L’UPA sonne la charge à nouveau
Au cours des deux dernières années, les rapports Pronovost et St-Pierre mettraient en péril les entreprises agricoles des régions avance le président de l’UPA, Jean-Denis Morin. Lundi dernier à Notre-Dame-des-Pins, les producteurs de la Beauce ont dévoilé l’un des quatre grands panneaux publicitaires pour sensibiliser la population et surtout les décideurs: Pas de nourriture sans agriculture.
La Fédération de l’UPA de la Beauce a mobilisé ses producteurs pour produire ses grands panneaux publicitaires de 10 pieds par 20 pieds qui ont été aménagés par les producteurs sur leur terrain. « On voulait mobiliser les producteurs, sensibiliser la population et surtout donner un signal clair au ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard. Si le gouvernement persiste dans cette voie-là, ils vont trouver les producteurs agricoles sur leur chemin », indique M. Morin.
L’agriculture est un pilier de l’économie et surtout des régions. Cela génère un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 1,2 G$ par année en Chaudière-Appalaches, dont 550 M$ en Beauce. Ces rapports mettent donc en danger la sécurité du revenu des entreprises agricoles des régions. « Les agriculteurs qui vont écoper sont ceux des régions. Il y a certaines productions plus visées que d’autres soient les productions d’agneaux et de moutons, porcine et bovine. Nos éléments de sécurité de revenu seront mis en cause par le rapport St-Pierre. Dans certains cas, le gouvernement aimerait bien les faire disparaître. Ce qui est étonnant, c’est que l’on vient de les créer avec le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire. On cherche des solutions pour l’occuper, alors que le territoire se vide par des politiques agricoles inadéquates. Si on veut une agriculture viable, on a besoin d’outils de sécurité du revenu », relance M. Morin.
Toute la chaîne d’approvisionnement risque d’être touchée selon le président de l’UPA, soit les meuneries et les marchés d’alimentations et autres commerces liés à l’agriculture.
Un manque de vision
Pour Paul Doyon, producteur agricole de Saint-Joseph, le gouvernement manque totalement de vision avec des politiques agricoles ne collant pas à la réalité. Toujours selon lui, les fonctionnaires consultent trop souvent les grands intellectuels plutôt que le vrai monde et ils n’ont aucune idée de quel impact auront leurs décisions sur les régions. « La population est quand même sensible à cela, ce sont nos décideurs qui ne le sont pas. Ils se consultent entre eux autres, et ce n’est pas représentatif », pense M. Doyon.
Avoir sa juste part
Le président de l’UPA de la Beauce déplore aussi que toutes les autres entreprises (transformateurs et distributeurs) en amont de l’agriculture aient leur part de bénéfices au détriment des producteurs agricoles. « Les seuls qui écopent, ce sont les producteurs agricoles. C’est ce qu’on aimerait changer dans le système. Pour que chacun trouve sa part. On réclame une nouvelle politique agricole et cela ne coûterait pas si cher que cela », indique M. Morin.
Si l’on applique les recommandations du rapport St-Pierre, M. Morin clame que le Québec n’aura pas d’autres choix que de se nourrir aux prix, aux conditions et aux choix d’ailleurs. Pour que le Québec nourrisse en grande partie la province, de nouvelles politiques sont nécessaires.
En même temps, le président de l’UPA a rappelé que la réciprocité en termes d’importation de produits agricoles serait bénéfique. Les normes exigeantes pour assurer la salubrité et la qualité des produits au Québec est de loin supérieures à la majorité des pays exportateurs, ce qui diffère sur le prix. Selon lui, le gouvernement devrait aider les entreprises agricoles à être plus rentables et productives, mais la réciprocité règlerait une bonne partie des problèmes de revenus des agriculteurs. « On aimerait que les produits d’ailleurs aient les mêmes normes, on serait beaucoup plus compétitif », pense M. Morin.
Un budget stagnant
Lors du point de presse, les producteurs agricoles déploraient que, malgré les nombreuses crises sur le marché, le budget sur l’agriculture ait stagné au fil des ans. « Le budget du Québec n’a pas évolué au cours des 25 dernières années. La majorité des autres ministères ont eu l’indexation… », déplore le président de l’UPA.
Le gouvernement a mis en place des mesures exceptionnelles pour minimiser les impacts de la crise financière sur l’économie alors que l’agriculture en crise, n’a pas reçu un sou de plus lors de crise du passé. La Financière agricole a dû faire des déficits qu’elle devra éventuellement rembourser.
M. Morin a aussi démenti les commentaires de Michel St-Pierre contenus dans son rapport. Celui-ci soulignait que le gouvernement supporte énormément l’agriculture au Québec. Il n’en est nullement le cas si l’on compare avec les voisins du Sud. « Au Québec, ce sont 88 $ par habitant qu’on consacre à l’agriculture, aux États-Unis, c’est plus de 300 $ », lance M. Morin.
Si l’UPA ne se fait pas entendre convenablement auprès des futures rondes de négociation avec le gouvernement, d’autres actions seront prises en considération. « Nous n’irons pas à l’encontre de la population nous voulons leur appui », rassure M. Morin.
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