Le Remplaçant : la pièce de l’été
Par Pierre-Luc Lafrance, Rédacteur en chef
Le Marviverain, Marco Côté, offre la comédie théâtrale de l’été avec « Le remplaçant », un concept à mi-chemin entre théâtre et improvisation, qui est présenté à l’Anglicane de Lévis. Si Côté a écrit les textes, le concept de base vient de son comparse Pierre-Luc Fontaine.
Et ce concept est ingénieux à souhait : peu de temps avant le lancement de sa nouvelle pièce, Marco Côté décède. Les spectateurs apprennent la nouvelle dès le début de la soirée par la présentation d’un vidéo. Les deux autres acteurs de la pièce : Lily Thibeault et Pierre-Luc Fontaine décident de lancer tout de même le spectacle, mais en engageant un acteur remplaçant différent à chacune des représentations. Et c’est là que ça se complique, car l’acteur en question – l’humoriste Dominic Paquet lors de la première le 19 juin et l’acteur et membre de la LNI Louis-Georges Girard le lendemain – ne connaît pas le texte. Plus tordu encore : Côté revient sous forme de fantôme. Les acteurs ne peuvent le voir, mais le public, oui. Côté, présenté comme un égocentrique à l’orgueil démesuré, doit aider ses comparses pour accéder au paradis et, pour se faire, il a un sifflet magique qui lui permet d’arrêter le temps et d’influencer le cours de l’histoire. Seulement, Côté n’est pas disposé à ce que ses amis obtiennent un triomphe sans lui.
L’histoire en elle-même est très simple… un peu trop en fait, mais cela n’a pas tant d’importance au final. Josianne (Lily Thibeault) et Samuel (Pierre-Luc Fontaine) sont un ancien couple qui s’affaire aux derniers préparatifs avant l’ouverture de leur restaurant. Ils rencontreront plusieurs personnages qui influenceront l’histoire : un ex-détenu, un livreur de chaise, un chef cuisinier, un gars du téléphone d’origine espagnole, un beau frère fatigant, le chum de Josianne, le maire de la municipalité et un chanteur. Tous ces personnages sont bien sûr interprétés par le remplaçant qui doit improviser. Cela fait donc en sorte qu’il n’y a pas deux représentations pareilles et que le succès de la représentation repose sur les épaules du remplaçant. Lorsque j’ai assisté à la pièce, c’est Louis-Georges Girard qui jouait à l’homme orchestre. Et cet habitué de la Ligue nationale d’improvisation s’en est tiré avec mention. Dès le début de la soirée, il a dû monter sur scène pour rendre hommage à Marco Côté… ensuite, les rôles se sont enchaînés à un rythme fou. Si certains moments étaient moins forts, il a réussi à puncher régulièrement. En fait, ce sont les acteurs réguliers, particulièrement Pierre-Luc Fontaine, qu’on a senti moins à l’aise. Il faut dire qu’eux aussi avaient à improviser lorsque le remplaçant montait sur scène même s’ils pouvaient suivre un canevas.
Quant à Marco Côté, il a su doser ses interventions pour ne pas briser le rythme de la soirée. Et il a réussi à impliquer le public dans la pièce ce qui n’est jamais facile. Personnellement, je ne suis pas convaincu par la dynamique lorsque certaines personnes du public doivent monter sur scène, mais, heureusement, il ne s’agit que d’un court passage. La pièce en tant que telle aurait pu avoir une histoire plus travaillée, mais il s’agit d’un défaut mineur, car, dans les faits, on oublie rapidement l’histoire pour se concentrer sur la performance d’acteur du remplaçant. Personnellement, je serais curieux de voir ce que vont faire des gens comme Marcel Lebeouf (le 26 juin), Édith Cochrane (le 24 juillet), Emmanuel Bilodeau (le 25 juillet) et Luc Senay (le 1er août).
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