L’ampleur de la dette du Québec inquiète
Michel Doucet, GPC, vice-président de direction, Groupe conseil en portefeuilles, Valeurs mobilières Desjardins, soutient que la reprise sera lente, voire léthargique et ressemblera à celle des années 1990. Au-delà de cette reprise, des défis économiques importants se pointent au Québec avec sa dette grandissante. « C’est un sujet de l’heure qui malheureusement ne fait pas grincer suffisamment de dents », critique l'expert.
En effet, M. Doucet s’est montré très inquiet à la suite du rapport du vérificateur général du Québec, Renaud Lachance. Son rapport démontre que la dette de notre province s’élève à 218,6 milliards soit 72,3 % du produit intérieur brut de la province. Celle du Canada se situe à 77 %, ce qui est très loin du Japon à 220 % de son propre PIB. « Quand on se compare, on se console, sauf qu’on a une population vieillissante surtout au Québec. Il va y avoir des choix difficiles au cours des prochaines années qui devront être prises », pense M. Doucet.
La pyramide d’âge sera inversée dès 2012 présentant un défi démographique ayant des répercussions énormes sur le système actuel. « Entre 2012 et 2020, on va se retrouver avec plus de retraités que de travailleurs. Comment cela va fonctionner chaque année si j’ouvre la porte du ministère des Finances, j’ai un déficit structurel de 4 G$ », se demande ce dernier.
Dans la dernière année, la dette a fait un bond de 9,3 milliards $ pour atteindre 218,6 milliards au 31 mars 2009. Le bilan est rouge à de nombreux endroits dont au Fonds de stabilisation des revenus agricoles qui présente une dette de 865 millions $. Le jeune Fonds de l'assurance parentale est quant à lui déficitaire de 284 millions $. Celui de la CSST est gargantuesque et se situe à 3,5 milliards $. À la SAAQ, ce n’est guère mieux puisqu’il atteint 2,6 milliards $. Cela est sans compter des emprunts de 219 millions $ pour les garderies à 7 $.
Pour l’État, il sera impossible de penser au Fonds des générations établi pour éponger les dettes du Québec. Son enveloppe a fondu de 400 M$ pour atteindre 1,5 G$. Bref, la situation n’est guère reluisante surtout si le déficit de la dernière année financière se situe aux alentours de 6 G$...
Soulignons que M. Doucet était le conférencier dans le cadre du déjeuner-conférence thématique du Conseil économique de Beauce (CEB). Ce déjeuner portant sur «Les perspectives économiques mondiales, quoi retenir et quoi savoir! » a été organisé en collaboration avec le Centre financier aux entreprises et les Caisses Desjardins du secteur de Chaudière-Sud. Plus de 150 personnes étaient présentes lors de l’événement.
Une reprise modeste à prévoir
Tout comme la série d’économistes, la présentation de M. Doucet sur les perspectives économiques sont similaires à ses homologues d'autres institutions financières. En plus de brosser le portrait des marchés financiers en 2010 avec comme toile de fond économique et financière nord-américaine, le conférencier s’est permis de donner quelques stratégies d’investissement pour les entrepreneurs.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis 18 mois, la situation économique a été difficile pour certains notamment aux États-Unis, mais la reprise économique est en cours. Il s’attend une croissance d’environ 2,5 % au cours de la prochaine année. « Ce sera une reprise modeste, mais au moins elle est là », souligne ce dernier.
Lors de sa conférence, M. Doucet s’est aussi aventuré dans les prévisions et s’attend à ce que le dollar canadien soit à la parité pour encore plusieurs mois. « Ceux qui rêvent de le revoir à 70 ¢, oubliez cela. Travaillez déjà avec un dollar au-dessus de la parité. Il devrait rester là de 12 à 24 mois », indique M. Doucet.
Avec ce dollar élevé, certaines entreprises en profitent pour investir massivement dans la machinerie et les équipements afin d’augmenter la productivité et pallier le manque de main-d’œuvre spécialisée. Cependant, le conférencier met en garde les entrepreneurs, de ne pas se laisser tenter par les taux d’intérêt variables qui devraient grimper graduellement. Par ailleurs, il s’attend également à une légère augmentation des taux directeurs de la Banque du Canada dès la fin de 2010. De sorte que d’ici près de deux ans, la structure des taux d’intérêt devrait bondir d’au moins à 1,5 à 2 %.
M. Doucet a également souligné que les investisseurs et entrepreneurs doivent tirer une leçon de la dernière crise économique soit de privilégier les grands partenaires financiers au détriment des autres sources d’investissement.
Prochaine activité
Le CEB tiendra son prochain déjeuner thématique le 18 mars prochain alors que Jacques Daoust d’Investissement Québec sera l’invité. L’événement se déroulera au centre des congrès le Georgesville dès 7 h 30.
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