Rozon confirme qu'il a porté plainte au lendemain d'une altercation à son procès


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Gilbert Rozon a confirmé vendredi matin qu'il avait porté plainte à la police au lendemain d'une altercation explosive survenue à son procès au civil.
L'ex-magnat de l'humour, qui est poursuivi par neuf femmes alléguant avoir été agressées sexuellement, a été invectivé jeudi par la comédienne Danie Frenette, l’une des plaignantes, au moment de la pause.
Par la suite, une fois sorti de la salle d’audience, le conjoint de Mme Frenette et père de Salomé Corbo, Stefano Corbo, aurait d’abord tiré l’oreille de M. Rozon pour ensuite l’agripper à la gorge et lui proférer des menaces.
À son arrivée au palais de justice, vendredi, Gilbert Rozon a confirmé qu'il avait porté plainte contre M. Corbo, ce qui pourrait mener éventuellement à des accusations déposées par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
Lors d'une courte mêlée de presse avec les journalistes, il s'est désolé du contexte qui règne depuis qu'il fait l'objet d'allégations d'inconduite sexuelle.
«Depuis huit ans, on intimide mes avocats, on a intimidé mes témoins; il y en a la moitié qui sont pas venus avant, pendant et après», a-t-il déploré.
«Et là on en vient à de la violence physique, je comprends pas. On est simplement dans un procès civil.»
Il dit avoir porté plainte pour «faire son devoir de citoyen».
Des allégations niées en bloc
Avant l'altercation avec Mme Frenette et M. Corbo, Gilbert Rozon avait nié en bloc l’ensemble des allégations de la comédienne, qui allègue avoir été violée à deux reprises, une première fois chez lui à l’occasion d’une fête à la fin de l’édition 1988 du Festival Juste pour rire. Mme Frenette avait été embauchée pour s’occuper du volet des arts de rue de l’événement.
Selon elle, il l’aurait emmenée dans un secteur boisé de sa propriété pour la coucher par terre avant de la violer une première fois. Gilbert Rozon a qualifié de «complètement invraisemblable» la possibilité qu’il ait commis de tels gestes devant des invités, ajoutant qu’«il n’y a jamais eu de boisé sur mon terrain» et qu’il n’avait même aucun souvenir de l’avoir vue à cette soirée.
Il a également nié le deuxième viol allégué, événement pour lequel Mme Frenette affirme qu’il s’est présenté chez elle en pleine nuit, la sommant de lui ouvrir la porte. «Je ne suis jamais allé chez elle», a-t-il affirmé. «Je n’ai jamais eu de relation sexuelle avec elle», a-t-il déclaré en réponse à l’audition d’un enregistrement où elle affirmait avoir eu, plus tard, des relations consensuelles avec Gilbert Rozon.
Un long processus judiciaire
Gilbert Rozon est poursuivi pour environ 14 millions $ au civil par neuf femmes qui lui reprochent de les avoir agressées sexuellement. La poursuite intentée par Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Anne-Marie Charrette, Annick Charrette, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Mary Sicari et Martine Roy fait suite à une demande, en 2017, d’autorisation d’action collective contre l’homme d’affaires par un groupe de femmes surnommé Les Courageuses. D’abord accueillie en première instance en 2018, Gilbert Rozon a obtenu que cette demande soit rejetée par la Cour d’appel en 2020.
Parallèlement, 14 femmes avaient porté plainte à la police, mais le Directeur des poursuites criminelles et pénales n’avait retenu que celle d’Annick Charrette. Gilbert Rozon a été acquitté en 2020 sur la base du doute raisonnable.
Patricia Tulasne, qui agissait comme porte-parole des Courageuses, a été la première à déposer une poursuite civile contre M. Rozon en avril 2021. Les huit autres femmes ont suivi et l’ensemble des poursuites ont été regroupées pour mener au procès qui s’est ouvert en décembre dernier et qui a été interrompu à maintes reprises en raison de débats sur des questions de droit.
La Presse Canadienne