Alain Beauchemin : le conteur de la plume
Par Pierre-Luc Lafrance, Rédacteur en chef
L’auteur de Saint-Lambert-de-Lauzon, Alain Beauchemin, a lancé son deuxième livre plus tôt ce printemps, Les Harmonies de l’âme.
Ce thriller érudit, qui, par certains aspects, peut rappeler le Da Vinci Code, raconte l’histoire d’Hugo, un veuf, père de jumeaux, qui est parti de Montréal pour s’installer à Québec où il travaille comme spécialiste des œuvres d’art religieux. Un contrat va l’entraîner dans un monde de mystère avec ses sociétés secrètes. Dans ce thriller fantastique, le passé influence le présent et personne n’est vraiment ce qu’il semble être.
D’emblée, monsieur Beauchemin affirme qu’il voit les auteurs comme des artistes qui, au lieu d’utiliser la plume, prennent un crayon. C’est le moyen que j’ai privilégié pour m’exprimer, comme d’autres peuvent choisir la peinture ou la musique. »
Bien qu’il n’en soit qu’à son deuxième livre à 59 ans, il dit qu’il a écrit toute sa vie… dans sa tête. « Je me définis comme un conteur. En fait, ce sont les circonstances de la vie – le temps disponible, surtout – qui ont fait en sorte que j’ai fait le pas et que j’ai décidé de publier. » S’il a choisi d’écrire des livres fantastiques, c’est par intérêt. « On a souvent des préjugés, comme celui de croire qu’à 59 ans, les gens n’écrivent que des autobiographies. C’est sûr que dans un livre, l’auteur ne peut pas faire abstraction de ce qu’il est, mais personnellement, quand j’intègre des éléments de ma vie réelle, je les transforme pour les intégrer à mon univers imaginaire. C’est dur de les reconnaître pour le lecteur. »
Pour son premier livre – Le Chant des étoiles paru en 2005 – il a publié à compte d’auteur aux éditions de La Plume d’Oie. Mais pour son deuxième livre, il a lancé sa propre maison d’édition : Le Vaisseau d’Or. « Quand on envoie le manuscrit à un éditeur, on doit vivre la douleur interne d’attendre la réponse. Dans la réalité, on sait que peu de livres sont retenus, mais malgré les statistiques, on ne peut pas s’empêcher d’espérer. Finalement, j’en ai eu assez d’attendre et j’ai décidé de publier à compte d’auteur… deux mois plus tard, j’ai appris que mon livre aurait été publié chez un éditeur. Mais ce n’est pas grave. J’ai pris de l’expérience et, pour le deuxième livre, je me suis dit que je n’avais rien à perdre à lancer ma propre maison d’édition. D’autant plus que j’ai beaucoup de ressources autour de moi, dont l’artiste visuel Roger Audibert qui a fait ma couverture et la correctrice Sandra Guimont. »
Si le livre connaît du succès, il envisage la possibilité de publier d’autres auteurs qui suivront la même politique éditoriale. Entre-temps, il caresse plusieurs projets d’écriture et d’édition. D’abord, il retravaille son livre Le Chant des étoiles pour en faire une version pour adolescents de 15 ans et plus. « Lors du Salon du Livre de Québec, plusieurs adolescents paraissaient intéressés par ce livre. Ce sera le même conte, mais avec un certain travail de réécriture. » Il veut aussi commencer cet automne un roman fantastique pour les 12 à 14 ans avec plusieurs illustrations et il a aussi un projet de recueil de nouvelles fantastiques. Sans compter un projet de roman, Féconde. Le scénario est bien avancé. Il s’agira, là encore, d’un roman fantastique. Mais il traitera, entre autres, du métier d’écrivain puisque ce sera l’histoire d’un auteur.
Quand il écrit, il se dit très influencé par les lieux. Quand il a visité Notre-Dame-de-Victoire ou les Ursulines à Québec, il a tout de suite été happé par le caractère mystérieux de ces endroits. « Au retour, ça brasse entre les deux oreilles. Après, il faut laisser agir l’imaginaire. » Il accorde beaucoup d’importance à la recherche. On le sent dans son œuvre puisque l’histoire et les lieux réels sont si bien intégrés à l’histoire qu’on a peine à départager la réalité de la fiction. « Le défi c’est qu’au bout de 30 pages, le lecteur ne sache pas tout. Il faut placer les indices pendant tout le livre, mettre des fausses pistes pour garder le mystère. Il faut aussi s’assurer que le lecteur ait envie de lire la suite. Je cherche à bâtir des histoires complexes, mais par trop pour ne pas perdre le lecteur. Je tiens aussi à donner de la profondeur aux personnages, leur sentiment, leur réflexion. »
Après l’écriture d’un roman, il a besoin d’un moment de calme pour refaire le plein. Il se promène, à la recherche de lieux qui l’impressionnent. « Un livre peut me demander plus d’un an. À la fin, je suis épuisé et j’ai besoin d’une période de récupération. »
S’il écrit, c’est pour changer du quotidien et amener le lecteur ailleurs. « Je veux qu’il oublie les vicissitudes de la vie. Un bon livre ou un bon film permet de mettre les contraintes de côté. Moi, je me vois comme un auteur de littérature de détente, un conteur de la plume, un raconteux. »
Pour écrire, il a développé une forme de recette. Il tient à ce que le décor soir le plus proche possible de la réalité afin que le lecteur trouve des points de repère. Il essaie de faire en sorte que la réalité et la fiction se côtoient pour que le lecteur arrive à se confondre et il essaie de mettre le plus d’imaginaire possible. Il a aussi fait le choix de ne pas mettre de violence. « Dans la mesure où je fais du divertissement, j’essaie de me détacher de la réalité qui est de plus en plus violente. Je suis un peu fleur bleue et ce que j’écris est relié au merveilleux. »
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