Plus de gens transportent de la naloxone pour aider des étrangers sur la rue
Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2023
Kym Porter transporte une trousse de naloxone dans son sac à main depuis que son fils est décédé d'une surdose il y a plus de six ans.
Mme Porter, une enseignante à la retraite de Medicine Hat, en Alberta, a été formée pour utiliser à la fois les versions seringue et nasale du médicament d'inversion de surdose, mais elle n'a jamais dû affronter une situation d'urgence avant le mois de mai.
«J'ai vu cet homme allongé sous un arbre et il ne bougeait pas», a-t-elle relaté.
Elle s'est approchée de l'homme, a cherché pour tout équipement de drogue, l'a interpellé et lui a secoué les épaules. Pas de réponse.
Kym Porter a appelé les premiers intervenants et a saisi sa trousse de naloxone.
«Mais pour une raison quelconque, je ne sais pas pourquoi, j'ai hésité, a-t-elle raconté. Je ne l'ai pas administré.»
Les équipes d'urgence sont arrivées et ont réveillé l'homme qui lui a confirmé qu'il avait fait une surdose.
Les trousses de naloxone sont des antidotes en vente libre facilement disponibles qui bloquent les effets des opioïdes tels que le fentanyl, l'héroïne, la morphine ou la cocaïne.
De plus en plus de gens transportent des trousses de naloxone avec eux dans la rue alors que les décès liés à l'empoisonnement à la drogue battent des records chaque année au Canada.
En Alberta, les derniers chiffres montrent qu'avril a été le mois le plus meurtrier, avec 179 décès dus à des surdoses d'opioïdes.
Reconnaître les signes de surdose
Caitlin Shane, une avocate spécialisée en politiques en matière de drogue à la Pivot Legal Society de Vancouver, dit qu'elle voit des membres de la communauté, ainsi que des professionnels de la santé, aider d'autres personnes qui pourraient avoir fait une surdose d'opioïdes.
«Souvent, ce sont des gens qui passent (et) qui ont de la naloxone attachée à leur sac ou à leur sac à dos», a-t-elle indiqué.
Mme Shane affirme qu'il est crucial de connaître les signes d'une surdose pour déterminer quand administrer de la naloxone.
«De cette façon, vous pouvez vous sentir plus à l'aise de le faire.»
Les signes peuvent être une respiration superficielle, des lèvres ou des ongles bleus ou gris, de petites pupilles, l'incapacité de se réveiller malgré l'appel ou la secousse de la personne, et des bruits d'étouffement ou de ronflement.
«Si vous pensez que quelqu'un fait une surdose et que vous ne savez pas s'il s'agit d'une surdose d'opioïdes ou de stimulants, Santé Canada recommande l'administration (de naloxone)», a-t-elle précisé.
«Le résultat sera probablement meilleur que de ne pas l'administrer.»
La Food and Drug Administration des États-Unis (FDA) affirme que l'injection de naloxone à une personne qui peut être inconsciente pour d'autres raisons telles qu'un coma diabétique ou un arrêt cardiaque ne lui causerait pas de dommages supplémentaires.
Une procédure parfois risquée
L'été dernier, Candice Chaffey, infirmière dans un hôpital de la région de Toronto, était en route pour prendre une pizza à emporter lorsqu'elle a aperçu un homme qui était étend, inconscient, sur le trottoir.
L'homme était entouré de passants à Brampton, en Ontario, alors qu'ils attendaient l'arrivée des ambulanciers paramédicaux.
Mme Chaffey s'est approchée de l'homme et a commencé par mettre de la pression sur son sternum pour le réveiller. Elle savait que c'était une surdose.
«J'ai couru à la maison et je suis revenue avec ma trousse de naloxone dans les 30 secondes», s'est souvenue Mme Chaffey.
Elle a ouvert la trousse, a sorti l'ampoule, l'a mise dans la seringue et a injecté la naloxone dans le corps de l'homme.
«Il a immédiatement commencé à se lever et a dit : "Pourquoi m'as-tu piqué ?"», a-t-elle affirmé.
L'homme s'est de nouveau évanoui, alors Mme Chaffey a répété les étapes avec une deuxième dose et l'a aidé à se lever. Mais l'homme n'était pas content de cette intrusion.
Mme Chaffey a dit que les choses auraient pu devenir violentes. Ce ne fut pas le cas pour elle.
«C'est un risque que vous prenez», a-t-elle déclaré.
Elle a averti que les gens ne devraient pas se mettre en danger s'ils ne sont pas à l'aise d'approcher une personne qui fait potentiellement une surdose.
«La meilleure chose à faire est d'attendre l'arrivée d'un ambulancier», a-t-elle souligné.
———
Cette dépêche a été rédigée avec l'aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.
Ritika Dubey, La Presse Canadienne