Tous d’accord pour la nécessité de l’autoroute, mais divisés quant au tracé à adopter, les citoyens, les élus municipaux et entrepreneurs étaient nombreux mardi soir à la salle paroissiale de Saint-Georges pour la reprise de l’audience publique sur le prolongement de l’autoroute 73 entre Beauceville et Saint-Georges. La deuxième partie de l’audience publique vise à entendre l’opinion et les suggestions des citoyens, des organismes et des décideurs de la région. Plusieurs ont répondu à l’appel. Le BAPE a reçu 42 mémoires, qui seront pour la plupart présentés lors des séances qui s’échelonneront jusqu'à jeudi après-midi.

Rappelons que la première partie de l’audience du BAPE (bureau des audiences publiques sur l’environnement) qui s’est tenue les 10, 11 et 12 octobre derniers visait à informer les gens du projet qui consiste à prolonger l’autoroute 73, avec un tronçon à quatre voies, entre la Route du Golf de Beauceville et la 74e Rue à Saint-Georges. Dans cette proposition, trois liens sont prévus pour relier l’autoroute aux différentes municipalités, un avec le parc industriel via la 181e Rue à Beauceville, un à la limite de Beauceville vers Notre-Dame-des-Pins et un à la 74e Rue projetée à Saint-Georges.

Urgence
Pour accroître la sécurité et la fluidité de la circulation, pour le développement économique, pour la compétitivité des entreprises de la région, pour avoir un accès d’urgence lors de catastrophes naturelles, comme il aurait été utile d’avoir lors de l’inondation du 21 octobre dernier ont mentionné plusieurs personnes… La liste est longue. Plusieurs motifs ont fait partie de l’argumentation des premiers mémoires présentés pour justifier l’importance et l’urgence de l’arrivée de l’autoroute jusqu’à Saint-Georges au plus tard en 2010.

Dissidence pour le tracé
Le tracé proposé dans le projet, nommé le tracé Est, est accepté par plusieurs citoyens et élus municipaux. Toutefois, tous ne s’entendent pas. Le tracé Ouest passe plus près du centre urbain et le tracé Est un peu plus loin. La ville de Beauceville juge acceptable le tracé Est à la condition d’y apporter quelques modifications. Des modifications comme le déplacement de la voie de desserte du parc industriel sur le rang Saint-Charles et l’aménagement et la rénovation de ce même rang rendent acceptable le projet, selon le maire Jean-Guy Bolduc.

Le maire de Notre-Dame-des-Pins, Viateur Boucher, a dénoncé le peu d’écoute qu’il a eu concernant ses préoccupations sur le tracé qu’il considère un peu trop près de la zone urbaine, ce qui pourrait nuire au développement de la municipalité. Il était toutefois totalement en accord avec l’urgence de rendre l’autoroute jusqu’à Saint-Georges pour 2010.

Le maire de Saint-Georges, Roger Carette, a précisé dès le début de son intervention qu’il était pour le tracé proposé, soit le tracé Est. Il a mis l’accent sur l’importance d’avoir l’autoroute pour une «question d’équité et de justice» pour les citoyens. Le tronçon de la 74e Rue jusqu’à la Route 204 a également été maintes fois mentionné comme une priorité. Le maire Roger Carette avait cinq requêtes pour le BAPE, à qui il a réitéré sa confiance en leur pouvoir de faire connaître au gouvernement les opinions et commentaires des citoyens. La première requête de Roger Carette est que le BAPE recommande la prise de décision nécessaire à «l’amenée de l’autoroute de la Beauce à la Route 204 comme prévu en 2010». La deuxième consiste à la recommandation de la création d’un échéancier d’urgence pour le segment Beauceville/ Route 204 et troisièmement, que le Ministère confirme les crédits nécessaires à la construction de ce segment dans les délais prévus. La quatrième requête concerne la construction de l’autoroute selon la méthode multipoint, c’est-à-dire une construction qui se fait de plusieurs endroits à la fois. La construction pourrait donc débutée à Saint-Georges au même moment qu’à Beauceville et les deux tronçons se rejoindraient. Pour M. Carette, il s’agit de la seule façon de concrétiser le projet pour 2010. Il demande également que le BAPE recommande au ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs que soit remis le certificat de recevabilité qui permettra d’accélérer l’étape de la section de la 74e Rue à la Route 204 afin de l’inclure au calendrier global.

La députée de Beauce-Sud, Diane Leblanc, s’est également montrée en faveur du tracé Est et a elle aussi souligné l’importance de cet axe autoroutier pour le développement de l’économie régionale. Plusieurs ont mentionné l’aspect hydrique. Diane Leblanc a indiqué que «le tracé Ouest, trop près du centre de Beauceville, rajouterait  un débit d’eau important lors de fortes pluies». Elle a rappelé que le tracé Est offre un «meilleur respect des conditions de drainage et d’écoulement des eaux des cours d’eau».

Tracé Ouest
Certains préfèrent le tracé Ouest, qui passerait plus près de la zone urbaine de Beauceville. Les deux tracés traverseraient des zones agricoles et obligeraient des citoyens à concéder leur terrain. C’est le cas des citoyens du rang Saint-Charles à Beauceville qui ont mandaté Josée Boileau comme porte-parole pour leur mémoire en faveur du tracé Ouest.

Armée des avantages et des inconvénients de chacun des tracés, Josée Boileau est intervenue contre le tracé Est, ce qui est peu étonnant puisqu’elle est l’une des citoyennes qui devrait être délocalisée. Le tracé Ouest permettrait entre autres, selon leur mémoire, l’expansion et la meilleure visibilité du parc industriel le long de l’autoroute, occasionnerait moins de pertes de terres cultivées (0 hectare au lieu de 5,8 pour le tracé Est), minimiserait le nombre d’habitations devant être acquises ou expropriées et affecterait moins de producteurs forestiers (28 au lieu de 36). Les avantages du tracé Est sont moins nombreux dans le mémoire du groupe de citoyens du rang Saint-Charles, mais tout de même considérables. Ce tracé proposé traverserait moins de propriétés (62 au lieu de 90), exigerait moins de déboisement (101,9 hectares au lieu de 138, 9 hectares) et ne provoquerait pas de pertes de superficies dans les érablières (0,2 pour le tracé Ouest).

Autres points soulevés
La preuve n’est plus à faire quant à l’apport du prolongement de l’autoroute 73. Depuis 1990, ce fait est mentionné au sein de divers organismes et entreprises comme étant d’une importance majeure pour le développement économique de la région. La commissaire Claudette Journault a voulu savoir ce que les élus municipaux revendiquaient pour la route 173 qui continuera malgré tout à jouer un rôle crucial pour le transport, pour le lien entre les communautés beauceronnes, pour les commerces en bordure de la route et pour l’économie locale. En général, tous se sont montrés en faveur de travaux pour rendre la route plus sécuritaire et ont mentionné son rôle crucial pour les commerces et les touristes. Le maire Roger Carette est pour la création d’un plan d’action visant la revitalisation de la 173, mais prévient que cela ne doit pas contrevenir aux travaux de la 73 en faisant «oublier l’autoroute». Il a aussi été question de l’échéance des travaux, des coûts prévus, des changements de budget et du tronçon reliant la 74e Rue à la Route 204.

De nombreux commentaires et questionnements ont été soulevés. Cela ne fait que commencer, puisque d’autres mémoires seront présentées le mercredi 8 novembre à 13h30 et à 19h ainsi que le jeudi 9 novembre à 13h30. Pour ceux qui voudraient se faire entendre, le président de la Commission, Louis Deriger, a souligné dès le début de l’audience que les citoyens qui désirent s’exprimer sur le sujet ont une semaine à partir de maintenant pour faire parvenir leur texte au BAPE. Vous trouverez de plus amples informations sur leur site au www.bape.gouv.qc.ca.

Julie Beaudoin
EnBeauce.com