Michel M. Mercier : Protecteur du patrimoine ou de l'âme d'un peuple
L'enseignant en anglais connu de plusieurs, Michel M. Mercier, se fait également historien et protecteur du patrimoine, surtout depuis 2004, année de création du Comité du centenaire de Beauceville. Après la populaire exposition sur les ponts de la ville, née de sa rigueur pour les recherches et de son intérêt marqué pour les inondations qui ont frappé sa ville natale, l'historien en herbe se lance dans l'élaboration de l'exposition commémorant le 50e anniversaire de la terrible débâcle de 1957. Un désastre sans précédent qui reste encore aujourd'hui le point de référence de la mémoire collective des Beaucerons.
Membre précieux et crédible du Comité culturel et patrimonial
Membre grandement apprécié au sein du Comité culturel et patrimonial de Beauceville, M. Mercier est avant tout un pédagogue, en quête des valeurs profondes qui ont marqué l'histoire de sa ville natale, écrite au rythme des saisons par les soubresauts de la Chaudière.Toujours aussi imprévisible, elle a provoqué les inondations les plus médiatisées au Québec, au Canada et plus loin encore, de 1885 jusqu'à tout récemment, en 2006. « Michel est très impliqué, très ordonné et sa qualité d'enseignant perfectionniste donne à notre comité toute sa crédibilité au sein de la population beaucevilloise », remarquent la présidente par intérim et secrétaire du comité, la notaire, Anne Bolduc, de même que le directeur Roland Poulin et la coordonnatrice, Andrée Roy.
Impliqué dans son milieu et attaché à son histoire
Le principal intéressé, qui dit s'impliquer activement dans le secteur culturel au sein de son milieu depuis 1994, souligne qu'il a toujours travaillé à l'extérieur de Beauceville au cours de sa carrière. « Je suis de plus en plus connu dans mon milieu... Bénévole à la bibliothèque Madeleine-Doyon depuis le début de ma retraite, je suis également membre du Comité du Cénotaphe depuis 2004... J'ai eu auparavant une implication importante dans le domaine syndical, mais dans le secteur de la culture, je veux surtout rappeler aux gens du milieu leur histoire et la faire connaître à ceux qui ne l'ont pas vécue. Peut-être est-ce lié à ma profession en enseignement... », confie ce dernier au Journal de la Beauce.
Pourquoi miser sur le thème de la débâcle?
Homme à l'air sérieux et même sévère, comme tout bon enseignant, M. Mercier se rappelle les faits historiques qui ont tracé l'évolution des ponts à Beauceville : « Le premier pont de fer à être construit au-dessus de la Chaudière a attiré 10 000 personnes en 1898 et même le premier ministre du Canada! De fil en aiguille, j'ai obtenu beaucoup d'information des citoyens de Beauceville qui ont vécu l'inondation de 1957. Il s'agit vraiment du point culminant qui a marqué l'histoire de la ville et de ses nombreux ponts, qui ont été construits de plus en plus haut au fil du temps... Ça fait beaucoup jaser les gens de la population! »
La nouvelle fait le tour de l'Amérique!
Aux dires du Beaucevillois d'origine, et à voir la couverture médiatique de l'époque, l'inondation de 1957 représente vraiment un événement hors de l'ordinaire. « Les bonnes soeurs ont servi 3855 repas, du 21 décembre au 4 janvier, aux sinistrés restés sans logis. Mais il n'y a pas eu de décès, ce qui est assez impressionnant face à un événement d'une telle ampleur à une époque au cours de laquelle il y avait peu de moyens. Il n'y avait pas de sécurité civile... L'ambulance Saint-Jean venait d'être créée à Saint-Georges, mais c'est le Régiment de la Chaudière puis l'Armée qui ont dû intervenir pour aider les gens. Et tous les médias en ont parlé : L'Éclaireur, Le Soleil, mais aussi The Telegram, le Toronto Daily Star, The Key West Citizen, The Globe and Mail. », relate M. Mercier.
Un projet de longue haleine bien planifié et ficelé dans les moindres détails
Issu du milieu scolaire, l'homme s'était donné un plan de travail bien établi à l'avance. Aussi, un document audiovisuel a été préparé par la télé communautaire de Beauceville et fait déjà partie de l'exposition. Ce document sera complété sous peu avec de nombreux témoignages et entrevues. « L'exposition réunit de nombreuses photos inédites, plus de 150, des coupures de presse des médias locaux, hors Québec et même hors Canada. La nouvelle avait circulé rapidement sur le fil de presse, si bien que, le lendemain, le Citizen relatait l'événement en détail en ses pages! »
M. Mercier a consacré à cette exposition des heures et des heures pendant toute une année. Les trois derniers mois ont été plus intensifs et il tient à préciser qu'il a pu mener à terme ce projet de longue haleine parce qu'il était à la retraite. « Je n'aurais jamais pu réaliser un tel projet pendant que je travaillais en enseignement. », conclut-il en soulignant la participation importante du Comité culturel et patrimonial, de la ville de Beauceville, de la Société du patrimoine beauceron de Saint-Joseph, de la bibliothèque municipale de Saint-Georges et de L'Éclaireur.
Profil perso
Qui est Michel M. Mercier?
J'ai deux enfants dans la vingtaine et mon épouse, Francine Lessard, m'a toujours appuyé dans la réalisation de ce projet, dans le partage de ma passion pour l'histoire...
Quel genre de musique préférez-vous?
Le rock des années « 60... The Beatles, The Animals, Monfred Mann...
Quel type de lecture vous attire surtout?
Je n'ai pas tellement le temps de lire autre chose que des documents historiques ces temps-ci, mais en général j'aime lire les biographies, celles de René Lévesque, de Bourgault...
Quelle est votre activité de loisirs préférée? Avec qui sortez-vous?
J'aime bien sortir au restaurant et boire une bonne bouteille de vin avec mon épouse et des amis.
Quels sports pratiquez-vous?
La bicyclette, la randonnée dans les montagnes, le golf aussi.
Quel rêve caressez-vous encore en 2007?
Partir en voyage au Pérou, visiter le Machu Picchu, situé au sommet d'une montagne découverte au début du 20e siècle. Le Pérou? Probablement pour l'aspect historique de ses constructions de pierres.
Rencontre avec Michel M. Mercier...
Avez-vous des souvenirs personnels de cette inondation de 1957?
Je l'ai vécue alors que j'avais 10 ans... J'ai été témoin, mais avec mes yeux d'enfant... Ce qui était le plus impressionnant, c'est la hauteur des glaces qui se retrouvaient dans les rues. Elles avaient 10, 12 et même 15 pieds de haut... L'eau est montée jusqu'à la 9e Avenue du côté est de la ville.
Qu'est-ce qui vous a aussi marqué à cet âge?
Je me souviens que c'était impossible de circuler pendant que la machinerie travaillait à libérer nos rues de toute cette glace restée là après que la rivière ait retrouvé son nid. Il y avait des pelles mécaniques...
Quels autres événements rattachez-vous à cette débâcle de 1957?
C'est la débâcle qui a touché le plus de gens. Environ 1200 personnes ont été chassées de leur logis, et leur résidence a été détruite. Il n'y avait aucun recours à l'époque!
Je me souviens qu'il y a eu un radiothon animé par Gilles Bernier et Jules Venne, qui ont invité une vedette de la radio montréalaise de CKAC, Frenchi Jarraud. Je sais qu'il y avait finalement eu de l'aide gouvernementale : environ 300 000 $ pour réparer des dégâts évalués à plus de 2 millions $!
De quoi êtes-vous le plus fier par rapport à cette réalisation?
J'ai reçu beaucoup de visibilité de la part des médias. Beaucoup plus que je ne le croyais au départ, en comparaison avec le centenaire de la ville. Plusieurs journaux sont venus pour des entrevues, même la radio de Radio Canada, les journaux de Québec et Internet...
Quel est votre principal regret?
Le paysage de la ville a drôlement changé. Je suis très déçu que plusieurs bâtisses intéressantes soient disparues du paysage de la ville : le Manoir de Léry, par exemple, et d'autres bâtisses d'époque...
Quels commentaires retenez-vous de la part des visiteurs?
Les gens sont contents de pouvoir voir enfin ce dont ils ont tant entendu parler depuis si longtemps. Il est certain que la majorité des gens qui viennent ont un grand intérêt parce que ce sont des gens qui ont vécu l'événement...
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