Pierre-Olivier Doyon et Patrick Guillemette
Un Beauceron mal-voyant réalise son rêve au volant d'une voiture de course
Alors qu’il pensait ne jamais pouvoir tenir un volant entre ses mains, Pierre-Olivier Doyon a finalement réalisé son rêve lors du Défi Vision organisé par Mira à l'Autodrome de Granby.
Atteint d’une rétinite pigmentaire de l'œil, ce résident de Notre-Dame-des-Pins perd la vue petit à petit et n’a désormais plus que 7% de sa vision. Le 4 juillet, son ami Patrick Guillemette et lui sont montés à bord de leur voiture pour réaliser 10 tours de circuits aux côtés de 46 autres binômes composés d’un voyant (copilote) et d’un non-voyant (pilote).
« J'étais comme un enfant, j’étais au paradis. Pour moi c’était un rêve de conduire une voiture. Je l’ai su quand même assez jeune que je n’allais jamais pouvoir conduire et ça a été un gros deuil dans ma vie de jeunesse. Aujourd'hui je peux avoir la fierté de dire que j'ai conduit une voiture au moins une fois dans ma vie, et ce, sur une piste de course avec 46 non-voyants », a confié Pierre-Olivier en rencontre avec EnBeauce.com.
Quelques jours avant cet événement, les deux amis s’étaient entraînés sur un stationnement. L’objectif était d’apprendre à bien communiquer dans le cadre de cette course et de familiariser Pierre-Olivier à la conduite. « Il n’a jamais conduit, personne n’a pris la peine de lui expliquer (...) Quand on dit tu tournes un peu, oui, mais un peu pour moi, un peu pour toi et un peu pour lui, c’est différent pour chacun », a expliqué Patrick, qui tenait à former un bon duo pour l’événement.
Notons que pour la participation au Défi vision, le Beauceron devait amasser un minimum de 1 500$. Finalement, il a pu remettre 7 300$ à la Fondation Mira.
Déroulement de la course
Au départ de la course, Pierre-Olivier et Patrick se trouvaient à la quatrième position. « Là j'ai vraiment pris un deux minutes pour analyser les pédales, j’ai réglé mon siège pour être confortable et je suis allé chercher mes repères sur le volant et le levier de vitesse », a expliqué le pilote non-voyant. Tous les pilotes ont les yeux bandés pour être à égalité.
Dès le premier tour, une minivan s’est mise en travers de leur route. Doucement, ils sont allés le pousser jusqu’à les faire sortir du circuit et poursuivre leur chemin. Petit à petit, plusieurs voitures sont sorties de la course, d’autres ont été bien abîmées, mais les Beaucerons ont gardé le cap, ayant pour objectif de terminer la course.
« Je me suis pratiqué avec le peu de vision que j’ai, mais là avec le bandeau sur les yeux, c’était vraiment autre chose! Le feeling est vraiment différent (...) Les premiers tours c’était plus stressant, mais après j’étais détendu puis là je m'amusais », a déclaré le Notredamois. « On se parlait calmement, ça allait super bien! Un pilote né », a répondu avec humour son acolyte.
Les véhicules devaient respecter une limite de vitesse à 20 km/h, ce qui forçait le copilote à surveiller le compteur en plus de regarder la route, tout en gardant un œil sur les adversaires encore en lice. Sur la piste, ils y avaient également des véhicules avec des gyrophares qui sécurisaient la course et aidaient parfois les véhicules en difficulté.
Le Défi vision s’arrête lorsque la voiture de tête termine son 10e tour (ou que 30 minutes sont passées). Dans ce cas, au passage de la première voiture à la ligne d’arrivée, les Beaucerons étaient encore en course, ce qui les rendait très fiers. Cependant, ils n’ont pas eu le classement , donc ils ne connaissent pas leur position finale. « On a complété la course, sans se faire mettre hors jeu, mais on ne peut malheureusement pas dire si on était au 10e tour », a dit Patrick, un peu déçu de ne pas savoir.
Relever des défis
Les deux amis sont unanimes, ils veulent absolument revivre cette expérience. Que ce soit l’an prochain ou l’année suivante, ils seront de nouveau en course c’est certain.
« J’aime ça relevé des épreuves. J’aime m’intégrer dans la vie de tous les jours. Je sais que je ne suis pas parfait, il y a des choses que je vais faire au strict minimum, mais au moins je peux dire que je l’ai fait et que j’ai donné mon 110% », a conclu Pierre-Olivier qui est d’ailleurs à la recherche d’un partenaire pour faire du vélo en tandem.
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