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Rencontre avec Lucie Poirier

Résilience et solidarité: une famille beauceronne confrontée à l’imprévisible

durée 08h00
18 novembre 2024
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Léa Arnaud
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Par Léa Arnaud, Journaliste

Le quotidien de Lucie Poirier a été bouleversé lorsque son mari a été victime d’un grave accident survenu après une sortie de chasse en septembre dernier.

Native de Lac-Mégantic, elle vit à Saint-Georges depuis qu’elle s’est installée avec son mari Mike Auclair, il y a 16 ans. Ensemble, ils ont deux enfants, Emma 8 ans et Adam 6 ans. 

Mike est natif de Saint-Philibert et a hérité d’une passion pour la chasse transmise de génération en génération.  Âgé de 37 ans, il ne chasse que l'orignal et ce, principalement à Saint-Robert-Bellarmin. « Ça fait trois ans qu'il a commencé à aller sur les réserves aussi. Ils sont un groupe d’environ huit, avec des amis et de la famille. Ils partent quelques jours et ont le droit de chasser deux orignaux pour le groupe », a expliqué Lucie, lors d’une rencontre avec EnBeauce.com. Elle a aussi précisé que, pendant leur séjour, ils restent dans un chalet rustique dans les bois et n’ont que très peu d’accès au réseau mobile. Ils peuvent cependant utiliser des appareils satellites. 

Une sortie pas comme les autres

Le groupe a tué un premier orignal le samedi 28 septembre, puis le deuxième le lundi suivant. À ce moment-là, leur session de chasse était donc terminée. Cependant, puisqu’ils avaient leur chalet jusqu’au mercredi, ils ont décidé de ne pas rentrer en Beauce tout de suite.

Ainsi, le lundi soir, cinq membres du groupe, dont Mike, ont décidé d’aller se promener en pick-up pour profiter de la nature et tenter d’observer d’autres animaux. Ils roulaient tranquillement sur les sentiers de la réserve, deux personnes se trouvaient dans le véhicule et trois étaient assis dans la boîte du pick-up. « Ils venaient tout juste de partir du chalet, et mon conjoint a basculé hors du véhicule et n’a malheureusement pas réussi à retrouver son équilibre, ni à attraper la main tendue par l’un de ses amis », a raconté sa femme.

Mike est tombé sur son côté gauche et a perdu connaissance dès l’impact. Il a été touché principalement au haut du corps ainsi qu'au bras gauche et à la tête du même côté. « C'est ce qui fait que l'accident est devenu si grave! C'est le choc à la tête qui s'est avéré être un traumatisme cranio-cérébral sévère. En résumé, c'est comme une très grosse commotion avec saignement au cerveau. » S’ensuit donc une lourde prise en charge médicale.

À cause du lieu de l’accident, la prise en charge de Mike par les services d’urgences a été longue. Cependant, les personnes qui étaient avec lui en attendant ont fait leur possible pour lui administrer les premiers soins d’urgences dont ils étaient capables et ont surveillé ses signes vitaux jusqu’à l’arrivée des secours. « Les gars ont été hors pairs », a insisté Lucie avec beaucoup de reconnaissance. Lorsque les ambulanciers sont arrivés, ils ont pris en charge le blessé qui a été transporté à l’hôpital de Matane vers 20 h 30 ce soir-là. 

De son côté, Lucie était seule à la maison, car ses enfants étaient chez leur grands-parents. Bien qu’elle n’avait pas eu de nouvelles de son mari depuis le dimanche midi, elle ne se doutait pas qu’un événement si grave s'était produit. C’était normal, puisqu’il était dans le bois, mais ça commençait à devenir long. « Ce sont les policiers qui ont sonné à ma porte à 21 h 15 pour m’annoncer la nouvelle. L’image qu'on ne veut pas avoir », s’est-elle souvenu. Quelques minutes plus tard, Lucie a reçu un appel du médecin de Matane qui lui a expliqué que son mari était dans un état critique, qu’on craignait pour sa vie donc il avait été placé dans un coma artificiel et sous respirateur pour le stabiliser. Le médecin a précisé que Mike serait rapidement transféré par avion à l’hôpital de l’Enfant Jésus de Québec pour une meilleure prise en charge. 

Hospitalisation et questionnement

Dès son arrivée, Mike a été pris en charge au bloc opératoire où il s’est fait poser une sonde et un drain à la tête pour s’assurer que la pression intracrânienne demeure stable et sécuritaire. Il a ensuite passé deux à trois jours en coma artificiel, puis au moins deux semaines aux soins intensifs avant d’aller au service de traumatologie. Heureusement, il est aujourd’hui réveillé et a récemment été transféré à l’institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ) où plusieurs spécialistes vont l’évaluer sur de nombreux aspects pour savoir ensuite le plan de match et savoir quand est-ce qu’il pourra sortir.

Ce qui a été le plus difficile pour Lucie, en tant que conjointe, c’est l'attente de savoir quelles seraient les conséquences de l’accident. « Surtout dans le moment où tu ne sais pas. Tant qu’il n’est pas réveillé, tu ne sais rien. On ne sait pas s'il aura encore la mémoire, on sait pas s’il va te reconnaître, on sait pas s’il va demeurer comme il était avant, on sait pas quels impacts il va avoir, ni ce qu’il va garder comme séquelle. Bref, les médecins ne s'avancent sur rien. Puis nous on se fait tous les scénarios du monde », se remémore Lucie. « C'est vraiment épeurant parce que ce n'est pas juste un conjoint, c’est un papa! »

Suite à cet accident, Mike a eu quelques problèmes d’équilibre, mais c’est surtout certains aspects cognitifs qui ont été touchés. « Il est quand même très avancé par rapport à la gravité de ce qu’il a eu. Les médecins sont super étonnés de voir comme il s’en remet rapidement, mais ça demeure qu’au niveau cognitif il y a des impacts. À l’endroit où il a été touché, ça concerne surtout la gestion des émotions, le comportement et l’inhibition. »

Difficile de savoir aujourd’hui ce qu’il adviendra de l’avenir pour ce mari, père et chef d’une entreprise de construction. Ce qui est certain, c’est qu’il pourra compter sur le soutien infaillible de ses proches.

La force de l’entourage 

Dès le lendemain de l’accident, Lucie avait demandé à être accompagnée par un travailleur social afin d’agir de la meilleure façon possible avec ses enfants. « J'avais aucune idée de comment gérer ça avec mes enfants, qui sont dans un âge où ils comprennent, mais en même temps pas tout à fait. Je n’étais jamais passé par là », se rappelle-t-elle.

Sa demande a tout de suite été entendue et elle a pu se faire aider pour savoir quand et comment le dire aux enfants, mais aussi pour planifier une visite. « Tout était, le plus tôt sera le mieux. » Finalement, les deux enfants ont appris la nouvelle le soir même et ont rendu visite à leur père deux jours plus tard. « L'accompagnement du travailleur social a été très précieux! » Selon elle, Emma et Adam ont très bien géré la situation. Lucie a aussi fait attention à maintenir leurs activités pour ne pas trop bousculer leur quotidien et leur permettre de faire des choses qui leur font du bien. 

Dans les circonstances, la mère de famille a dû cesser de travailler. « Ce serait impensable et puis j’ai pas la tête à ça. Il y a beaucoup de fatigue physique et mentale », a-t-elle confié. En plus, elle était habituée à partager toutes les tâches et la gestion de la maison avec son mari, alors elle se retrouve aujourd’hui avec de nombreuses choses à charge. « Heureusement qu’on a le soutien de notre entourage! », a insisté Lucie. « J'ai beaucoup d'aide. Avec les nombreux voyagements à Québec pour être auprès de mon mari, ça me permet d’alléger mon quotidien chargé, d’arriver dans une maison propre et de ne pas avoir à sacrifier du temps avec les enfants pour faire les tâches ménagères. J'ai eu beaucoup d'aide et puis, j'en ai encore! Nos proches ont rempli un congélateur de repas préparés, réalisé des travaux d’entretien, aidé à la gestion des activités des enfants, etc. On a un entourage en or, autant la famille que les amis! ». Plusieurs de leurs amis se sont mobilisés, dont les propriétaires de Réfrigération JF Demers qui ont organisé une collecte de fonds.

« En mon nom et celui de mon mari, nous avons accepté de partager notre histoire dans le but de sensibiliser les gens qu’un accident est si vite arrivé. Le retour à la normale est long, exigeant pour le blessé ainsi que ses proches et rempli de montagnes russes d’émotions », a-t-elle conclu.

À travers toute cette « tempête », Lucie Poirier prend le temps de noter tout ce qui se passe pour qu’un jour, s’il le souhaite, Mike puisse connaître tous les détails de son histoire. Quelque part, ça permet à Lucie de se confier à son meilleur ami comme elle le ferait pour n’importe quelle autre étape de sa vie. « C’est mon pilier, c’est mon meilleur ami! Il me manque vraiment beaucoup... »

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