» Le parler populaire de la Beauce » réédité
Les mots sont des vecteurs identitaires, rappelle Maurice Lorent
Maurice Lorent a encore toute sa verve. Mon ancien professeur de français et de littérature au Petit séminaire de Saint-Georges n'a rien perdu de sa vivacité d'esprit et, du haut de ses 77 ans bien sonnés — il m'a fait jurer de ne pas révéler son âge mais, que voulez-vous, je suis un maudit journaliste! — on sent bien toute l'énergie tranquille qu'il emmagasine, comme le passionné cycliste qu'il est, pour bien tenir la route du parcours de la vie.
Hier soir, à l'invitation de la Société du patrimoine des Beaucerons, il était au Musée Marius-Barbeau à Saint-Joseph pour le lancement public de la réédition de son livre Le parler populaire de la Beauce, un ouvrage de référence linguistique qui a fait date depuis sa première parution en 1977.
Mais pourquoi rééditer un tel document, près de 45 ans après sa sortie?
Maurice Lorent, un Français arrivé en Beauce en 1968 (dans les faits, il a vécu plus longtemps aux pays des Jarrets Noirs que dans l'Hexagone), a expliqué à la trentaine de personnes venues l'entendre mercredi soir, qu'en préparation d'une importante conférence qu'il devait livrer au printemps 2020, il avait demandé à son éditeur, Leméac, d'obtenir cinq copies de son ouvrage, pour se faire répondre que les stocks du livre étaient maintenant épuisés.
Il a alors suggéré que l'ouvrage soit réédité, mais en bon pédagogue de carrière, il savait très bien qu'il faudrait que l'écrit soit mis à jour. Et à sa grande surprise, l'éditeur a acquiescé à sa requête.
Puisqu'il avait disposé de son manuscrit original depuis belle lurette, le professeur a entrepris l'actualisation à partir d'une version numérisée par l'éditeur. Et, avant même que le confinement devienne obligatoire en raison de la pandémie de COVID-19, il était déjà enfermé dans sa bulle de rédaction plusieurs mois avant la crise du coronavirus.
Il en résulte une version 2021 revisitée et enrichie des recherches de l’auteur, avec toujours une mine d’informations sur le vocabulaire et les tendances qui rendent notre parler local si particulier.
« Le premier livre, c'était une oeuvre de jeunesse. Celui-ci est une oeuvre de maturité «, a fait remarquer M. Lorent à son auditoire.
Même la première de couverture a été changée, passant d'une peinture de Cécile Gamache à une photo du centre-ville de Saint-Georges avec une vue aérienne des passerelles qui traversent la rivière Chaudère pour mener vers l'ïle Pozer. Le maire Claude Morin était d'ailleurs présent au lancement, lui aussi un ancien élève du prof Lorent!
L'avant-propos porte aussi la signature du président de la Société du patrimoine des Beaucerons, Paul-André Bernard.
« Les mots sont des vecteurs identitaires et ceux que l'on retrouve dans le livre s'inscrivent dans l'histoire de la Beauce. La langue, c'est notre premier patrimoine », a souligné M. Lorent.
Il n'est pas peu fier aussi d'avoir été le premier à inscrire officiellement le mot pépine dans un ouvrage linguisitique, lequel apparaît maintenant dans les moteur de recherche internet, comme Google par exemple.
La nouvelle édition de l'ouvrage Le parler populaire de la Beauce sera disponible chez les libraires à compter du 11 août prochain alors que le Musée Marius-Barbeau en vendra également.
PHOTO — De gauche à droite, Claude Morin, maire de Saint-Georges, Jean-Philippe Bolduc, directeur du Musée Marius-Barbeau, Andréanne Couture, directrice-archiviste de la Société du patrimoine des Beaucerons, Maurice Lorent, auteur du et Paul-André Bernard, président de la Société du patrimoine des Beaucerons
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