Rapport de recherche d'Équiterre
Moins de 20 % des Canadiens réparent leurs appareils électroniques brisés
Par La Presse Canadienne
Un peu moins d'un Canadien sur cinq a fait le choix de réparer un appareil électronique ou un électroménager (AEE) ayant subi un bris, révèle une première étude pancanadienne sur l'accès à la réparation, menée par Équiterre.
L'organisme appelle les gouvernements à des mesures financières et législatives pour inciter à la réparation, mais exige aussi des fabricants et consommateurs à prendre leurs responsabilités.
Équiterre a présenté mardi un rapport de recherche se penchant sur les freins et les leviers à la réparation des AEE. Celui-ci contient les résultats d'un sondage réalisé auprès de 2080 personnes au pays en 2021. Il en ressort que le recours à la réparation a diminué par rapport à 2018. À cette époque, la proportion était de 22,7 %, selon l'enquête.
La nouvelle étude d'Équiterre détaille que la majorité des répondants n'ayant pas fait réparer leur AEE n'avait simplement pas pensé à cette possibilité. Ils l'ont soit gardé à la maison, amené dans un centre de récupération spécialisé ou jeté aux poubelles.
Le sondage a également permis d'identifier les principaux obstacles à la réparation chez les consommateurs. Vient en tête la perception que les appareils sont de plus en plus irréparables. Le deuxième facteur pointé du doigt est l'aspect financier: la réparation est considérée comme coûtant plus cher que le prix d’un appareil neuf. Finalement, nombreux ont répondu la difficulté d’avoir accès aux pièces et outils.
Ce dernier constat revient aussi chez la quarantaine de réparateurs interrogés au Québec et en Colombie-Britannique dans le cadre de cette étude. Ils ont aussi identifié comme frein la conception des appareils qui subissent des changements technologiques fréquents et dont certaines composantes se miniaturisent.
La recherche indique également que les appareils connaissent un dysfonctionnement après 2,6 ans d'utilisation en moyenne.
Équiterre demande aux fabricants de concevoir des produits durables et réparables, en donnant accès aux pièces et aux instructions pour remettre sur pied un AEE. L'organisme recommande de prioriser la réparation d’un produit sous garantie au lieu de son remplacement systématique. Il propose aussi d'offrir des forfaits abordables permettant aux consommateurs de débourser au maximum l'équivalent de 30% le prix d'un appareil neuf pour restaurer un AEE.
Pour leur part, les gouvernements devraient appliquer des mesures d'écofiscalité comme la création d'un fonds à la réparation qui servirait à offrir un rabais aux consommateurs au moment de payer une réparation, suggère Équiterre.
Il conseille également au fédéral de définir le droit à la réparation dans la Loi canadienne sur la protection de l’environnement. La loi pourrait interdire la conception et la mise en marché de produits irréparables. Les provinces pourraient, quant à elles, réformer leur loi sur la protection des consommateurs pour encadrer l'accès à la réparation.
La population peut aussi avoir son rôle à jouer. Équiterre croit que le public devrait privilégier l'achat d'AEE usagé et de bien entretenir ses appareils. Il mentionne que la cause du bris est souvent un mauvais ou un manque d’entretien de l’appareil, selon les réparateurs rencontrés au cours de l'étude.
Le retour à un réflexe à la réparation devrait aussi s'imposer chez les consommateurs, soutient l'organisme.
Équiterre souligne que la fabrication de nouveaux appareils entraîne des impacts environnementaux importants, mais que l'allongement de la durée de vie d'un AEE évite l'émission de CO2.
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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.
Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne
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