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Un voyage en brise-glace sur Saint-Laurent fait espérer le secteur des croisières

durée 11h00
18 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un navire de croisière brise-glace a mis les voiles vendredi pour un voyage glacial qui amènera des passagers le long du fleuve Saint-Laurent, un nouveau circuit qui, selon les responsables du tourisme, marquera le début d'une nouvelle ère de croisières hivernales dans la province.

La société française Ponant, propriétaire du navire, affirme qu'il s'agira du premier navire de croisière international à s'aventurer sur le fleuve Saint-Laurent en hiver. Avec une capacité allant jusqu'à 245 passagers et 215 membres d'équipage, le Commandant Charcot a déjà navigué vers l'Antarctique, mais, cet hiver, il entame son premier voyage sur la voie navigable du Québec.

«Maintenant, le rêve devient réalité», a confié René Trépanier, directeur général de Croisières du Saint-Laurent, une association qui vise à développer le secteur des croisières de la province.

Environ 150 personnes, principalement originaires de pays francophones d'Europe, du Royaume-Uni et des États-Unis, ont quitté vendredi Saint-Pierre-Miquelon, territoire français au large de Terre-Neuve. La première escale est Cap-aux-Meules, dans l'archipel des Îles-de-la-Madeleine, dimanche.

Faisant valoir l'occasion de découvrir l'hiver canadien, le voyage comprend des randonnées en raquettes dans le parc national du Forillon, en Gaspésie, de la pêche sur glace et de la motoneige à La Baie, dans la région du Saguenay, ainsi que du patin à glace dans le Vieux-Québec. M. Trépanier a ajouté que les touristes découvriront également la culture traditionnelle mi'kmaq et innue dans le cadre des excursions.

Le Commandant Charcot embarquera pour quatre autres croisières jusqu'en mars, la dernière de la saison empruntant un itinéraire différent, faisant plusieurs escales au Groenland avant d'accoster en Islande.

«Nous sommes vraiment en train de créer une saison de croisières hivernales dans le Saint-Laurent», a expliqué M. Trépanier lors d'une entrevue jeudi, ajoutant que l'association est en pourparlers pour attirer d'autres opérateurs de croisières dans la région, dont Montréal.

Un secteur de croisières hivernales développé, a surenchéri M. Trépanier, stimulerait l'économie de chacun des endroits où les navires accostent, en particulier pour les entreprises qui proposent des activités allant du traîneau à chiens à la raquette. De telles activités, a-t-il dit, ont impliqué «une petite armée de fournisseurs différents dans chacun des ports».

La Compagnie du Ponant, qui n'a pas répondu à une demande de commentaires, décrit Le Commandant Charcot comme le «seul brise-glace de luxe propulsé au gaz naturel liquéfié».

Dans un effort pour réduire son empreinte environnementale, le navire voguera en utilisant l'énergie des batteries dans des zones plus sensibles sur le plan environnemental, a souligné René Trépanier. La majeure partie de la glace du fleuve Saint-Laurent, a-t-il ajouté, a déjà été dégagée par les navires de transport commercial.

Cependant, les groupes environnementaux dénoncent depuis longtemps la pollution et les émissions de gaz à effet de serre causées par le secteur des navires de croisière. Un rapport de 2022 de Transport & Environment, un groupe qui milite pour des transports et une énergie propres en Europe, a révélé que les paquebots de croisière produisent en moyenne plus de dioxyde de carbone par an que tout autre type de navire en raison de la climatisation, des piscines chauffées et d'autres équipements hôteliers à bord.

Anthony Côté-Leduc, porte-parole du groupe de défense de l'environnement Équiterre, a déclaré vendredi que, même s'il se réjouissait de l'engagement des entreprises à adopter des pratiques plus écologiques, les gains technologiques en matière de réduction des impacts environnementaux seraient annulés si le secteur des croisières prenait de l'expansion.

«Je trouve assez fascinant de voir le secteur nous dire qu'elle veut nous faire vivre l'hiver canadien et québécois… alors qu'il est probablement l'un des secteurs les plus dommageables au chapitre climatique, ce qui met déjà en danger nos hivers», a-t-il fait remarquer.

Le Commandant Charcot doit accoster mardi en Gaspésie, puis naviguer vers le nord jusqu'à Sept-Îles, dans la région de la Côte-Nord, avant de se diriger vers le sud-ouest jusqu'à La Baie, dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, jeudi. À la fin du mois, le navire atteindra Québec, sa destination.

— Avec des archives de l'Associated Press

Joe Bongiorno, La Presse Canadienne

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