Une lettre au ministre réclame une stratégie pour une alimentation durable
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Une quarantaine de personnalités des milieux académique, environnemental, de la santé, de la nutrition et des arts réclament la mise en place d’une stratégie pour favoriser «des tendances alimentaires plus durables» au Québec.
Dans une lettre ouverte envoyée au ministre de l’Environnement, les cosignataires demandent à Benoit Charette des mesures pour favoriser la consommation d’aliments végétaux; ils réclament l’affichage du bilan environnemental des aliments ainsi que des règles pour réduire le gaspillage alimentaire.
Diminuer la consommation de viande
Il faudrait remplacer 50 % des produits animaux consommés par des aliments végétaux «pour avoir une assiette qui assure une planète habitable», a expliqué l’écosociologue Laure Warridel, signataire de la lettre, en faisant référence aux conclusions d’une étude de la Commission EAT-Lancet.
En 2019, la commission qui a réuni 37 scientifiques de renom a conçu un régime alimentaire qui permettrait de limiter les changements climatiques tout en promouvant la santé humaine.
Selon ces scientifiques, pour nourrir 10 milliards d’humains en 2050 sans détruire les écosystèmes, il faudrait transformer radicalement le système alimentaire mondial.
Plus spécifiquement, «la consommation mondiale de fruits, légumes, noix et légumineuses devra doubler et la consommation d’aliments tels que la viande rouge et le sucre devra être réduite de plus de 50 %» dans les régions nord-américaines.
Santé Canada reconnaît également qu’il est nécessaire d’entamer un virage vers les aliments végétaux, comme en témoigne le dernier guide alimentaire.
«Manger local est bénéfique à bien des égards, mais comme plus de 80 % des émissions liées à notre alimentation relèvent de la phase de production, il faut favoriser des habitudes à la fois plus locales et plus végétales», a précisé Laure Waridel en entrevue avec La Presse Canadienne.
Au deuxième rang des GES des familles
Les données le plus récente de l’Institut de la statistique du Québec montrent que lorsque l’on considère les émissions liées aux produits de consommation, l’alimentation arrive au deuxième rang du bilan des GES des ménages québécois, avec 21 %, derrière les combustibles fossiles.
Les signataires de la lettre demandent aux gouvernements de montrer l’exemple, notamment en augmentant l’offre d’aliments végétaux dans les cafétérias d’écoles, d’universités, d’hôpitaux.
Dans sa lettre ouverte, ils donnent l’exemple de la Ville de New York qui a instauré dans ses hôpitaux des mets végétaliens «par défaut» tout en laissant le libre choix aux patients et aux clients, qui peuvent toujours demander une option de repas à base de viande.
«Plus de la moitié a conservé l’option végétale, et 95 % disent en avoir été satisfaits», alors «voilà un changement simple d’application qui permet aussi des économies, car les protéines végétales coûtent moins cher — un atout à ne pas négliger dans un contexte d’augmentation du coût de la vie», font valoir les signataires.
L’affichage du bilan environnemental des aliments
Le auteurs de la lettre réclament aussi l’affichage du bilan environnemental des aliments en épicerie, dans les cafétérias des écoles, des universités et des hôpitaux pour que le citoyens connaissent l’impact des produits qu’ils consomment.
Concernant le gaspillage alimentaire, «il y a quand même un travail qui est fait de la part du gouvernement avec RECYC-QUÉBEC, mais il y a encore des choses à faire sur le plan législatif», a indiqué Laure Waridel.
Le Québec pourrait ainsi, selon elle, s’inspirer de la France, qui a légiféré pour «forcer les épiceries à donner leurs invendus aux banques alimentaires» et «à composter ce qui n’est plus consommable».
En outre, les signataires déplorent que «le Plan pour une économie verte 2030 reste muet sur notre consommation de viande et de produits laitiers».
Pour appuyer leur démarche, un nouveau groupe, appelé Transition AlimenTerre Québec, a été créé.
L’organisation s’est donné la mission «d’accélérer la transition juste et équitable vers un système agroalimentaire durable au Québec».
Stéphane Blais, La Presse Canadienne