Une pénurie discrète de personnel soignant dans les Forces armées canadiennes
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — La pénurie de personnel de la santé ne frappe pas uniquement les cliniques et les hôpitaux, mais aussi les Forces armées canadiennes. Sur les 439 postes des domaines médical et dentaire militaires au Québec, environ 150 sont actuellement vacants.
Cela s'explique notamment par le fait que le bassin de main-d'œuvre est le même qu'ailleurs dans le réseau de la santé, au privé comme au public.
«De nombreux postes que nos unités attendaient patiemment viennent d’être approuvés, a précisé dans un courriel Alicia Gagnon, porte-parole des Forces armées canadiennes (FAC). Outre cette considération, il y a aussi la question des entrepreneurs qui occupent certains postes vacants jusqu’à ce qu’ils puissent être pourvus de manière appropriée.»
Le lieutenant-colonel Alain Miclette, médecin-chef régional Force Opérationnelle Interarmée (Est) a expliqué que les Forces armées favorisent un concept d'approche multidisciplinaire et la polyvalence du personnel médical.
«La santé est une vocation, a-t-il souligné dans une entrevue avec La Presse Canadienne réalisée en octobre. On a des populations qui vieillissent au pays, donc la demande de fournisseurs de soins, autant au niveau des infirmières auxiliaires, paramédics, pharmaciens, techniciens en laboratoire augmente de plus en plus et c’est le même bassin dans lequel on recrute.»
Dr Miclette estime qu'il y a grosso modo 3000 travailleurs de la santé au sein des Forces armées pour s'occuper des soins de 60 000 personnes de la force régulière ainsi que 25 000 réservistes à travers le pays. «C'est comme une ville éparpillée», illustre-t-il.
«On n’a pas tout le personnel pour remplir toutes nos positions militaires permettant de donner les soins selon les barèmes de soins qui ont été établis. Ceci étant dit, quand on a une position militaire qui ne peut pas être remplie, il y a un contractant qui aide à recruter des médecins, des infirmières, des cliniciens, des membres du personnel santé pour des contrats temporaires pour combler les positions vides afin que la continuité des soins puisse avoir lieu», explique le médecin-chef.
Pas toujours sur le champ de bataille
Il existe 19 professions des services de santé au sein des FAC. Les membres du personnel soignant ont certaines aptitudes et formations qui ne sont pas exigées dans le réseau de la santé des provinces et territoires.
Par exemple, tous les prestataires de soins militaires doivent être capables «de tirer, de se déplacer, de communiquer et de survivre dans l’environnement dans lequel ils dispensent des soins». Ils doivent aussi savoir travailler avec des équipements de protection tels qu'un masque à gaz pour se protéger contre les agents de guerre chimique. En soins intensifs, le personnel doit avoir des aptitudes pour manipuler des victimes d'explosions ou d'agents de guerre chimique.
Mais le quotidien des travailleurs de la santé ne se passe généralement pas dans un environnement hostile. Les membres des FAC reçoivent des soins comparables à ceux qui sont fournis aux civils, quoique certains soins sont adaptés à leur rôle militaire.
«Une des grosses différences entre ce que la population pense et ce qui se passe dans la réalité, c’est qu’on n’est pas dans une routine de guerre en permanence», a fait valoir Dr Miclette.
Il a indiqué que la majorité du personnel de la santé travaille en garnison dans des bases militaires du Canada, ce qui ressemble à de grosses cliniques médicales.
Les plus grosses bases ont des services intégrés à la clinique, comme des services de radiologie et de laboratoire. «Le gros de la partie clinique des soins en garnison c’est comme une clinique de médecine familiale. C’est voir les petits bobos de tous les jours, les maladies chroniques et tout ça», résume Dr Miclette.
«Notre modèle est basé pour être un peu autonome et indépendant pour ne pas avoir à faire pression sur le système public, mais on doit quand même pour certains services faire affaire avec le système public étant donné qu’avoir des machines à résonance magnétique dans toutes les bases canadiennes ça serait extrêmement dispendieux et on n’en utiliserait pas beaucoup par rapport au besoin qu’on a», explique Dr Miclette.
Un des rôles méconnus des équipes médicales des FAC est leur participation aux efforts de lutte contre des épidémies. Par exemple à la fin de 2014 et en 2015, des membres des Forces armées ont prêté main forte pour lutter contre l'épidémie d'Ebola en Sierra Leone, un pays d'Afrique de l'Ouest.
Dr Miclette a aussi parlé des inondations au Honduras, un tsunami aux Philippines, des tremblements de terre en Turquie et au Népal, pour ne nommer que ceux-là. «On a une équipe canadienne d’intervention en cas de désastre qui a comme mandat de répondre à des crises humanitaires lorsque ça se produit. [...] Ce sont des gens qui sont entraînés à partir à court préavis pour aller soutenir les populations locales», dit-il.
Des militaires sont présentement déployés aux quatre coins du globe, surtout pour de la surveillance, du soutien indirect et de la formation.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne