Plus de 1200 emplois perdus dans le secteur manufacturier en 2009

Par Carl Pepin, Collaborateur spécial
Mardi matin, 13 avril, les dirigeants des CLD de Robert-Cliche et de Nouvelle-Beauce, de même que du Conseil Économique de Beauce, Daniel Chaîné, Denys Sylvain et Claude Morin, ont convié la presse au CLD de Robert-Cliche à Saint-Joseph.
Occasion était faite pour dévoiler les données recueillies dans le cadre d'une enquête réalisée au début de l'année 2010 sur l'« état de la production manufacturière de la Beauce en 2009 ». D'emblée, les premiers constats qu'ils font ne sont pas roses. On y apprend que les entreprises de la Beauce ont connu une perte nette de 1258 emplois pour l'année 2009, de même qu'une diminution des ventes hors du Canada de 15 % et une diminution de 21 % de la valeur des investissements manufacturiers.
Preuve que la région entière a été affectée par la grave crise économique en 2009, l'enquête menée auprès de 475 entreprises manufacturières répertoriées dans la Beauce fournit des données non pas dramatiques, mais pour le moins inquiétantes quant à l'état de l'économie locale.
Par exemple, par rapport à l'année 2008, la valeur des investissements dans la MRC de Beauce-Sartigan est passée de 41 803 000 $ à 32 177 000 $. Dans la MRC de Robert-Cliche, 19 554 000 $ ont été investis en 2008 par rapport à une somme de 10 234 000 $ l'année suivante. Par contre, la MRC de la Nouvelle-Beauce s'en sortait un peu mieux, alors que 2008 indiquait des investissements de 32 919 000 $ face aux 35 510 000 $ pour l'année 2009.
Aux dires des enquêteurs, la valeur des produits fabriqués en 2009 dans le secteur manufacturier a quant à elle connu une baisse générale de 5,74 %. La valeur des ventes en dehors du Canada a pour sa part diminué de 15,07 %, passant de 1 129 249 000 $ en 2008 pour finir légèrement sous la barre du milliard en 2009, soit à 981 368 000 $. De leur côté, les ventes en sol canadien (excluant le Québec) ont connu une baisse de 2,81 % pour un total de 683 903 000 $.
Toujours selon l'enquête de 2009, on y apprend que le plus important secteur de vente à l'extérieur de la province demeure le bois. Qu'il s'agisse du bois de sciage, du bois de construction, du bois ouvré ou du meuble. On rapporte que la valeur des ventes dans ce secteur s'est élevée à 382 886 000 $, ce qui représentait 23 % de l'ensemble des ventes de l'économie beauceronne.
Enfin, un dernier constat posé par les commissaires, mais non le moindre, celui de la situation de l'emploi. Comme mentionné, les trois MRC beauceronnes ont connu une baisse de 7,4 % des emplois manufacturiers, passant de 18 253 emplois en 2008 à 16 995 emplois en 2009. Pour donner un autre portrait de la situation, M. Sylvain rappelait qu'il y a dix ans, environ 21 000 emplois étaient enregistrés dans ce secteur, avec un sommet de 22 000 emplois atteint en 2002. M. Sylvain précise par ailleurs que malgré que la Beauce connaisse un faible taux de chômage (autour de 5 %), il n'en demeure pas moins que le marché du travail montre toujours d'importantes fissures en ce début de 2010.
Un autre indicateur qui peut parfois être trompeur est celui du chiffre d'affaires. Bien qu'elles perdent des emplois, des entreprises peuvent enregistrer des profits. Cela dépend d'une série de facteurs internes et externes telles la demande, la modernisation des équipements, la valeur du dollar canadien, etc.
À titre d'exemple, M. Sylvain rappelle que de 1997 à 2002, la Beauce a connu une pleine croissance économique, alors que de 2003 à 2009, on a assisté à une lente décroissance qui a fini par trouver son point de rupture dans le contexte de la crise mondiale. Néanmoins, il précise que le taux de chômage n'est pas nécessairement le meilleur indicateur de la santé économique. Tout dépend de la qualité des emplois, notamment au plan salarial.
Pour sa part, M. Chaîné constate que malgré tout, peu d'entreprises ont disparu en Beauce avec la crise. Selon lui, on sent une reprise pour l'année 2010 et des secteurs qu'on croyait en grandes difficultés, comme celui des textiles, connaissent une vigueur relative par rapport à ce qui se fait ailleurs au Québec.
Quant à M. Morin, il ajoute qu'en dépit du fait que les attentes des industriels sont bonnes en 2010, il sera difficile sur les court et moyen termes de récupérer en totalité les pertes d'emplois de 2009. Bien que l'économie s’améliore, la modernisation des entreprises fait qu'il est plus difficile de trouver une main-d'œuvre qualifiée et que certains équipements nécessitent moins d'ouvriers.
À la lumière de ces quelques résultats, les commissaires font l'analyse d'ensemble suivante. Premièrement, il y a un ensemble de facteurs économiques externes qui demeureront hors du contrôle des entrepreneurs locaux. Parmi ces éléments récurrents, on note la valeur du dollar canadien par rapport à la devise américaine, ou encore les aléas économiques du puissant voisin du sud qui affectent forcément la demande pour les produits manufacturiers beaucerons.
L’année 2008-2009 restera inscrite dans les mémoires selon les enquêteurs. Ils demeurent cependant optimistes, croyant que le pire de la crise est passé et que l'économie se replace à mesure. Ils s'appuient aussi sur des analyses d'ensemble à l'échelle nationale et internationale qui laissent présager une reprise, sans toutefois nier l'importance du génie créateur beauceron lorsqu'il s'agit d'entrepreneuriat.
Bref, la confiance semble au rendez-vous et concrètement, au fil des entrevues qu'ont menées les enquêteurs, ils constatent une « reprise de confiance des entrepreneurs et l'amélioration du carnet de commandes ». Les mots clés pour les entrepreneurs demeurent : 1) productivité; 2) innovation.
Rappelons que les données fournies par MM. Chaîné, Sylvain et Morin sont valides au 31 décembre 2009.
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