Vers 1955, la 2e avenue était la site de plusieurs restaurants dont quatre furent très populaires: La Café Royal, le Café Paris, le Monaco et le Luncheonnette. Le Café Royal a survécu, mais les trois autres sont disparus depuis longtemps. On a déjà publié l'histoire des trois premiers, voici maintenant celle du Luncheonnette.
Ce restaurant fut ouvert dans les années '40, sur le site où était auparavant le garage National. En effet, il y eut longtemps un grand immeuble servant de garage sur la 2e avenue, là où passe actuellement la 118e rue. On le voit sur la 2e photo lors d'une parade des filles d'Isabelle en 1944; c'est l'immeuble à droite portant une enseigne «Garage National». Maurice Lessard avait signé le 10 mars 1941 un bail de location avec Béloni Poulin, propriétaire de la bâtisse, pour y opérer son garage. Puis, en 1945, M. Lessard mit fin à son bail et opta pour se construire un nouvel édifice plus au nord où il relocalisa son garage National, au coin de la 112e rue. On a alors démoli le gros immeuble qui logeait auparavant le garage, immeuble qui appartenait à Béloni Poulin depuis le 9 septembre 1924.
On y a aussitôt érigé un restaurant qui prit le nom de «Luncheonnette», le premier l'ayant exploité étant Auguste Godbout, comme le démontre une publicité du 2 mai 1946 (photo 3). Il était ouvert de 6h am à 1h pm et on pouvait se faire servir un repas léger et complet, entre autres de la friture et du poisson. Ernest Grenier y a déjà été cuisinier. Par la suite, ce furent les frères Marcel et Yvon Gilbert qui ont acquis cet établissement vers 1950, tandis qu'Auguste Godbout a démarré un autre restaurant pas très loin, dans l'édifice de A.S Paquet au coin de la 120e rue, sous le nom de «La Petite Chaumière» (photo 4). Le Luncheonnette a donc appartenu aux frères Gilbert pendant plusieurs années (photo 1). Il y avait une machine à boules près d'une fenêtre en avant. À cette époque, plusieurs ouvriers et ouvrières de la St-Georges Shoe allaient y prendre leur diner à tous les vendredis. Puis vers la fin des années '50, un dénommé Rosaire Morin (à Norbert et non celui du Café Paris) est devenu à son tour opérateur du Luncheonnette.
Un article de journal rapporte qu'un incendie y a causé des dommages en juillet 1960 (photo 5). Quelques années plus tard, Robert Poulin (de Saint-Odilon) a pris la relève et changea le nom pour «Café Roberto». Hélas, le commerce a de nouveau été témoin d'un feu le 16 juillet 1965. Ce fut l'un des pires incendies survenus depuis le grand feu de 1915. Plusieurs commerces importants furent rasés, dont l'Hôtel Hermandi, la Mercerie Sévigny et la magasin Robert Pépin tandis que le commerce de Marc Giguère et le Café Paris furent aussi lourdement endommagés. Une photo de cet événement nous fait voir le café Roberto au moment où les flammes détruisaient les immeubles voisins (photo 6). L'édifice logeant ce restaurant fut toutefois épargné. Quelques années plus tard, en 1969, on y logea le premier garage Datsun (aujourd'hui Nissan) à Saint-Georges (photo 7) qui appartenait alors à Bertrand Sirois. Des souvenirs qui remontent à plus de 50 ans. L'immeuble fut démoli vers 1973 lorsqu'on a élargi (entre la 2e avenue et le boulevard Lacroix) à quatre voies la 118e rue menant au pont ouvert en janvier 1971. Ainsi se termina l'histoire du Luncheonnette.
Photo 1 de Robert Gilbert. Photo 2 du fonds Claude Loubier. Recherches de Paulin Poirier et Pierre Morin. Texte de Pierre Morin.
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