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Une étude brosse un portrait complet des changements occasionnés par la grossesse

durée 11h25
21 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Une nouvelle étude brosse un portrait sans précédent des changements que subit le corps de la femme pendant et après la grossesse, et révèle notamment des impacts à long terme sur des organes comme le foie et les reins.

Les données de cette étude proviennent de 76 tests de laboratoire réalisés pendant plus de 300 000 grossesses, ce qui représente un total de quelque 44 millions de mesures. Chaque test a été évalué chaque semaine, de 20 semaines avant la conception à 80 semaines après l'accouchement.

Ces 76 tests témoignaient entre autres de l'impact de la grossesse sur le foie, les reins, le sang, les muscles, les os et le système immunitaire.

«Il y a beaucoup moins de suivi puis d'attention qui est portée à la période post-partum pour la femme», a commenté la docteure Anne-Maude Morency, qui est obstétricienne-gynécologue au Centre universitaire de santé McGill.

«À ce moment-là, les nouveau-nés ont leur suivi et tout ça, mais c'est comme si on oublie la femme. Chaque symptôme qu'elle a, on essaie de la rassurer, on essaie d'évaluer, on dit c'est normal, ça prend du temps revenir à la normale.»

Environ la moitié des tests mettent de trois mois à un an à revenir à leurs niveaux pré-grossesse, ce qui met en lumière l'impact physiologique de la grossesse, écrivent les auteurs israéliens.

«Cette étude fournit une ressource pour comprendre la grossesse et la période post-partum et démontre comment elle peut être utilisée pour comprendre les mécanismes de la physiologie des systèmes», disent-ils.

L'étude montre qu'il faut plus qu'un «quatrième trimestre» pour que le corps de la femme se rétablisse. On constate plutôt une «lente récupération» de 10 à 50 semaines pour 31 des 76 tests.

Des marqueurs associés au foie et au système immunitaire, par exemple, ont pris cinq mois à se remettre, et des marqueurs associés au foie ont mis six mois. Quelques autres marqueurs ne se sont jamais rétablis, même plus d'un an après la grossesse.

«Ce n'est pas parce qu'on a accouché que tout revient à la normale, a dit la docteure Morency. On ne sait pas non plus si ces changements sont dus à la grossesse ou au fait que la femme a changé des comportements pendant qu'elle est enceinte, par exemple en cessant de fumer.»

On le constate d'ailleurs d'un point de vue clinique, a-t-elle ajouté: les femmes ont besoin de bien plus que deux ou trois semaines, ou même six semaines, pour «retrouver leurs corps normal» après l'accouchement.

Les auteurs ont constaté que «le retour des tests à la ligne de base» pendant la période post-partum se produit «selon une trajectoire qui diffère de la trajectoire de changement pendant la grossesse».

Les chercheurs israéliens ont aussi vu que les femmes qui ont souffert de prééclampsie présentaient, avant la grossesse, des niveaux élevés de fragments de cellules sanguines appelées plaquettes et d'une protéine appelée ALT, comparativement aux femmes qui n'ont pas développé ce problème. Cela pourrait éventuellement permettre d'identifier les femmes les plus à risque de prééclampsie et donc de leur offrir le suivi nécessaire.

«D'un point de vue biochimique, d'être capable de cibler des femmes qui n'avaient peut-être pas de facteurs de risque, si on est capable de faire des interventions en préconception, ça serait idéal pour pouvoir prévenir les complications», a ajouté la docteure Morency.

L'adaptation post-partum est un processus physiologique distinct et non pas simplement l'inverse de la dynamique de la grossesse, précisent les auteurs.

Certains tests montrent une différence importante entre leur valeur avant la grossesse et leur valeur même à 80 semaines post-partum. Ces différences comprennent, par exemple, une quantité plus élevée de marqueurs associés à l'inflammation. Les différences pourraient entraîner des changements comportementaux post-partum et/ou des effets physiologiques durables de la grossesse, disent les chercheurs.

«Nous espérons que le présent ensemble de données permettra de mieux comprendre la biologie de la grossesse et du post-partum et inspirera des études similaires sur d'autres processus physiologiques cruciaux qui se déroulent au fil du temps», concluent les auteurs.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue Science Advances.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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