Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Un meilleur traitement est réclamé pour les pompiers forestiers, au métier ingrat

durée 14h46
23 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — En mai dernier, Jenny Saulnier était seule avec son chien dans sa maison de Nouvelle-Écosse, pendant que son fils et son mari jouaient au hockey. En consultant les réseaux sociaux, elle a vu qu'un incendie s'était déclaré à une dizaine de kilomètres de chez elle. Mais elle ne s'est pas inquiétée.

«J'étais en sécurité là où j'étais. Je n'avais aucune raison de craindre que ça se transforme en feu de forêt, encore moins en un incendie de forêt de grande ampleur», a-t-elle raconté aux journalistes à Ottawa, mercredi matin.

Mais soudainement, elle a dû courir pour sauver sa peau, avant d'être arrêtée au cœur d'un embouteillage monstre par un opérateur du 911 qui lui a dit qu'elle pourrait devoir partir à pied si les flammes se rapprochaient un peu trop de son véhicule.

«Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse m'a laissé tomber ce jour-là. Leur manque de préparation aux situations d'urgence est quelque chose que je n'oublierai jamais», a-t-elle déclaré mercredi, se rappelant comment les biens de sa famille avaient été réduits en cendres ce jour-là, à l'exception de la médaille de hockey de son fils, qui a été récupérée plus tard.

«Le changement climatique est là et il alimente les feux de forêt qui menacent nos maisons, nos familles et notre avenir. Si nous n’agissons pas, ce genre de dévastation se reproduira encore et encore», a-t-elle déploré.

Mme Saulnier et un groupe formé de pompiers et d'Autochtones demandent au gouvernement fédéral de mieux soutenir les sapeurs qui luttent contre les feux de forêt au pays. Ils préviennent que, si rien n’est fait, de plus en plus de ces pompiers quitteront le «ce métier ingrat et mal payé», à mesure que les saisons des feux de forêt s'étirent et s'aggravent.

Harold Larson, ancien pompier à Vancouver et vétéran de la lutte contre les feux de forêt, souligne que travailler pour lutter contre ces incendies est épuisant, et que les avantages pour inciter les gens à y revenir année après année sont peu nombreux.

«Ils livrent une bataille de plus en plus difficile pour nous protéger, a-t-il rappelé mercredi. Ce travail est épuisant, sale et physiquement éprouvant. Alors que la plupart des Canadiens profitent de leurs vacances d’été, les pompiers ratent des anniversaires, des fêtes et des moments précieux avec des êtres chers.»

M. Larson a rappelé que les pompiers forestiers sont traités comme des travailleurs saisonniers, avec un salaire peu élevé et une mauvaise conciliation travail-famille.

Mieux outiller les pompiers

Leur groupe, dirigé par la plateforme «My Climate Plan», rencontrera des ministres et des députés de l'opposition à Ottawa pour exposer leurs priorités et leur présenter une pétition signée par quelque 6500 personnes.

Le ministre fédéral de l'Environnement, Steven Guilbeault, qu'ils doivent rencontrer, n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.

Ils veulent que le gouvernement fédéral fournisse aux pompiers de l'équipement, plus de formation et de meilleurs salaires. Mais ils veulent aussi que le gouvernement se tourne vers des sources d'énergie propres afin de lutter contre le changement climatique, qui provoque des saisons d'incendies intenses.

Les incendies de forêt de cet été ont forcé l'évacuation de dizaines de milliers de personnes à travers le pays, notamment à Jasper, en Alberta, où le feu a détruit une partie de cette pittoresque ville des Rocheuses.

«Les incendies de forêt s'intensifient, causant des milliards de dollars de dégâts et menaçant les communautés, les écosystèmes et la santé publique», a déclaré Adam Lynes-Ford, cofondateur de «My Climate Plan».

«Nos pompiers sont épuisés, ils ont besoin d'au moins deux fois plus de ressources. Ils risquent tout pour nous protéger; nous devons maintenant les soutenir.»

Et pour les communautés autochtones, qui sont déjà touchées de manière disproportionnée par les changements climatiques, le gouvernement fédéral doit soutenir les solutions qu’elles ont créées et celles qui sont en place depuis des milliers d’années, a soutenu Rosalie Yazzie, membre de la nation Syilx Okanagan, en Colombie-Britannique, et évacuée en 2023 en raison des incendies.

On parle notamment de brûlages contrôlés pour gérer les forêts et d'une collaboration accrue entre les communautés autochtones et allochtones dans les interventions d’urgence et la gestion des incendies.

«Du point de vue des Syilx, les changements climatiques menacent l’élément vital de notre territoire, a déclaré Mme Yazzie. Le réchauffement des eaux met en danger notre saumon sacré, dont le retour est vital pour notre peuple, tandis que les feux de forêt de plus en plus destructeurs dévastent la terre qui soutient tous les êtres vivants.

«La santé de la terre, de l’eau et du saumon est interconnectée avec notre survie culturelle, et nous devons agir afin de protéger ces relations pour les générations futures.»

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne