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Arlette Cousture: voir l'écriture à travers ses sens

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5 décembre 2008
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À l'occasion des activités entourant le mois de Noël, l'écrivaine Arlette Cousture était de passage à la bibliothèque municipale de Saint-Georges mercredi dernier. Résumé d'une rencontre privilégiée avec une amoureuse de la langue française.

Connue pour ses oeuvres à saveur historique, on n'a qu'à penser, aux Filles de Caleb, Arlette Cousture dit avoir reçu de son père cette passion pour l'histoire. « Mon père avait une mémoire phénoménale et, chaque fois qu'on parlait de quelque chose, il se sentait obligé de mettre les pendules à l'heure. J'ai malheureusement hérité de ça », témoigne-t-elle en spécifiant être très « fatigante » lorsqu'elle regarde un film d'époque. Elle a d'ailleurs relevé ainsi plusieurs erreurs dans l'adaptation télévisuelle de l'histoire d'Émilie Bordeleau.

La mémoire des sens
Le thème principal de son discours tournait autour de ce que l'auteure nomme la mémoire des sens, à laquelle elle fait appel pour traduire en image les nombreuses descriptions qu'elle utilise dans ses romans. « Un souvenir qui remonte, disons à l'enfance, peut toujours être réactivé. Quand on y pense, une image qui était imprimée sur le cerveau revient et par la mémoire, on va être capable d'en revoir les détails et de les exprimer par des mots », explique Mme Cousture.

L'écrivaine dit pouvoir faire appel à plusieurs sens en même temps pour enrichir les souvenirs et traduire plus précisément l'émotion ou l'objet dont il est question. Pour écrire son dernier roman, Depuis la fenêtre de mes cinq ans, l'auteure dit d'ailleurs avoir dû faire appel à ses cinq sens pour se remémorer ce qu'elle y voyait. « J'ai vu le tramway, les blocs de glace du laitier qui fondaient, les voisins, le boulanger et le cultivateur qui passaient à la porte », relate entre autres Mme Cousture.   

Le bon mot
Pour utiliser les bons mots aux bons endroits et exprimer clairement sa pensée, l'auteure n'a pas de secret bien différent des autres. « Lire et apprendre ma langue, lance-t-elle. Il n'y a pas d'autre truc. Il faut être à l'affût et bien choisir ses mots », ajoute celle qui dit avoir une trentaine de dictionnaires chez elle auxquels elle fait régulièrement référence malgré un bagage linguistique déjà riche. « Comment est-ce qu'on fait pour décrire nos sens si on n'a pas le mot exact? », questionne-t-elle.

Sur ce thème, Mme Cousture a mis en lumière pour nous le fait que la moyenne de mots utilisés par une personne scolarisée était de 700, alors que la langue française en contient plus de 60 000. Pourtant, précise-t-elle, nous connaissons beaucoup plus de mots que nous n'en utilisons. « C'est ça qui est honteux, de ne pas utiliser ceux que l'on connaît. Et ce qui est désolant, c'est de ne pas chercher ceux qu'on pourrait identifier autrement », déplore l'auteure en proposant aux gens de s'écouter parler pour constater l'état de leur langue et de chercher des manières différentes de dire les choses. « Ça me fait de la peine quand j'entends ma langue s'appauvrir », ajoute-t-elle pour justifier cette critique.

Sur le métier d'écrivain
Lors de cet entretien, nous avons également demandé à Mme Cousture si elle avait souffert de vivre dans l'ombre de ses grands romans à succès. « Non, lance-t-elle sans hésitation. C'est mon ombre à moi. Ce qui me fait souffrir, c'est le fait que les gens ne comprennent pas que j'ai vieilli de 30 ans depuis ce temps-là et que je suis passée à autre chose dans ma tête », spécifie l'écrivaine en parlant de ses derniers romans qui s'éloignent du style saga des Filles de Caleb.

Quant à savoir s'il était difficile d'être écrivain, la réponse de l'auteure est limpide. « C'est extrêmement difficile! Les gens ne se rendent pas compte à quel point c'est exigeant », affirme la romancière en parlant entre autres de la lourdeur que représente le fait de travailler en solitaire et de l'effort de volonté à fournir pour s'asseoir et écrire.

Comparant l'écriture à un accouchement, Arlette Cousture ne décrit pas le processus comme une chose facile. « Un moment donné, je pense à une histoire, je la fais dans ma tête et quand j'en suis rendue, au moment où il ne me reste qu'à l'écrire, la souffrance s'en vient. L'inventer, c'est amusant, mais l'écrire, c'est aussi souffrant. Ça demande une discipline épouvantable et beaucoup de courage. », nous livre l'auteure. Alors merci d'avoir persévéré et bravo pour votre courage Mme Cousture, car sans celui-ci, le Québec aurait été privé de plusieurs de ses plus grandes oeuvres littéraires.

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