Postes Canada fera face à une bataille difficile après la grève
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — La semaine dernière, Justin Trudeau a dit à haute voix ce que beaucoup se demandaient alors que la grève des postes en était à sa quatrième semaine.
«Cela met en danger la viabilité à long terme de Postes Canada en tant que service sur lequel les Canadiens comptent», a affirmé le premier ministre.
S’adressant aux journalistes à Halifax le 9 décembre, M. Trudeau a prévenu que le pays pourrait «traverser la période des fêtes et que tout le monde trouverait des alternatives» au service postal national.
En fait, la grève a peut-être repoussé certains clients pour de bon, laissant la société d’État à court d’argent dans une situation encore pire et forçant un changement important de stratégie.
L’arrêt de travail d’un mois, qui doit prendre fin mardi à la suite d’une directive ministérielle et de la décision du Conseil canadien des relations industrielles, a entraîné l’arrêt de l’expédition quotidienne de millions d’articles.
Il a incité des dizaines de milliers de petites entreprises et de particuliers à se tourner vers des transporteurs privés pour la livraison de leurs colis.
De nombreuses entreprises reviendront probablement à Postes Canada en raison de ses tarifs d’expédition peu élevés, mais d’autres qui trouvent des solutions de rechange efficaces dans les services de messagerie régionaux pourraient ne jamais revenir, a observé Ian Lee, professeur associé à la Sprott School of Business de l’Université Carleton.
«Ces entreprises de livraison de colis verront cela comme une occasion de gagner de nouveaux clients. Elles pourraient réduire un peu leurs prix pour essayer d’être un peu plus compétitives», a-t-il déclaré, citant des transporteurs allant de FedEx et UPS aux nouveaux coursiers à vélo électrique.
Une utilisation en baisse
«Postes Canada va perdre des clients», a avancé M. Lee.
C’est déjà le cas. Selon le rapport annuel de l’année dernière, la part de marché du service postal dans le domaine des colis a chuté à 29 %, contre 62 % avant la pandémie de COVID-19, alors qu’Amazon et d’autres concurrents ont profité de la demande croissante de livraisons à domicile le jour suivant.
Alors que le marché de la livraison de colis a explosé ces dernières années, les expéditions de Postes Canada ont diminué — de près d’un quart depuis 2020 pour atteindre 296 millions de colis en 2023.
La demande de courrier postal pourrait également reculer. L’année dernière, le ménage moyen recevait deux lettres par semaine, contre sept par semaine en 2006.
Selon M. Lee, la fermeture des services postaux ne fera que précipiter la migration vers l’internet, qui dure depuis des décennies, pour l’envoi de cartes de Noël, de chèques et de factures.
«Cela va accélérer la numérisation de tout. Les entreprises diront : “Eh bien, je ne veux pas me retrouver coincée comme ça à nouveau”, a-t-il indiqué. Postes Canada perdra plus de clients.»
Retour au travail
Néanmoins, le courrier est sur le point de recommencer à circuler mardi après que le ministre du Travail, Steven MacKinnon, a demandé au Conseil canadien des relations industrielles d’ordonner aux employés de retourner au travail si le tribunal déterminait qu’un accord n’était pas possible d’ici la fin de l’année. Le ministre a partagé sur la plateforme X lundi que le conseil avait déclaré une impasse et donc une reprise des opérations.
Entre-temps, M. MacKinnon a annoncé qu’il nommerait une commission d’enquête sur les relations de travail pour examiner les «questions structurelles du conflit» et formuler des recommandations d’ici le 15 mai sur la façon de parvenir à une nouvelle entente.
Il a affirmé que l’enquête aura une portée large, car elle se penchera sur l’ensemble de la structure de Postes Canada, tant du point de vue de la clientèle que du modèle d’affaires, compte tenu de l’environnement commercial difficile auquel Postes Canada fait face actuellement.
Christopher Reynolds, La Presse Canadienne