupait d’elle. « Est-ce qu’elle a peur des hommes ou juste de Martin ? », a demandé Me Bégin. « Juste de Martin », a répondu la tutrice. « Elle est amicale avec tout le monde. »
Observations de Me Harbour
La procureure a fait part de ses observations à la juge concernant le rapport présentenciel et l’évaluation psychosexuelle de l’accusé. Elle a notamment relevé le manque de remords sincère de la part de Mr Duchesne, qu’il semble banaliser ses actes, qui fait preuve de peu d’introspection et qui serait un individu opportuniste (pour ses relations). Il ne semble pas reconnaître que même si elle est âgée, la victime n’a pas le comportement ni la compréhension d’une adulte.
Pour finir, Me Harbour a suggéré à la cour une peine de 7 ans d’emprisonnement, comprenant quelques mois pour le bris de probation dont il est également accusé, ainsi que l’inscription de son identité au registre des délinquants sexuels à perpétuité. Cela en se basant sur plusieurs facteurs atténuants et aggravants.
Concernant les facteurs atténuants, la procureur a mentionné le plaidoyer de culpabilité, qui permet à la victime de ne pas revivre les situations et évite la tenue d’un long procès, les suivis que l’accusé a fait pendant son incarcération à Baie-Comeau et son enfance difficile.
En ce qui concerne les facteurs aggravants, on note entre autres son passé judiciaire important avec des condamnations pour des faits similaires, soit agressions sexuelles sur deux enfants en 1999, avec une détention de 6 mois, et un contact sexuel avec une adolescente en 2001, qui lui a valu 60 jours de détention discontinue et de la probation. Ce qui fait d’Yvette sa 4e victime en matière sexuelle. Me Harbour a aussi abordé l’abus de confiance d’une personne en position d’autorité étant donné que la victime vivait une situation d’esclavage, qu’elle recevait de mauvais traitements et des sévices de la part des membres de la famille et des coups. De plus, des caméras de surveillance avaient été installées dans le logement, elle n’avait pas le contrôle de son argent et elle devait faire ses besoins dans un pot parce qu’elle était embarrée la nuit. « Elle était dans un climat de domination constant. Il n'en est pas responsable, mais il en était témoin. » Enfin, la fréquence des abus, la répétition des gestes et le fait que tout soit survenu sur une période d’un an et demi au domicile de la victime comptent aussi comme facteurs aggravants.
Le dossier doit revenir devant la cour le 30 avril prochain et Me Bégin procédera à son tour, à la représentation sur la peine.
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