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Une circonscription déterminante pour l'orientation des conservateurs au N.-B.

durée 12h33
5 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

FREDERICTON — Une circonscription du sud-ouest du Nouveau-Brunswick, qui a été pendant des décennies un bastion des progressistes-conservateurs, s'annonce comme un baromètre qui pourrait offrir une fenêtre sur l'avenir du Parti progressiste-conservateur, et peut-être de la province.

Les progressistes-conservateurs ont choisi de nommer Faytene Grasseschi, une militante et animatrice d'une station de télévision chrétienne, dans la circonscription de Hampton-Fundy-St. Martins. Les libéraux, quant à eux, ont nommé un ancien conservateur.

John Herron, un député progressiste-conservateur qui a siégé deux fois au Parlement, a accepté de se joindre aux libéraux en raison de la menace que représente, selon lui, son adversaire. Sa candidature reflète le schisme qui règne au sein des progressistes-conservateurs, dont plusieurs ont choisi de ne pas participer à cette élection en raison de la direction que prendrait le parti sous la direction du chef conservateur Blaine Higgs, qui brigue un troisième mandat.

«En réalité, il n'y a que deux candidats qui pourraient remporter ce siège», a soutenu M. Herron, lors d'une rencontre organisée dans la circonscription plus tôt cette semaine par la chambre de commerce locale.

Il n'a pas mâché ses mots : «Le nôtre et cette version des conservateurs, dont la candidature se situe en dehors des limites de cette circonscription, et qui représente une politique marginale extrême qui va au-delà des traditions modérées de la province».

Mme Grasseschi a déclaré à la foule qu'elle avait décidé de s'impliquer dans la politique provinciale l'été dernier, lors de la controverse qui a éclaté lorsque le gouvernement de M. Higgs a forcé les enseignants à obtenir le consentement des parents avant de pouvoir utiliser le prénom et les pronoms préférés des élèves trans et non binaires de moins de 16 ans. Le changement a déclenché un tollé dans tout le pays, y compris de la part du premier ministre Justin Trudeau.

Mais M. Higgs a persisté, affirmant que les parents doivent être informés si leurs enfants remettent en question leur identité de genre.

Mme Grasseschi a affirmé que son désir de se présenter aux élections est né après avoir «été témoin de l'agression d'une personne âgée», faisant référence au premier ministre du Nouveau-Brunswick, âgé de 70 ans.

«Il a été attaqué par les médias libéraux parce qu'il a pris position pour les parents, pour la simple position selon laquelle il ne faut pas cacher des choses aux parents aimants lorsqu'il s'agit de leurs mineurs à l'école.»

Un «test» pour l'orientation du Parti progressiste-conservateur

De nombreux conservateurs ne sont pas d'accord avec M. Higgs et Mme Grasseschi. Douze membres des progressistes-conservateurs élus en 2020 ont choisi de ne pas se représenter, certains citant la direction que M. Higgs était en train de donner au parti. Le chef conservateur a également fait face à une mutinerie de présidents d'associations de circonscription mécontents qui ont essayé en vain de le destituer de son poste de chef.

M. Higgs a fait valoir que l'arrivée de Mme Grasseschi avait attiré «beaucoup de nouveaux membres au parti» et qu'il ne craignait pas que ses convictions puissent aliéner les personnes socialement progressistes. «Nous avons une population très diversifiée et elle devient de plus en plus diversifiée. Et nous devons respecter les droits, les libertés et les croyances individuels de chaque individu.»

J.P. Lewis, professeur de sciences politiques à l'Université du Nouveau-Brunswick, à Saint-Jean, a déclaré que si les progressistes-conservateurs et Mme Grasseschi gagnaient, ce serait le «test le plus clair» de l'orientation du parti.

«Cela pourrait être un signe que les membres du parti, ou le caucus éventuel, se déplacent vers un autre endroit.»

M. Lewis a affirmé que la circonscription est également intéressante en raison de la forte visibilité de Mme Grasseschi sur les médias sociaux. Elle est une figure bien connue dans les cercles conservateurs chrétiens et est l'autrice de plusieurs livres.

Dans l'un de ses livres, «Marked», publié en 2009 sous son nom de jeune fille, Kryskow, elle a écrit que Dieu lui parlait et a décrit le mariage homosexuel comme une menace pour le mariage traditionnel - suggérant même qu'il pourrait conduire à ce que l'homme puisse épouser un chien.

Mme Grasseschi, a indiqué M. Lewis, est «devenue le visage du déplacement de M. Higgs vers la droite». «Parce qu'elle est plus connue, en raison de son audience sur YouTube et de choses comme ça, et parce que la course à l'investiture a réellement fait l'objet d'une couverture médiatique, ce que beaucoup ne font pas… Je pense que, pour toutes ces raisons, (cette circonscription) est importante», a-t-il expliqué.

Une façon d'évaluer si les électeurs sont satisfaits du choix de Mme Grasseschi est le nombre de personnes qui se présentent pour choisir la candidate de M. Higgs, a dit M. Lewis. En 2020, les progressistes-conservateurs ont obtenu 4351 voix, soit 61 %; les libéraux ont obtenu 1084 voix, soit 15 %; et les verts ont obtenu 816 voix, soit 11 %.

Kent McNeilly, un résident de la circonscription qui a assisté à la rencontre, a déclaré que les résultats de l'élection dans la circonscription pourraient indiquer si la politique dans la province se déplace davantage vers la droite.

«Dans cette circonscription, on disait autrefois… au niveau fédéral et provincial, on peut mettre un manteau bleu sur un chien, et il gagnerait. Il est très rare que nous ne devenions pas bleus», a-t-il raconté, en faisant référence aux conservateurs. «Mais il y a de fortes chances que nous ne devenions pas bleus cette fois-ci.»

La candidate du Parti vert Laura Myers a déclaré que le fait que d'anciens conservateurs se présentent sous des billets libéraux en dit plus sur l'orientation du Parti progressiste-conservateur que sur toute autre chose.

Un certain nombre de personnes sont désenchantées par le gouvernement libéral fédéral, et ce mécontentement s'est répercuté sur la politique provinciale, a noté Mme Myers. Toutefois, elle a également dit que des gens lui ont affirmé qu'ils n'étaient pas satisfaits des conservateurs en place.

Mme Myers a affirmé qu'elle vivait dans la circonscription depuis 34 ans et que, habituellement, les candidats verts ne s'attendaient pas à gagner. «Et maintenant, je veux dire, je dirais que tout a changé. Je pense que les verts ont un certain élan, et pas seulement dans cette circonscription.»

Hina Alam, La Presse Canadienne

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