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Conseil Économique de Beauce

Perspectives économiques 2025 : vers une croissance stable mais des défis persistants

durée 18h00
12 décembre 2024
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Germain Chartier
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Par Germain Chartier, Journaliste

Alors que 2025 s’annonce, les perspectives économiques pour le Québec et le Canada oscillent entre une reprise modérée et des défis persistants, comme l’ont souligné Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC, et Nicolas Vaugeois, gestionnaire de portefeuille chez Fiera Capital, lors du déjeuner-conférence organisé par le Conseil Économique de Beauce, ce jeudi 12 décembre.

Les discussions ont beaucoup tourné autour du voisin américain, où Donald Trump fait son retour à la présidence avec une politique similaire à celle de 2017, dans laquelle le Canada devra tenir bon. 

Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2025 ravive les inquiétudes liées à une politique commerciale protectionniste.

 « Dans les prochaines semaines, on s'attend à une annonce du gouvernement canadien pour sécuriser la frontière et rassurer Trump. Pour nous, il n'y aura pas de tarif de 25 % imposé. Cependant, l'incertitude créée par son élection, a diminué nos prévisions pour l'an prochain, car on pense que cette incertitude va réduire un peu la croissance du Canada. L’absence totale de tarifs ? C’est une bonne question. Nous pensons que M. Trump pourra imposer des tarifs sur certains secteurs, comme ce qu'il avait fait sur l'aluminium et l'acier lors de son premier mandat », a exposé Pierre Cléroux. 

« Il n'y a rien de nouveau dans la politique de Donald Trump. On sait à quoi s'attendre et on connaît son agenda protectionniste. L'ennemi reste encore, pour lui, la Chine. (...) Maintenant. quand on regarde les exportations canadiennes vers les États-unis, le tiers de nos exportations provient du pétrole. Donc est-ce qu'il va imposer un 25 % slà-dessus? Probablement pas. On exporte 4 millions de barils par jour, et ils en consomment 19 millions », a complété Nicolas Vaugeois. 

Marché du travail : une pénurie toujours bien présente

Le Québec fait face à une pénurie de main-d’œuvre intensifiée par le vieillissement de la population. « En 2024, 70 000 Québécois ont quitté le marché du travail pour prendre leur retraite. Ce chiffre est trois fois supérieur à celui observé il y a quelques décennies », a expliqué Pierre Cléroux. À l’échelle canadienne, ce sont 350 000 travailleurs qui ont quitté le marché en l'espace d'un an.

« Le marché du travail est très serré. C'est avantageux pour les gens puisque les salaires augmentent plus rapidement et ils se trouvent des emplois. En revanche, c'est plus difficile pour les employeurs. En 2025, la situation continuera d'être semblable. Les entreprises vont donc continuer de faire face à un défi de recrutement, qui sera certainement le plus gros défi des prochaines années », a complété Pierre Cléroux. 

Pour répondre à ces défis, les entreprises devront passer par l'innovation et la technologie. « L’automatisation et l’adoption de technologies deviennent essentielles pour pallier le manque de main-d’œuvre. Cela ne remplace pas tous les emplois, mais cela peut réduire la pression sur certaines tâches », a-t-il ajouté.

Malgré ce contexte économique complexe, l’investissement en technologie reste un levier clé pour les entreprises. Cependant, comme l’a souligné Pierre Cléroux, le Canada accuse un retard inquiétant : « Depuis 2019, la productivité n’a pas augmenté. Nous sommes le seul pays du G7 dans cette situation. Il est crucial de rattraper ce retard, particulièrement dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. »

Les changements climatiques posent également des défis croissants, notamment dans les domaines des assurances. « Les pertes assurées liées aux catastrophes naturelles devraient dépasser 135 milliards $ en 2024. Ce phénomène exerce une pression énorme sur les assureurs et les entreprises, » a rappelé Nicolas Vaugeois.

Les récentes mesures du Gouvernement du Canada pour réduire les seuils d’immigration risquent de renforcer les tensions sur le marché du travail.

Politiques monétaires et inflation sous contrôle

Le taux directeur de la Banque du Canada (BDC), actuellement fixé à 3,25 % (depuis ce mercredi 12 décembre), devrait entamer une baisse graduelle en 2025. Les prévisions indiquent qu’il continuera de baisser et se stabilisera entre 2,5 % et 3 % à la fin de l’année 2025.

« Il y a deux raisons pour lesquelles la Banque du Canada a réduit ses taux. La première est que l'inflation est sous contrôle. (...) Les prévisions indiquent que l'inflation devrait rester à 2 %, ce qui signifie que la BDC n'a pas besoin de maintenir ses taux de façon élevés. La deuxième est que la croissance économique, qui est à 1%, se situe en dessous du potentiel, et donc la réduction des taux d'intérêt est envisageable », a complété Pierre Cléroux.

Prévisions économiques pour 2025

Malgré les défis, les économistes restent relativement optimistes. La croissance du PIB est attendue à 1,2 % au Québec et 1,5 % au Canada (selon la Banque du Canada), marquant une reprise modérée après une période de turbulences post-pandémie. « Nous entrons dans une phase de croissance plus stable, après les montagnes russes des cinq dernières années », a affirmé Pierre Cléroux.

Cependant, des incertitudes demeurent, notamment en raison de la politique commerciale américaine et des défis liés à l’immigration. « La baisse des seuils d’immigration récemment annoncée risque de freiner la croissance économique, tout comme l’incertitude créée par des élections américaines polarisées », a conclu Nicolas Vaugeois.

Si les deux économistes sont d'accord pour annoncer un maintien de l'inflation à 2 %, les avis divergent concernant l'évolution du chômage. Nicolas Vaugeois voit le chômage augmenter au Québec (+0,6%) et au Canada (+0,7%), alors que Pierre Cléroux voit plutôt une baisse avec -1 % au Québec et -0,2 % au Canada.

Avec des taux d’intérêt en baisse, une inflation maîtrisée et une reprise modérée, 2025 s’annonce comme une année charnière pour stabiliser l’économie, bien que des incertitudes subsistent, notamment autour des politiques commerciales américaines et des seuils d’immigration.

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