Première canadienne à Montréal: l'ARN messager pour combattre le cancer du poumon
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Des patients du Centre universitaire de santé McGill sont les premiers au Canada, et parmi les premiers au monde, à tester l'efficacité d'une technologie basée sur l'ARN messager pour combattre la forme la plus courante de cancer du poumon.
Ces essais cliniques randomisés s'adressent plus spécifiquement aux patients qui ont reçu un diagnostic de cancer du poumon non à petites cellules de stade II ou III et qui ont subi une intervention chirurgicale.
«Les cancers de stade II ou III sont guérissables, mais il y a souvent des micrométastases (qui nous échappent), a expliqué le docteur Jonathan Spicer, du CUSM. Pour 75 % et plus de ces patients-là, il y a des cellules qui vont se loger dans le cerveau, dans les os, dans les glandes surrénales et ailleurs, et la majorité (des patients) vont faire une récidive.»
C'est pour cela, a-t-il ajouté, «qu'on essaie de rajouter d'autres traitements qui vont s'attaquer à ces micrométastases», d'autant plus que les progrès réalisés au chapitre du dépistage du cancer du poumon permettent d'identifier de plus en plus de patients dont la maladie en est à ces stades.
«On ne veut pas surtraiter les patients qui vont guérir, mais on essaie de prévenir (un retour du cancer) chez les patients à haut risque», a précisé le docteur Spicer.
Tous les patients qui participent à ces essais cliniques sont traités par chimiothérapie et par immunothérapie soit avant, soit après l'intervention chirurgicale pour retirer leur tumeur.
Après la chirurgie, la tumeur est analysée en laboratoire pour identifier ses particularités génétiques et les protéines qui en dérivent (appelées néoantigènes). Cela permet de développer un ARNm avec des séquences spécifiques à ces néoantigènes qui est ensuite injecté au patient.
Cette stratégie s'inscrit dans le cadre de la «médecine de précision» ou de la «médecine personnalisée», qui voit des traitements être développés sur mesure pour un patient en fonction de ses caractéristiques génétiques et/ou de celles de sa maladie.
L'immunothérapie, a expliqué le docteur Spicer, aide le système immunitaire à repérer et à détruire les cellules cancéreuses résiduelles qui peuvent se cacher dans l'organisme après la chirurgie et les autres traitements. La réponse n'est toutefois pas parfaite. Les chercheurs espèrent que la nouvelle thérapie individualisée propulsera le système immunitaire vers de nouveaux sommets d'efficacité.
«On rajoute un vaccin à l'immunothérapie des patients, a-t-il expliqué. Ça permet d'activer le système immunitaire pour qu'il puisse reconnaître (les néoantigènes). On espère que ça va réduire les récidives, augmenter les taux de survie et ainsi de suite.»
L'ARN messager est entré dans le jargon populaire pendant la pandémie de COVID-19, quand la technologie a mené au développement de vaccins contre le SRAS-CoV-2.
Les essais cliniques qui sont aujourd'hui réalisés au CUSM sont directement tributaires des progrès fulgurants réalisés pendant la crise sanitaire mondiale, a confié le docteur Spicer, puisque cela a mené au développement de vaccins anticancer qui ont déjà montré leur efficacité face au mélanome.
On espère maintenant qu'il en sera de même face au cancer du poumon.
«Il n'y a aucun doute qu'on a beaucoup appris au sujet de ces technologies-là (pendant la pandémie), a-t-il expliqué. Et maintenant, on les applique non seulement aux maladies infectieuses, mais à des maladies comme le cancer, et on a déjà des évidences préliminaires que ça peut fonctionner. Et si ça peut fonctionner dans le contexte du cancer du poumon, ce serait un progrès énorme face à un cancer qui est très fréquent et qui tue encore beaucoup de gens.»
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne