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Visite guidée de la Bergerie O'viro avec sa jeune propriétaire, Véronique Boucher
À tout juste 24 ans, Véronique Boucher est l’heureuse propriétaire de la Bergerie O’viro où elle s’occupe seule de 200 brebis.
Ses parents et grands-parents étaient eux-mêmes agriculteurs et possédaient des vaches laitières. Ils ont malheureusement dû vendre la ferme, car la mère de Véronique était tombée malade. Mais Véronique ayant toujours grandi dans l'agriculture a décidé de reprendre l’établissement, de le rénover et d’y ouvrir sa propre bergerie.
Véronique a choisi des moutons tandis qu’elle avait toujours connu le fonctionnement d'une ferme laitière. Elle justifie ce choix par plusieurs raisons : « C’est moins coûteux, car les vaches ça prend un quota de production donc c'est très dispendieux tandis que les moutons il n’y en a pas. De plus, les moutons c’est plus petit, plus facile pour une femme seule. »
Qui plus est, la bergère explique qu’en Chaudière-Appalaches il y a de plus en plus de développement dans la production ovine (mouton).
« J’ai rencontré des producteurs de moutons qui m'ont donné la piqûre. »
Elle ouvre donc sa propre bergerie en 2016, à l’âge de 19 ans, après avoir été diplômée en Technologie des productions animales à l'ITE de La Pocatière.
Durant les deux premières années, elle ne faisait que de la production d’agneaux qu’elle vendait à l’encan ou à l’agence de vente d’agneaux lourds de Sainte-Hyacinthe.
C’est seulement deux ans plus tard, en 2018, qu’elle ouvre une boutique sur son terrain pour vendre des produits directement aux clients.
La bergerie
Aujourd’hui, la Bergerie O’viro compte 200 brebis qui produisent entre 450 et 500 agneaux par année, 95 poules pondeuses pour environ 300 poulets de grain par an ainsi qu’une dizaine de bouvillons.
Il y a également quelques cailles, mais un poulailler est en construction pour en accueillir plusieurs centaines d’ici 2021, dans le but de produire plus d’oeufs et de viande.
Outre les produits vendus directement à sa ferme, la bergère se promène également dans les marchés régionaux. On trouve aussi ses aliments au Grand Marché de Saint-Georges.
De plus en plus occupée et toujours passionnée
Véronique Boucher est très souvent seule pour s’occuper de sa ferme, elle a parfois un peu d’aide la fin de semaine. Cependant, elle souhaiterait avoir un employé à temps partiel à partir de l’été prochain, car il devient difficile de gérer la ferme et les différents marchés de saison auxquels elle participe.
Elle fait aussi partie d'un groupement de producteurs où ils s’entraident de temps en temps.
L'élevage de moutons est l’une des productions les moins payantes au Québec. Pendant les cinq à dix premières années, la plupart des producteurs font de cet élevage un second emploi. d'où le nombre peu élevé de personnes qui se lancent dans l'aventure.
« Oui c’est fatiguant, mais j’ai été élevée dans l’agriculture, c’est une passion. Je travaille facilement de 80 à 100 h par semaine. Il y a eu beaucoup de naissances dernièrement, et un pic d'ouvrage arrive bientôt avec le travail du foin. Ce sont des grosses semaines, mais on a pas le choix d’aimer ça! », dit-elle.
Avant l’arrivée de la COVID-19, la fermière travaillait dans un restaurant du village voisin, mais elle avait été mise en arrêt le temps de la pandémie et elle n’y est finalement jamais retournée. En effet, elle a vu ses ventes augmenter intensément, jusqu’à doubler son chiffre d’affaires par rapport à l’an dernier. Elle a donc quitté son poste de serveuse et travaille uniquement à la bergerie.
« J'ai doublé mes ventes de l'année passée en ne faisant rien! L’achat local avec la pandémie a fait que ça a amené beaucoup de nouveaux clients, tout le monde achetait de la viande. Au grand marché il y a eu plus de clients aussi. Je me suis fait connaître principalement par le bouche-à-oreille et je me suis fait vider de la viande ! »
Les moutons
Les moutons sont constamment à l’intérieur depuis deux ans maintenant, car il y a beaucoup de coyotes dans les alentours. La solution serait de les rentrer la nuit, mais c’est trop difficile pour une personne seule, c’est pourquoi Véronique fait dresser un chien de berger qui pourra bientôt l’aider à rentrer ses bêtes.
Cela n’empêche en rien que les animaux de cette bergère soient en excellente santé. En effet, une agronome (nutritionniste) établit des programmes alimentaires pour chaque groupe de brebis, elle ajuste en fonction du foin, des grains et des minéraux qu’ils reçoivent.
Lors de son installation, Véronique Boucher a soigneusement sélectionné les races de ses moutons. Ce sont de ceux qu’on appelle d’une race prolifique, dont les brebis ont deux à quatre agneaux par mise bas et se reproduisent tout au long de l’année. Les béliers sont d’une race qui fait de grosses carcasses pour une meilleure qualité de viande.
Processus de reproduction
Afin d’obtenir une qualité de viande remarquable, la propriétaire de la Bergerie O’viro est attachée au processus de reproduction naturel et sans éléments chimiques.
Une quinzaine de brebis sont parquées avec un bélier pendant plusieurs jours. L’accouplement va ensuite se faire naturellement, soit sans hormones, sans photopériode (jeux de lumière) et sans antibiotiques de préventions. Par la suite, les agneaux ne recevront aucun vaccin et aucun antibiotique non plus. En cas de problème, Véronique privilégie l’utilisation d’argile ou autres processus naturels.
35 jours après avoir sorti le bélier du parc, un vétérinaire vient faire des échographies pour vérifier si les brebis sont gestantes.
La bergerie compte quatre béliers qui interviennent à tour de rôle afin d’avoir des périodes de repos après s’être accouplés avec les brebis.
La période de naissance des agneaux est très intense pour la bergère, car il est très important d’être présent pour eux, sinon ils peuvent mourir.
« Je fais souvent la maman des agneaux, ils boivent beaucoup au biberon. Les femelles n’ont que deux trayons alors quand ils sont quatre agneaux on les supplémente au biberon avec du lait en poudre pour aider. Il y en a alors qui nous considère plus pour leur mère que la brebis qui les a mis au monde. Dans ce cas, il faut les nourrir quatre fois par jour, donc on se développe des trucs, mais c'est beaucoup de travail. »
Dans le tout premier troupeau de brebis qui est arrivé à la Bergerie O'viro, il y en a une qui s'est démarqué du lot. Elle suit la propriétaire partout où elle va et elle est adorable, son nom est Cupcake.
« Elle vient toujours me voir, c'est la seule qui est sociable. Elle je ne pourrais jamais la vendre elle restera toujours ici. », exprime Véronique Boucher, avec le sourire.
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