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Un coup de feu tiré dans la maison d'un acheteur de homards en Nouvelle-Écosse

durée 17h57
26 novembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

HALIFAX — Un acheteur de homards de Meteghan, en Nouvelle-Écosse, souhaite que la police renforce ses mesures et que la communauté s’efforce de lutter contre le crime organisé après qu’une balle a été tirée dans sa maison, samedi soir.

Geoffrey Jobert, propriétaire de l’entreprise familiale Lobster Hub Inc., a indiqué mardi qu’il croyait que l’attaque était le dernier exemple d’intimidation contre certains acheteurs et transformateurs par des criminels organisés ayant des liens avec l’achat illégal de homards dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.

L’homme de 30 ans a mentionné qu’il n’avait rien entendu d’inhabituel samedi soir, mais qu’il avait trouvé dimanche matin des dégâts causés par une balle dans sa maison, notamment un trou dans un canapé du salon où lui et sa petite amie s’assoient parfois pour discuter.

«Je prends autant de précautions que possible pour ma sécurité parce que (…) je ne veux pas mourir à cause d’une entreprise de homards, mais je ne veux pas non plus abandonner toute ma vie parce qu’il y a des voyous dans la communauté», a déclaré M. Jobert.

«Je pense qu’il faut faire appel à des agents spécialisés de la Gendarmerie royale du Canada (GRC)», a-t-il ajouté.

Le propriétaire de l'entreprise avait commencé à recevoir des menaces après avoir commencé à acheter du homard la saison dernière auprès de pêcheurs commerciaux agréés qui n'étaient plus disposés à fournir leurs prises à des installations qui achetaient prétendument du homard pêché illégalement.

«La police est un peu plus réactive, mais j'aimerais que la situation soit prise plus au sérieux (...) Je me demande ce qu'il faudra pour que le gouvernement intervienne et prenne la situation plus au sérieux. Est-ce qu'il faudra que quelqu'un soit tué ?», a-t-il demandé, faisant référence à une série d'incendies criminels et de cas de coups de feu tirés dans des maisons.

La peur règne dans la communauté, selon M. Jobert, mais il aimerait voir davantage de personnes communiquer des informations sur les différentes attaques. «Si nous nous unissions, nous serions plus forts», a-t-il affirmé.

La GRC a reçu un rapport de coups de feu tirés dans la région de Meteghan et enquête sur le sujet, a-t-elle fait savoir dans une déclaration publiée dimanche.

Au cours des deux dernières années, il y a eu une augmentation des agressions, de la violence armée et des incendies criminels à Meteghan, y compris l'incendie d'une voiture de police de la GRC plus tôt cette année, selon des statistiques sur la criminalité fournies par la GRC. Dix cas d'incendie criminel ont eu lieu en 2022 et neuf en 2023, soit plus du double des chiffres observés en 2018 et 2019.

Le surintendant Jason Popik, agent de police du district de la GRC dans la région du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, a souligné lors d'une récente entrevue qu'«il y avait du crime organisé à Meteghan» et qu'il essayait d'augmenter le nombre d'agents dans la ville.

La GRC compte actuellement sept employés, mais le sergent Jeff LeBlanc, commandant du détachement de Meteghan, a déclaré dans une entrevue, mardi, que la GRC peut faire appel à des spécialistes des détachements voisins lorsqu'une expertise spéciale et des méthodes d'identification médico-légale sont nécessaires.

M. LeBlanc ne pouvait toutefois pas confirmer si le crime organisé était impliqué dans l'affaire de Geoffrey Jobert, car l'enquête en est à ses «débuts», mais il a qualifié le dernier incident de très préoccupant.

«Nous avons eu ces fusillades dans des maisons dans un passé récent. Je pense que c'est la quatrième au cours des sept derniers mois. Nous avons eu de nombreuses menaces, agressions et incendies criminels sur lesquels nous enquêtons concernant ce groupe du crime organisé, et nous n'avons pas cessé nos efforts pour essayer de consolider les accusations criminelles contre ces individus», a-t-il avancé.

Des pêcheurs font pression

Ruth Inniss, conseillère en pêches auprès de l'Union des pêcheurs des Maritimes, a fait savoir dans une entrevue que son groupe avait fait pression pour une application plus stricte de la loi lors de réunions avec le ministre fédéral de la Justice et le ministère provincial des Pêches, qui peut imposer des amendes pour l'achat de homard illégal.

«Ils ont indiqué qu'ils avaient déployé plus d'agents sur le terrain et qu'ils effectuaient un travail d'enquête plus approfondi. Mais de toute évidence, cela ne fonctionne pas», a indiqué Mme Inniss.

Le groupe de pêcheurs côtiers a envoyé un flux constant de lettres demandant aux autorités gouvernementales de trouver des moyens de mettre fin à la pêche illégale et aux crimes qui y sont liés, a-t-elle mentionné. «Cela ne se produirait pas si le gouvernement fédéral faisait son travail et si le poisson ne sortait pas de l’eau illégalement», a-t-elle précisé.

Colin Sproul, président de l’Unified Fisheries Conservation Alliance, a soutenu par courriel que son groupe, qui défend les pêcheurs commerciaux, est de plus en plus alarmé par l’inaction du gouvernement. Le groupe a récemment intenté une action en justice de 10 millions $ contre des entreprises du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse qui, selon lui, achètent du homard illégal.

«Nous sommes scandalisés par la violence persistante liée à la pêche illégale dans la région de la baie Sainte-Marie, a-t-il affirmé. Les gouvernements et les organismes chargés de l’application de la loi continuent de rester les bras croisés pendant que notre pêche et nos communautés sombrent dans le chaos.»

Michael Tutton, La Presse Canadienne