Rester ministre durant la course: avis divergents chez les libéraux
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Des élus libéraux ont des avis divergents quant à savoir si leurs collègues actuellement ministres devraient se retirer de leurs fonctions advenant qu'ils se portent candidats pour succéder à Justin Trudeau comme chef du Parti libéral du Canada (PLC).
«Ce n’est pas à moi de décider cela, mais c’est mon opinion que, si quelqu’un concentre son temps à devenir chef du parti, ce qui est très important, il ne devrait pas rester membre du cabinet», a déclaré mercredi le ministre de l'Immigration, Marc Miller, à son arrivée à la première réunion du caucus national qui suivait la démission de M. Trudeau.
Son point de vue est partagé par le député terre-neuvien Ken McDonald, le premier député libéral qui avait remis en question ouvertement le leadership du premier ministre.
L'Ontarien James Maloney, qui annonce d'ores et déjà qu'il se rangerait derrière une candidature de l'ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland, a renchéri en affirmant que de se retirer de ses fonctions de ministre le temps d'une course à la direction est «la coutume».
Tous ne sont pas du même avis. Le lieutenant politique de Justin Trudeau pour le Québec, Jean-Yves Duclos, juge pour sa part que «ce n'est pas nécessairement une obligation (...) surtout si ce sont des candidats qui occupent présentement des postes importants au cabinet qui vont devoir jouer un rôle important dans le contexte de l’arrivée de M. Trump au pouvoir».
Et puis, il y a les indécis. Le député manitobain Ben Carr estime que cela devrait dépendre du nombre de ministres qui pourraient décider de présenter leur candidature.
«Si nous parlons de quelques ministres, je pense que c'est gérable en termes d'impact que cela pourrait avoir sur le fonctionnement du gouvernement, a-t-il dit. Si nous parlons de dix, alors nous devons évidemment avoir une conversation différente.»
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, est l'une des candidates pressenties à la direction du parti. Questionnée mercredi à savoir si elle se retirerait le temps de la course, Mme Joly a indiqué que cela fait partie de sa réflexion. Elle a cependant refusé de s'avancer, si bien qu'à la troisième relance elle a signalé clairement qu'elle continuerait son mutisme. «Je n'ai pas répondu à cette question-là», a-t-elle envoyé.
Le ministre de l'Emploi, Steven MacKinnon, qui évalue également l'idée de se porter candidat, n'était pas beaucoup plus loquace. «Je serais évidemment prêt à le faire si telle était la décision qui était prise», a-t-il dit.
L'exécutif du PLC devra trancher la question. Il se réunit à huis clos cette semaine pour organiser et établir les règles de la course provoquée par la démission de M. Trudeau lundi. Et les libéraux savent que le temps presse: la prorogation du Parlement prend fin le 24 mars, et le gouvernement minoritaire libéral pourrait tomber dans les jours qui suivent.
Les ministres François-Philippe Champagne (Industrie) et Jonathan Wilkinson (Ressources naturelles) ont clairement fait savoir dans les dernières heures qu'ils envisagent une candidature. Leur collègue Karina Gould (leader du gouvernement à la Chambre), qui siège également à la table du cabinet, est aussi en réflexion, a signalé son entourage à La Presse Canadienne.
Outre Mme Freeland, qui a claqué la porte du conseil des ministres en décembre, les autres noms qui circulent pour une candidature sont ceux de l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney et de l’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark.
- Avec des informations d'Émilie Bergeron
Michel Saba, La Presse Canadienne