Rencontre
Un siècle de souvenirs avec Marc-André Rodrigue
Marc-André Rodrigue a 100 ans. Un âge honorable pour plusieurs, mais qu’il qualifie de « bien ordinaire ». « Je suis encore un individu comme un autre », a-t-il confié humblement à EnBeauce.com.
Résidant de Saint-Georges-Ouest depuis toujours, Marc-André a grandi dans une famille de 13 enfants. Il se remémore son enfance, marquée par les tournées de distribution de lait pour aider son père laitier, en compagnie de son frère Pamphile. « Entre ses deux arrêts, on allait servir la messe pour se faire des sous », a-t-il raconté. Grâce à ses modestes économies, il est devenu le tout premier déposant de la Caisse populaire de Saint-Georges avec une pièce de dix sous.
Marc-André a été à l’école primaire à Saint-Georges avant d’intégrer le pensionnat de Saint-Benoît-Labre, un peu par hasard, lors d’une visite pour reconduire son frère après les Fêtes. « Mon père m’a proposé de rester, et j’ai accepté », s’est-il remémoré.« On aimait bien être pensionnaire là parce qu’il y avait des filles », a-t-il ajouté en riant.
Sa jeunesse a été rythmée par les activités de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) avec laquelle il a pu faire du théâtre et passer du bon temps entre amis. « C’était le fun dans ce temps-là, on avait du plaisir! », a-t-il conté en précisant qu’il continuait d’aider son père au travers de ses activités.
Une vie d’amour sincère
C’est également au sein de la JOC qu’il a rencontré Mariette, celle qui deviendra son épouse. Leur histoire d’amour, teintée d’humour et de simplicité, débute par des tours de voiture en Chrysler et des soirées à jouer aux cartes. « Elle avait pris un truc pour me séduire! (...) Elle disait “les gars, moi je m’en vais” et elle savait que j’allais la reconduire puisque moi j’avais une auto. Et finalement elle a gagné, j’ai cédé et on s’est fréquenté! »
Cet été, Mariette et Marc-André célèbreront 75 ans de mariage. « On a fait une belle vie de communication. » Lorsque l’on demande à monsieur Rodrigue quel est leur secret, il répond d’instinct « s’aimer ! » avant d’ajouter: « savoir accepter, c’est mon mot d’ordre, même si ce n'est pas toujours facile. »
D’ailleurs, au même moment, sa fille Hélène Rodrigue fêtera ses 50 ans de mariage. D’après elle, la relation entre ses parents est un exemple. « Pour maman c’était un homme parfait. Il ne cuisinait pas, car c'était ma mère, mais il pouvait tout faire », s’est-elle souvenue. « Ils nous ont enseigné le compromis et que même s’il y a des moments difficiles, on est capable de passer à travers. C'est ça qu’on a appris, ce n’était pas avec leurs mots, mais dans leur comportement. »
Hélène a aussi raconté quelques souvenirs marquants de son papa qui, même s’il était très pris par son travail, leur offrait du temps de qualité à elle et ses cinq frères et sœurs. « Mon père faisait tout de ses mains. Même s’il travaillait beaucoup, il nous faisait une patinoire l’hiver en arrière de la maison, une année il nous a même fabriqué une piscine! »
Un homme travaillant
Marc-André a toujours été un homme travaillant. Dès sa sortie de l'école, il a travaillé sur des machineries lourdes pendant plusieurs années, notamment dans une entreprise appartenant alors à son grand frère. Un jour, alors qu’il avait perdu son emploi, il a vu dans le journal que la Commission scolaire cherchait un professeur de mécanique pour les jeunes qui avaient des difficultés d'apprentissage scolaire. Il a donc appliqué et a été embauché sous condition de reprendre des études pour obtenir un diplôme en enseignement.
S'ensuit une période plus difficile pour Mariette et Marc-André, car entre son travail et ses études, le Beauceron avait peu de temps à consacrer à la vie de famille. Cependant, il tâchait toujours de leur offrir des moments de qualités. « Ça a pris une femme solide pour supporter mon père. Heureusement, ils ont toujours été très complices », a souligné leur fille.
Plus tard, il est même devenu directeur de l’éducation aux adultes, et ce, jusqu’à sa retraite. « Quand je suis rentré dans l’enseignement, ça a été toute une expérience. J’avais qu’une septième année. Finalement, j’ai pu enseigner et j’ai gagné ma vie avec ça ! », a-t-il soutenu avec fierté.
Un homme curieux et impliqué
Marc-André a toujours été animé par une grande curiosité. S’il n’a jamais voyagé en Europe, il s’est enrichi des récits de ses proches, comme sa sœur Constance, qui a exploré les archives familiales au Portugal, ou encore Louise, qui vit aujourd’hui aux Bahamas. Ceci dit, il semblerait que cet intérêt soit dans leur gêne. « On est tous des étrangers au Québec! Le premier descendant de notre arbre généalogique est un portugais qui a marié une fille du roi qui arrivait de la Normandie », a expliqué Hélène avec enthousiasme.
En plus de ses nombreuses responsabilités familiales et professionnelles, Marc-André a été conseiller municipal et promaire de Saint-Georges-Ouest. Aujourd'hui, dans le bureau de son petit appartement où il prend toujours soin de sa femme Mariette, il a un bureau rempli d’archives. Il y conserve les photos de familles, des documents historiques et toutes sortes de souvenirs.
Quand au travers de tout ça on lui demande ce qu’il a le plus marqué durant ces 100 années de vie, le Beauceron répond instantanément: le mariage entre Saint-Georges-Ouest et Saint-Georges Est. « Ça, j’ai eu de la misère! », a-t-il conclu. Il regrette encore aujourd’hui que l’ouest n'ait pas poursuivi son développement.
Si son parcours témoigne de la simplicité, il reflète surtout une vie riche d’amour, de travail acharné, et d’une grande ouverture aux autres.
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