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Pier Dutil

Sommes-nous trop exigeants?

durée 18h00
29 avril 2024
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Par Pier Dutil

Dans ma chronique de la semaine dernière intitulée «Il pleut des milliards de dollars», je critiquais nos dirigeants politiques qui présentent des budgets largement déficitaires contribuant ainsi à une croissance inquiétante des dettes publiques.

Poursuivant ma réflexion, je constate que nos dirigeants politiques ne sont pas les seuls responsables de cette situation. Nous y sommes aussi pour quelque chose et nous devons avoir l’honnêteté de l’admettre.

Toujours plus

Suite à la présentation des budgets déficitaires d’Ottawa et de Québec, les critiques ont fusé de partout. On s’en prenait avec raison à l’ampleur des déficits.

Mais, en même temps, de nombreux organismes se lamentaient de ne pas avoir obtenu suffisamment de fonds publics pour poursuivre leurs missions. La main droite déplorait l’ampleur des déficits, alors que la main gauche réclamait toujours plus d’argent. Comme si ces deux membres ne faisaient pas partie d’un même corps.

Les municipalités réclament l’aide des Gouvernements, les syndicats veulent de meilleures conditions pour leurs membres, les entreprises réclament du financement (prêts et/ou subventions), les organismes crient au secours, tous les petits lobbies tirent la couverte de leurs côtés, alouette. Finalement, tout le monde s’accroche aux mamelles de l’État et réclame plus d’argent. 

Et, comme tous les partis au pouvoir pensent avant tout à leur réélection, la tentation est forte de satisfaire les demandes en versant toujours plus d’argent, d’où les déficits abyssaux.

Pourtant, cet argent, il ne pousse pas dans les arbres et on ne l’imprime pas. Qu’il provienne du municipal, du provincial ou du fédéral, c’est toujours le contribuable qui en fait les frais via ses taxes et les impôts.

Les transports en commun

La semaine dernière, lors de l’étude des crédits du ministère des Transports à Québec, on a fait tout un plat de la déclaration de la ministre Geneviève Guilbault qui a déclaré : «Gérer le transport collectif et les sociétés de transport, ce n’est pas la mission de l’État.»

Elle répondait alors à la demande des Maires du Grand Montréal qui réclamaient que Québec absorbe un déficit qui dépasse les 500 millions de dollars (500 M$). Si le Gouvernement ne leur vient pas en aide, les élus municipaux menacent d’imposer une taxe supplémentaire sur l’immatriculation des autos ou de réduire les services. Rien de moins.

Au lieu de faire un travail d’analyse de ses dépenses, de sa gestion, on réclame tout simplement que le Gouvernement provincial prenne en charge le déficit et en assume le remboursement.

Pourquoi l’argent des taxes et des impôts des contribuables de l’ensemble des régions du Québec devrait-il servir à rembourser le déficit des organismes responsables des transports en commun de la région de Montréal? Cela alors que la majorité des régions québécoises ne bénéficient pas de services de transport en commun.

L’exemple beauceron

On a vécu un bel exemple de ce problème dans notre région l’année dernière, alors que la compagnie privée qui offrait un service par autocars entre Saint-Georges et Québec, Autobus Breton, a mis fin à cette liaison non rentable. Il aurait suffi d’une contribution de quelques milliers de dollars du Gouvernement québécois pour que le service puisse être maintenu.

Si Québec refuse de financer un service de transport en commun dans une région comme la nôtre, comment pourrait-il justifier venir effacer un déficit d’un demi-milliard de dollars à Montréal?

Des organismes trop nombreux

Au Québec, il y a des milliers d’organismes divers dont la mission est de venir en aide aux plus vulnérables, organismes qui vivent grâce à des subventions gouvernementales et au financement populaire.

Lorsque l’on scrute le travail de ces organismes, on constate qu’il y a souvent duplication, à savoir que plusieurs organismes viennent en aide à une même clientèle.

J’ai en mémoire une petite querelle entre deux organismes d’ici, dont je tais les noms, qui se disputaient une même clientèle. À un moment donné, un intervenant a déclaré : «Vole-moi pas mes pauvres!» Comme si ces gens lui appartenaient.

Au lieu de saupoudrer des fonds publics à tous ces organismes, on devrait analyser le travail effectué par chacun et les impacts réels dans la communauté afin de s’assurer que les fonds servent avant tout aux services rendus aux gens dans le besoin plutôt que de défrayer des coûts de fonctionnement. En regroupant certains organismes, moins d’argent irait à l’administration et plus aux services à la clientèle.

Prendre ses responsabilités

À la question de mon titre à savoir : «Sommes-nous trop exigeants?» je n’hésite pas à répondre : «OUI.»

Aujourd’hui, au moindre besoin qui se présente, on a tendance à se tourner vers nos Gouvernements pour leur demander d’en assumer la responsabilité et les coûts. 

Il y a une limite à s’accrocher aux mamelles de l’État et je crois que nous sommes sur le point de l’atteindre.

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