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La méditation de pleine conscience en oncologie

durée 20h00
16 juillet 2007
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Une réduction de 49 % du taux de mortalité par le cancer a été observée chez des individus pré-hypertendus ayant médité pendant une période moyenne de huit ans et des bienfaits de la méditation chez les patients cancéreux ont commencé à être rapportés il y a plus de trente ans dans la littérature médicale. De plus en plus de professionnels travaillant en institution recourent maintenant à elle pour des situations très diversifiées. Serait-ce parce que l’appel de la méditation se fait de plus en plus attirant dans la population en général de par son potentiel d’utilisation comme traitement médical? Ou de par sa capacité à réduire les coûts de santé? Ou encore à cause du désappointement rencontré avec le traitement pharmacologique des désordres psychiatriques rendu plus évident par la publication de deux études multicentriques concernant l’usage de certains psychotropes?

En juin 2007, le Centre pour une pratique fondée sur des preuves de l’Université de l’Alberta déposait une vaste et rigoureuse analyse de la littérature scientifique concernant la méditation. Cette revue relevait qu’il n’y a pas de consensus établi dans le domaine scientifique pour définir celle-ci. En dépit de cela, la plupart des investigateurs s’accorderaient pour dire que la méditation implique une forme d’entraînement mental requerrant un calme de la pensée et ayant pour but un état d’observation détachée dans lequel les pratiquants sont conscients de leur environnement mais non impliqués dans les pensées le concernant.

Reposant sur 803 articles extraits de 11,030 citations s’étendant de 1956 à 2005, la même recherche conclut que, selon l’évidence actuelle, nous ne  pouvons pas tirer de constats fermes concernant les effets des pratiques méditatives dans les soins de santé. Il est cependant à noter que cette revue ne s’est attardée qu’à l’hypertension, aux maladies cardiovasculaires et aux abus de substances pour tirer ses conclusions. Les articles se rapportant aux troubles de santé mentale et à l’oncologie représentaient respectivement 8% et 1.5% des recherches recensées. Conservant cette information en mémoire, nous jetterons néanmoins un regard sur une orientation qui offre un certain potentiel en oncologie.

En effet, une autre étude s’appuyant sur 20 essais contrôlés et randomizés démontra que la méditation est sécuritaire et qu’elle peut s’avérer bienfaisante dans certains troubles non psychotiques de l’anxiété et de l’humeur, de même que pour des désordres émotionnels en lien avec le cancer.  D’une façon générale, la méditation basée sur l’usage d’un mantra (répétition d’un son, d’une syllabe, d’un mot ou d’une courte phrase) est la forme la plus scientifiquement étudiée mais la méditation de pleine conscience (mindfulness) occupe la première place en oncologie.

La méditation de pleine conscience
La pleine conscience est un construit qui a été décrit comme un processus amenant une certaine qualité d’attention à l’expérience qui se déroule d’instant en instant. Elle fut aussi présentée comme une combinaison d’auto-régulation de l’attention, couplée à une attitude de curiosité, d’ouverture et d’acceptation de sa propre expérience. Des résultats préliminaires décrivent les bienfaits sur la santé psychologique et physique d’une attention de qualité. Chez des patients atteints de cancer, des nivaux plus bas de perturbations de l’humeur et de symptômes de stress étaient liées à de plus hauts degrés de pleine conscience selon une échelle de mesure expérimentale. Quoi que la recherche dans le domaine soit encore jeune, un cadre conceptuel commence à s’élaborer et certains mécanismes physiologiques sont mis de l’avant pour tenter d’en expliquer les effets bénéfiques.

La pleine conscience peut être développée par des techniques de méditation spécifiques. Tirant leur origine des pratiques spirituelles bouddhistes, elles sont maintenant introduites de façon séculière dans des formes de thérapies cliniquement fondées. La réduction du stress par la pleine conscience (mindfulness based stress reduction – MBSR) est un exemple typique de cette approche qui débuta en 1979 au Centre médical de l’Université du Massachusetts sous la direction de Jon Kabat-Zinn afin de soulager des patients aux prises avec des douleurs chroniques.

Introduit dans plus de deux cent quarante hôpitaux américains, ce programme commence à émerger au Québec. La popularité grandissante de cette approche s’est cependant développée en l’absence d’une évaluation scientifique rigoureuse. Il n’en demeure pas moins que, depuis les vingt-cinq dernières années, l’expérience clinique et les recherches préliminaires demeurent encourageantes à de nombreux égards notamment ceux de la gestion des douleurs chroniques, des troubles de l’anxiété et de l’humeur, de la qualité de vie des personnes atteintes de cancer et des maladies cardiaques. Pour toutes ces raisons allant dans le sens d’une évidence potentielle, un effort concerté de milieux académiques américains et canadiens fait en sorte de soutenir une recherche prometteuse en regard du MBSR.

MBSR en oncologie
La population atteinte de cancer a fait l’objet d’un récent travail impliquant le MBSR dans un contexte médical. Les implications cliniques de ce mode d’intervention se sont révélées pertinentes et une rationnelle quant à son utilisation chez cette population fut développée.

Dans des essais non contrôlés, un lien fut démontré entre le programme MBSR et une réduction des perturbations de l’humeur, de l’anxiété, du stress et des troubles du sommeil. Une amélioration de la qualité de vie fut également remarquée dans ces groupes. Des mesures des symptômes de dépression, d’anxiété, de colère, de confusion et de stress révélèrent une amélioration de ceux-ci chez un groupe hétérogène de patients cancéreux par rapport à un groupe de contrôle randomizé (liste d’attente) et le soulagement était encore observable six mois après l’intervention. Une autre étude pilote non contrôlée vient non seulement confirmer l’amélioration de ces facteurs émotionnels mais aussi suggère un profil immunologique plus positif, ceci après un suivi d’un an.

Les références sont disponibles auprès de l’auteur.

Claude Fournier, MD.
Courriel : [email protected]
Claude Fournier est clinicien au Centre de santé et de services sociaux de Beauce où il enseigne le qigong et le taijiquan. Un partenariat avec la Fondation du cœur Louis-Georges Fortin et Accueil-Sérénité lui permet de transmettre ces enseignements à des personnes respectivement atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires et de cancer.

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