Le Chemin des brumes
Par Pierre-Luc Lafrance, Rédacteur en chef
Après avoir publié trois romans de littérature générale à la fin des années 1980 et au début des années 1990, Jacques Côté s’est lancé du côté du polar en 2000 avec Nébulosité croissante en fin de journée. Il s’agissait d’un thriller qui se déroulait à Québec une vingtaine d’années plus tôt.
C’est dans ce livre qu’a pris naissance Daniel Duval, un policier originaire de Montréal qui refait sa vie à Québec. Un personnage de grande classe, le genre de policier qu’on aimerait voir quand on doit faire appel aux forces de l’ordre. Quoique, en toute honnêteté, ce livre ne m’avait pas complètement convaincu. Mais l’auteur allait faire mieux – beaucoup mieux – par la suite. Duval a continué à vivre dans deux autres aventures : Le Rouge idéal en 2003 et La Rive noire en 2005. Le premier a gagné le Prix Arthur-Ellis en 2003 et le deuxième le Prix Saint-Pacôme du roman policier en 2007. Deux distinctions méritées.
Il n’est donc pas exagéré de dire que les attentes étaient élevées pour la quatrième aventure de Duval, Le Chemin des brumes, qui est paru ce printemps. Pendant tout le livre, on suit deux histoires en parallèle. Celle d’un grand-père qui part en vacance avec ses petits-enfants – Sébastien et Vincent – et celle de Duval qui, dans un premier temps, participe aux Jeux mondiaux des policiers au Mexique avec son acolyte Louis Harel.
Les vacances dans les Laurentides tournent au cauchemar : un désaxé s’attaque aux trois campeurs et le jeune Vincent doit fuir dans la forêt pour sauver sa peau. Dès son retour du Mexique, Duval est chargé de retrouver le grand-père et ses petits-enfants disparus. Mais les recherches sont compliquées par le fait que personne ne sait où ils devaient camper. Commence alors une enquête minutieuse pour rassembler les éléments qui permettront de retrouver les disparus.
L’une des forces de Côté, c’est de réussir à dresser un portrait réaliste du métier de policier. Les éléments se mettent en place lentement, il y a une foule de faux indices, les personnages doivent vivre avec leurs propres problèmes et leurs propres émotions – comme Duval qui redécouvre les joies de la paternité – et, surtout, le hasard ne vient pas faire avancer l’histoire comme on peut le voir dans quelques romans policiers à l’intrigue bâclée.
Autre intérêt du livre : même dans les passages moins intenses, l’auteur réussit à susciter l’intérêt. Il n’y a pas de longs passages où le lecteur doit se forcer à lire en attendant un chapitre d’intérêt. Même lors des Jeux mondiaux des policiers qui, pourtant, n’ont rien à voir avec l’intrigue principale, le lecteur y trouve son compte. De plus, le livre amène le lecteur à se questionner sur notre système judiciaire, particulièrement sur la question des remises en liberté. Sans jamais amener de réponses toutes faites, l’auteur évite le piège de la thèse, lorsque le roman sert à véhiculer une idée plutôt qu’à raconter une histoire.
Une belle réussite qui peut se lire indépendamment des autres aventures de Duval… quoique, ne serait-ce que pour suivre la progression du personnage principal et des gens qui évoluent autour de lui, je conseille de lire les livres dans leur ordre de publication.
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