Trump a été un signal d'alarme pour la diversification au Canada, dit Stephen Harper

OTTAWA — L'ancien premier ministre Stephen Harper a déclaré lundi qu'il exhortait Ottawa à trouver de nouveaux partenaires commerciaux hors des États-Unis.

«Je pense qu'il est juste de dire que je suis probablement le premier ministre le plus pro-américain de l'histoire du Canada», a lancé M. Harper aux législateurs canadiens et américains réunis à Saskatoon pour la réunion annuelle de la Conférence législative du Midwest.

«Nous devons trouver une solution à court terme avec l'administration Trump. Mais c'est un véritable signal d'alarme pour que ce pays diversifie véritablement ses marchés d'exportation.

«Ce n'est pas parce que nous avons cette proximité géographique que nous sommes si dépendants d'un marché unique.»

L'ancien premier ministre a confié avoir été contacté par le gouvernement il y a deux semaines pour obtenir des conseils sur la politique commerciale américaine.

La Presse Canadienne a demandé au cabinet du premier ministre Mark Carney s'il avait sollicité l'avis de M. Harper, mais n'a pas encore reçu de réponse.

Ce dernier est d'avis que le Canada ne devrait plus dépendre de Washington pour sa sécurité.

«Bien que la frontière soit une responsabilité partagée, assurons-nous de dépenser beaucoup plus pour la défense afin que nous puissions être responsables de nos propres territoires, mers et cieux, indépendamment des États-Unis», a suggéré M. Harper.

Il a ajouté que quiconque, il y a un an, lui aurait demandé conseil en matière de commerce aurait été invité à approfondir ses liens économiques et sécuritaires avec le voisin du sud du Canada.

«Cependant, lorsque le gouvernement m'a sollicité il y a quelques semaines, mon conseil était tout autre», a-t-il expliqué.

M. Harper a souligné que, même si Washington applique une politique économique inefficace consistant à favoriser la croissance au moyen de droits de douane, les États-Unis ont toujours besoin de partenaires commerciaux.

«Nous ne pouvons tout simplement pas nous retrouver dans une situation où nous pourrions être menacés de cette manière sans disposer de ce levier», a-t-il déclaré.

«Le gouvernement actuel, vous savez, s'en sort mieux que ses prédécesseurs.»

Il espère que les Américains reconnaîtront qu'ils ne peuvent pas tenir leurs alliés internationaux et leurs partenaires commerciaux pour acquis.

«J'espère sincèrement que les États-Unis en prendront conscience», a-t-il déclaré à l'assemblée des législateurs américains.

«Les Canadiens sont à la fois en colère et perplexes face à ce qui se passe ici. Et c'est bien réel. Et c'est très profond, et cela touche tout le pays et tous les horizons politiques.»

M. Harper a également affirmé que la Chine compromet le commerce mondial en recourant aux mécanismes de l'Organisation mondiale du commerce. Il a ajouté que le bloc commercial de la ceinture du Pacifique, créé par l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, permet au Canada de commercer avec d'autres pays qui respectent les règles mondiales.

Il a également révélé avoir confié à des responsables américains, lorsqu'il était premier ministre, qu'une réponse militaire serait nécessaire pour empêcher l'Iran de se doter de la bombe nucléaire.

«Je dis depuis au moins 15 ans que la plus grande menace de guerre nucléaire était que l'Iran se dote un jour de l'arme nucléaire, a-t-il soutenu. Et j'ai dit confidentiellement aux administrations américaines pendant des années que j'en concluais que le seul moyen d'y mettre fin serait une intervention militaire.»

— Avec les informations de Jeremy Simes à Saskatoon.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne