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Parkinson: la danse pour soulager la dépression

durée 11h19
8 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — L'apprentissage d'une chorégraphie a semblé réduire les symptômes dépressifs de certains patients atteints de la maladie de Parkinson, ont constaté des chercheurs ontariens.

Les auteurs rappellent que «la danse est apparue comme un traitement complémentaire susceptible de favoriser la plasticité neuronale adaptative tout en améliorant les symptômes de la maladie de Parkinson, tels que l'équilibre, la démarche, la posture et la marche».

«On dirait que la danse a un impact sur la dépression, mais aussi potentiellement sur l'anxiété et sur plusieurs autres symptômes non moteurs et sur la qualité de vie», a résumé l'auteur de l'étude, le professeur Joseph DeSouza, de la faculté de la Santé de l'Université York, à Toronto.

Les chercheurs ont étudié 23 patients atteints de la maladie de Parkinson et onze sujets en santé. Tous ont suivi des cours hebdomadaires de danse pendant huit mois.

Des questionnaires remplis après chaque cours ont permis de découvrir que les participants se sentaient moins déprimés à ce moment, et que l'effet positif était cumulatif. Des tests d'imagerie ont ensuite mesuré une réduction des signaux associés à la régulation émotionnelle lorsqu'on demandait aux sujets de se remémorer la chorégraphie apprise.

Cette recherche, écrivent les auteurs, «contribue aux premières preuves que la participation à une activité sociale telle que la danse peut modifier l'activité d'une région du cerveau associée à la dépression et à l'humeur».

«La maladie de Parkinson progresse très rapidement si (les patients) ne bougent pas, a rappelé le professeur DeSouza. S'ils restent assis dans leur lit d'hôpital ou chez eux à regarder la télévision toute la journée, leur maladie va attaquer leur cerveau aussi vite qu'elle le peut et rien ne peut l'arrêter. Il n'y a pas de barrages, pas de ponts qui ralentissent le processus de dégénérescence. Mais même sans neurodégénérescence, l'exercice a montré qu'il était excellent pour les gens.»

Et dans le cas de la danse, a-t-il ajouté, il n'y a pas que les bienfaits de l'exercice physique dont il faut tenir compte.

Les participants aux cours, a rappelé le professeur DeSouza, «ont de la musique, ils voient les amis qu'ils se sont faits dans la classe et ils font des activités sociales».

«Toutes ces choses aident le cerveau à être heureux, a-t-il dit. Dans nos cours et dans tous les cours de danse que j'ai vus dans le monde, personne n'a essayé de rendre un cours de danse ennuyeux et triste.»

La région du cerveau qui semble être affectée par les cours de danse est la même que celle dans laquelle des médecins vont insérer des électrodes pour tenter de soulager une dépression qui résiste à toutes les autres thérapies, a souligné le chercheur.

«J'ai été surpris, a admis le professeur DeSouza, mais en rétrospective, ce n'est vraiment pas si surprenant que ça.»

Rares sont ceux qui n'ont jamais vu cette vidéo virale d'une ballerine âgée, lourdement hypothéquée par une maladie neurodégénérative, qui s'anime soudainement quand on lui fait entendre la mélodie du Lac des Cygnes.

«C'est une chorégraphie qu'elle a probablement pratiquée des milliers de fois, a dit le professeur DeSouza. Et quand on lui fait jouer la musique, le programme moteur associé à ces souvenirs s'active dans son cerveau. C'est encodé dans son cerveau depuis qu'elle est jeune.»

Le chercheur espère que leurs résultats inciteront les médecins à recommander des cours de danse à leurs patients atteints de la maladie de Parkinson.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le Journal of Medical Internet Research.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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