Un bilan agricole et agroalimentaire chargé mais positif en 2009
C’est au site enchanteur des Roy de la Pomme de Saint-Jean-de-La-Lande qu’a été présenté hier le bilan agricole et agroalimentaire des saisons 2009 pour la Chaudière-Appalaches. Des représentants de diverses organisations ont rencontré les médias afin de faire la synthèse des activités et des projets porteurs du secteur dans la région.
La dernière année a été particulièrement fertile en matière d’agroenvironnement, de production agricole, de transformation, d’achat local et de circuits courts. Les producteurs agricoles et les transformateurs du territoire veulent développer les produits d’ici.
Le contexte difficile en 2009
Claude Hasty directeur du bureau régional du Centre de services de la Financière agricole à Saint-Georges et à Sainte-Marie a souligné que le contexte climatique a compliqué la tâche des producteurs en l’année 2009. La Financière a versé 23 millions $ en indemnisation au 1er mars 2010. Les valeurs assurées atteignaient 112 M$ soit une hausse de 25 % contrairement à l’an dernier dû à l’assurance récolte en sirop d’érable.
M. Hasty a résumé cette année difficile qui a été caractérisée par un couvert de neige réduit en hiver, un printemps froid et humide ainsi qu’un été pluvieux et sombre, à l’exception de quelques semaines à la fin d’août et au début de septembre. Ces conditions sous la moyenne ont donné lieu à une saison de production très courte, sans récolte hâtive. Notamment, les producteurs ont subi d’importantes pertes dans les grandes cultures (fourrages, maïs, etc.) et dans les productions maraîchères (fraises, bleuets en corymbe, etc.). Le seul point positif a été la récolte acéricole au printemps qui a été l’une des meilleures de la décennie.
Des projets porteurs
En Chaudière-Appalaches, les différents intervenants ont souligné diverses initiatives en matière d’agroenvironnement. Pierre Lemay directeur régional adjoint au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a mentionné notamment que les producteurs agricoles de la région ont reçu quelques 55 000 arbres, distribués au printemps 2009, pour l’aménagement de haies brise-vent et de bandes riveraines.
« Les efforts déployés par les producteurs agricoles, qui bénéficient d’un appui solide de notre ministère, témoignent de l’engagement de tout le secteur agricole pour une agriculture durable. Par le biais du programme Prime-Vert, le Ministère aide les producteurs agricoles à relever les défis que représente l'environnement, la cohabitation harmonieuse et la qualité de l'eau », partage ce dernier.
Par ailleurs, le MAPAQ a reçu 80 demandes de producteurs pour rendre conformes leurs installations de fosses à fumier pour la dernière année du programme. L’an dernier, 29 agriculteurs avaient profité de ce programme.
Le président de la Fédération de l’UPA de la Beauce, Jean-Denis Morin a souligné que l’agroenvironnement a beaucoup évolué au fil de la décennie. Celle-ci tend vers la gestion de l’eau des bassins versants, eau, bandes riveraines, site d’abreuvements contrôlés, les pratiques culturales et la récupération des plastiques d’ensilage. Selon lui, ce programme de revalorisation mis de l’avant par Saint-Georges est appelé à se répandre sur le territoire.
De nouvelles productions végétales (le canola, l’orge, le lin, le panic érigé) sont mises à l’essai et des cultures sous grands tunnels sont implantées. Les productions animales se diversifient d’année en année, laissant émerger les productions ovine (agneau) et caprine (lait de chèvre et chevreau de boucherie). Dans les productions de masse, la génétique des taureaux de la région a été récompensée au Méritas national du Programme d'analyse des troupeaux de boucheries du Québec (PATBQ).
Dans le secteur Les Appalaches et en Beauce, plusieurs projets sont à souligner. En matière de transformation, Exceldor a complété un investissement majeur de 20 M$ à son usine de Saint-Anselme.
L’importance de l’achat local
Jean-Michel Bordron, directeur général de la Table agroalimentaire de Chaudière-Appalaches s’est réjoui de l’implantation de nouveaux circuits qui font la promotion de l’achat local. Par ailleurs, les marchés publics et les routes gourmandes connaissent du succès. « Le nombre de marchés publics est passé de deux, il y a trois ans, à neuf aujourd’hui. En 2009, la Beauce a vu la naissance du Marché public de Sainte-Marie qui s’ajoute au Marché public de Saint-Georges. Du côté de la MRC des Appalaches, Thetford Mines a également un marché public. Le mouvement est en marche », a indiqué le directeur de la TACA. Celui-ci ajoute que les premiers marchés, Lévis et Saint-Georges, après 10 ans sous la tente, ont besoin d’installations fixes.
M. Bordron s’est également réjoui d’une hausse constante des Arrêts gourmands sur le territoire dont l’ajout d’une nouvelle route gourmande en Beauce. D’ici trois semaines, il y en aura près de 125 Arrêts sur le territoire estime, M. Bordron.
Soulignons que les marchés publics, les kiosques de vente à la ferme, les Arrêts gourmands, les Portes ouvertes sur les fermes du Québec de même que les boutiques spécialisées et les épiceries sont divers moyens pour stimuler l’achat local. Les initiatives locales font la promotion de l’achat local telle que la campagne d’achat de paniers de Noël lancé l’hiver dernier à Saint-Georges.
« Ce sont des débouchés intéressants pour les producteurs. Cela devra mieux se planifier à l’avenir parce qu’il y a des marchés importants. Au lieu de la traditionnelle bouteille de vin, pourquoi ne pas acheter un alcool d’ici ou du fromage par exemple? Il faut changer cette dynamique-là. C’est la même chose pour les campagnes de financement dans les écoles. Il n’y a pas que le chocolat et les oranges. Ça commence à changer, on vend des boîtes de fromages. Il faut accentuer sur ce que nous avons et les gens sont intéressés à ces produits-là », commente M. Morin.
L’achat local permet de créer de l’emploi, de contribuer à l’économie de la région. « Ces microréalisations apportent quelque chose de solide et durable », poursuit M. Bordron.
Les consommateurs ont donc tout intérêt à stimuler l’économie régionale en achetant des produits d’ici. Ils doivent cependant les demander aux grands marchés afin qu’ils se retrouvent sur les tablettes. « Notre plus grand défi est de développer le réflexe du consommateur de demander des produits régionaux. Si nous réussissons, bingo… », explique le président de la Fédération de l’UPA.
Rappelons que moins de 50 % des produits en épicerie est produit au Québec. Ce genre de pratique permettrait à ces derniers de remporter des parts de marché de 3 %.
Un plan pour nourrir et enrichir la Chaudière-Appalaches
Un nouveau Plan de développement du secteur agroalimentaire (PDAR), les acteurs de la filière porteront une attention particulière à un meilleur maillage entre les entrepreneurs (producteurs, transformateurs et détaillants) et les consommateurs. Les MRC se joindront aussi à la mise en œuvre de ce plan. Selon M. Bordron, évoque qu’il s’agit d’une prise de conscience sur l’importance économique de la filière sur la région. Le 29 janvier dernier, les bases du PDAR ont été jetées, avec une intention ferme des partenaires de « nourrir et enrichir la Chaudière-Appalaches ».
Accéder au marché, innover, se bagarrer pour les coûts de production, l’efficacité et la compétitivité ainsi que mettre l’accent sur la recherche collective de solutions constitue ses bases. En résumé, ce plan se doit de renforcer l’alliance avec le consommateur, améliorer l’efficacité des entreprises et tirer profit de toutes les niches tant agroalimentaire que forestière.
La Conférence régionale des élus (CRÉ) de la Chaudière-Appalaches, dans le cadre du Plan stratégique agricole et agroalimentaire (PSAA) 2005-2010, avait soutenu l’initiative des intervenants du secteur agricole et agroalimentaire grâce à la signature d’une entente spécifique de développement de la filière régionale.
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