Un appareil d'oxygénation assisté par l'IA est prometteur en inhalothérapie
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Un nouvel appareil utilisé en inhalothérapie, qui est assisté par l’intelligence artificielle (IA), est présentement testé dans des hôpitaux du Québec et il pourrait être déployé à plus grande échelle éventuellement. Il ajuste automatiquement l'apport en oxygène des patients, ce qui réduit les risques de sous-oxygénation.
Des millions de patients reçoivent de l’oxygène chaque jour, que ce soit à l’hôpital ou à domicile. L'appareil qui se nomme «Free O2» utilise l'intelligence artificielle pour ajuster chaque seconde le débit d'oxygène selon les besoins de la personne.
Cet outil a été développé à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec - Université Laval (IUCPQ). Il a été homologué par Santé Canada en 2019.
À l'Hôpital Général du Lakeshore, à Montréal, les tests de l'appareil qui ont été effectués sur l'unité de soins intensifs sont prometteurs. L'appareil a permis de faire passer la durée moyenne d’hospitalisation des patients de 40 heures à 11 heures.
Aux soins intensifs, les infirmières et inhalothérapeutes voient les patients toutes les heures alors qu'aux autres étages cette période peut être plus espacée. «Malgré une surveillance accrue, on avait un gain au niveau des patients qui voyaient leur durée de séjour réduite de façon substantielle», souligne Kevin McElreavy, chef des activités respiratoires de l’Hôpital Général du Lakeshore.
Le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal continue d'intégrer la machine «Free O2» dans d'autres établissements. En janvier, l'Hôpital LaSalle s'est doté de cette technologie.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux a fait savoir que trois autres sites font office de projets pilotes pour cet appareil, soit le CHUM, le CISSS Montérégie-Centre et le CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Le but est que les établissements de santé réussissent à faire la démonstration de la valeur de la technologie avant de l’introduire à plus large échelle, a spécifié le ministère dans une réponse écrite à La Presse Canadienne.
Méthode traditionnelle désuète
«Free O2» vise à remplacer le débitmètre à bille, une technologie inventée il y a plus d'un siècle qui requiert une surveillance importante du personnel.
«Donner de l'oxygène à nos patients malades, c'est quelque chose qu'on fait depuis plus de 100 ans, mais la façon de le faire n'a à peu près pas changé. C'est-à-dire que c'était fait de façon manuelle, on branchait l'oxygénation via un cylindre ou un système canalisé directement vers le patient avec un ajustement qui se faisait par un thérapeute», a détaillé M. McElreavy.
Au lieu d'ajuster la quantité d'oxygène donnée au patient de façon manuelle, le nouvel appareil mesure en continu la saturation en oxygène du patient et l'ajuste. Cela limite le risque de complications liées à l’hypoxémie (faible taux d'oxygène) et l’hyperoxie (excès d'oxygène). Le nombre de patients sous-oxygéné est passé de 17,2 % à 2,5 %, selon les tests du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.
M. McElreavy précise que lorsqu'une détresse respiratoire survient, le personnel va se mobiliser et apporter les soins au patient de façon adéquate, évitant la possibilité d'un décès. Cependant, il estime qu'il ne faut pas négliger la détresse que vit le patient lorsque ce dernier n'arrive pas à bien respirer.
L'appareil d'oxygénothérapie assisté par l'intelligence artificielle est par ailleurs un atout dans le contexte actuel de pénurie d'inhalothérapeutes et d'infirmières. «Si le professionnel a 30 patients à s'occuper, il ne peut pas les voir tous en même temps, il doit les voir un après l'autre. Nécessairement, entre maintenant et 1h, il y a fort a parié que les besoins en oxygénation du patient auront changé», affirme M. McElreavy.
Considérant que les tests à son hôpital ont été faits aux soins intensifs où il y a une surveillance accrue des infirmières et des inhalothérapeutes, M. McElreavy croit que les avantages de l'appareil ont un plus grand potentiel aux urgences ou aux autres étages où il y a moins de surveillance médicale.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne