Événement du 2 février 2020 à Saint-Georges
Mort violente de Brandon Christian: le rapport du coroner rendu public
Par Salle des nouvelles
Le bureau du coroner du Québec vient de rendre public le rapport d'investigation de Me Donald Nicole concernant le décès de Brandon Christian, 47 ans, survenu le 2 février 2020 à Saint-Georges. L'ancien hockeyeur de la Ligue nord-américaine de hockey a été tué par balles lors d’une intervention policière de la Sûreté du Québec. Nous reproduisons ici de larges extraits de ce rapport de Me Nicole.
Selon le rapport d’enquête du Bureau des enquêtes indépendantes, le 2 février 2020, un peu avant 18 h 30, M. Brandon Christian qui avait un physique imposant, s’est présenté au domicile de son ex-conjointe avec un bâton de bois et une cagoule. Puisqu’il semblait en détresse psychologique et que son ex-conjointe s’inquiétait pour lui, cette dernière lui a demandé de quitter les lieux et a contacté les secours.
Les policiers se sont alors rendus sur place et ont débuté des recherches pour le retrouver.
Vers 20 h 10, les policiers ont localisé M. Christian qui marchait dans la rue et qui se dirigeait vers un boisé en empruntant une piste cyclable. Quatre agents l’ont alors suivi à pied dans le boisé et ont constaté qu’il était armé d’un couteau et d’un long bâton de bois. Les policiers ont tenté de le maîtriser en utilisant une arme à impulsion électrique à quatre reprises, mais sans succès. L’épaisseur de son manteau d’hiver rendait ce moyen de contrôle inefficace.
M. Christian a continué à se déplacer avec son bâton et son couteau. Plusieurs agents l’ont suivi afin de tenter de le contenir. À ce moment, M. Christian était agressif, ne voulait pas coopérer ni discuter avec les agents et a demandé aux agents de faire feu sur lui.
Quelques dizaines de mètres plus loin, les policiers ont tenté l’utilisation de capsaïcine (poivre de Cayenne), mais cela a été inefficace à cause d’un léger vent.
Par la suite, les policiers ont tenté d’immobiliser M. Christian en utilisant leurs véhicules de patrouille à basse vitesse, dans le but de le bousculer et de le faire tomber. Lors d’une première tentative, M. Christian est tombé, mais il s’est relevé aussitôt et il a frappé le côté passager du véhicule de police avec son bâton.
Lors de la seconde tentative, M. Christian est encore tombé au sol, puis s’est relevé rapidement en chargeant les policiers avec son couteau à la main. Un policier a alors fait feu à plusieurs reprises en direction de ce dernier qui s’est écroulé au sol, vers 20 h 29.
Les policiers ont aussitôt contacté les services ambulanciers et ont débuté des manœuvres de réanimation.
Quelques minutes plus tard, les ambulanciers ont pris en charge M. Christian et ont constaté qu’il avait plusieurs blessures par balles et qu’il n’avait plus de signes vitaux, mais que leur moniteur défibrillateur semi-automatique indiquait toujours une activité électrique cardiaque. Les ambulanciers ont alors poursuivi les manœuvres de réanimation déjà entreprises et l’ont transporté d’urgence à l’Hôpital de Saint-Georges où son décès fut constaté par un médecin, à 21 h 5, le même jour.
Examen, autopsie et analyse toxicologique
Une autopsie a été pratiquée les 3 et 4 février 2020 au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale à Montréal. Dans son rapport, le pathologiste a identifié six trajectoires de projectile d’arme à feu dans le corps de M. Christian, sans évidence d’indice de proximité de tir.
Des analyses toxicologiques ont été pratiquées au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale à Montréal. Les analyses sanguines ont démontré une alcoolémie négative, mais la présence de métabolites de cocaïne et de cannabis. En plus de ces substances, les analyses urinaires ont révélé la présence de cocaïne, de méthamphétamine (étant une drogue psychostimulante) et d’acétaminophène (pour soulager la douleur et la fièvre). Aucune autre substance n’a été décelée.
Analyse
M. Brandon Christian résidait seul dans un logement de la Ville de Saint-Georges depuis septembre 2019, suite à une séparation conjugale.
Le dossier médical de M. Christian indique qu’il souffrait de schizophrénie de type paranoïde, de trouble bipolaire et de trouble d’utilisation de cannabis. Il avait habituellement un suivi régulier avec son psychiatre, mais il ne s’était pas présenté à son rendez-vous du 7 mai 2019. Son médecin l’avait avisé qu’il était disponible pour le rencontrer ultérieurement, mais M. Christian ne l’avait pas contacté depuis.
Selon ses proches, M. Christian ne prenait plus sa médication depuis quelques mois, consommait régulièrement de la cocaïne et avait déjà connu des périodes de détresse psychologique semblable à celle du 2 février 2020, mais n’était pas habituellement agressif ni violent.
Lors de l’évènement, M. Christian n’a jamais collaboré ni voulu communiquer avec les policiers qui ont tenté d’ouvrir un dialogue avec lui. Il est évident que son état psychologique et son physique imposant, associés à la possession d’un bâton et d’un couteau pouvaient présenter un danger pour autrui. Même ses proches trouvaient son état inquiétant.
Avant d’utiliser la force létale, les policiers ont tenté de communiquer avec M. Christian et ont tenté de le maîtriser avec les autres moyens en leur possession (une arme à impulsion électrique, poivre de Cayenne et véhicules de patrouille).
Les circonstances, les analyses toxicologiques et l’analyse des faits démontrent que M. Christian est décédé sous les balles d’un agent, après avoir agi délibérément d’une manière menaçante vis-à-vis les policiers, alors qu’il était désorganisé et sous les effets de drogues (cocaïne et cannabis).
Conclusion
M. Brandon Christian est décédé d’un traumatisme thoraco-abdominal causé par six projectiles d’arme à feu.
Il s’agit d’une mort violente.
Me Donald Nicole
Coroner
Rappelons qu'en avril dernier, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) avait annoncé qu'il ne porterait pas d'accusation dans le dossier du décès de Brandon Christian puisque le rapport produit par le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) concluait qu'il n'y avait pas eu la commission d’une infraction criminelle par les policiers de la Sûreté du Québec lors de cette intervention.
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