Un show pour baby-boomers
Par Pierre-Luc Lafrance, Rédacteur en chef
Il y a de ces spectacles où le public cible est tellement bien défini qu’on se sent presque de trop quand on n’en fait pas parti. C’est le cas – du moins partiellement – du dernier spectacle de François Léveillée qui a été présenté à l’Hôtel National de Tring-Jonction le 3 mai.
Dès l’introduction – où on entend les pensées des deux musiciens qui accompagnent l’humoriste –, le ton est donné : on affirme clairement que l’on s’adresse aux baby-boomers. D’ailleurs, le concept des voix dans la tête continue à l’arrivée de l’humoriste qui se questionne sur le langage non verbal. Le thème de la communication sera d’ailleurs au cœur de son spectacle. L’effet des voix hors champ est intéressant et Léveillée évite le piège qui consiste à continuer trop longtemps ce genre de gag.
Comme tous les humoristes – ou presque – qui passent par l’Hôtel National, il nous a offert quelques gags – assez réussis – sur la région et sur le nom « Tring-Jonction ». Un des meilleurs moments de la soirée fut lorsqu’il a parlé de la difficulté de se faire des cadeaux après 35 ans de vie de couple. Il a aussi offert quelques chansons qui, sans être mauvaises, n’étaient pas particulièrement punchées. Il a aussi offert un sketch mettant en vedette Aimé d’Amour, un professeur de pastorale. Ce numéro, plein d’interaction avec le public, comportait quelques bons moments, mais il manquait de contenu et de vie.
L’humoriste a toutefois terminé en force avec une chanson écrite pour sa fille, sans cesse interrompue par ses réflexions sur cette dernière et par une apparition appréciée de Bob Cashflow qui nous parlait avec son franc-parler habituel des problèmes de notre système de santé. Mais, en ce qui me concerne, le meilleur moment a eu lieu au moment du rappel. Il a interprété un duo de chansons populaires avec le guitariste et chanteur Nicolas Guimont. Chaque extrait de chansons répondait à ce que l’autre chantait pour former un dialogue amusant.
Même si je suis de la génération X – à moins que ce ne soit de la génération Y –, j’ai apprécié ma soirée, mais je sentais clairement que je ne faisais pas partie du public ciblé, ce qui explique en partie pourquoi certains passages m’ont laissé indifférent.
Philippe Laprise
Comme toujours à l’Hôtel national, l’artiste principal était précédé par un artiste de la relève. Ce soir-là, ce fut Philippe Laprise. Ce dernier, qui a complété ses études à l’École de l’humour en 2002, démontre un naturel étonnant sur scène. Il a plusieurs années d’improvisation dans le corps et ça paraît. Il sait jouer aussi bien avec sa voix qu’avec son corps. C’est seulement dommage qu’on avait parfois l’impression qu’il manquait de contenu. Les jokes de gros qui s’assument, ce n’est pas bien nouveau. Lorsqu’il partageait ses tranches de vie en tant que père de famille, il réussissait toutefois à entraîner les spectateurs dans une douce folie qui était beaucoup plus intéressante. Sans être un must, voilà un artiste qui peut être intéressant s’il raffine ses textes.
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