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Mutation «inquiétante» d'un cas de grippe aviaire en Colombie-Britannique

durée 22h02
2 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Des spécialistes en maladies infectieuses affirment que le cas de grippe aviaire qui a infecté une adolescente de 13 ans en Colombie-Britannique montre des signes inquiétants que le virus pourrait muter pour infecter plus facilement les humains. Ils notent tout de même que l’approche thérapeutique adoptée peut aider à éclairer les cas futurs.

Dans une lettre publiée mardi dans le New England Journal of Medicine, les responsables canadiens de la santé ont identifié des changements dans la séquence du génome viral des échantillons prélevés sur l’adolescente qui a été testée positive à la grippe aviaire et qui a été traitée à Vancouver.

L’étude de cas indique que l’adolescente a été emmenée dans une unité de soins intensifs pédiatriques avec une insuffisance respiratoire et une pneumonie le 8 novembre, qu’elle a enduré un long séjour à l’hôpital et qu'elle a pu arrêter son oxygénothérapie le 18 décembre.

Les responsables de la Santé de la Colombie-Britannique ont déclaré à La Presse canadienne jeudi que la patiente n’a pas été libérée de l’hôpital pour enfants, mais qu’elle n’est plus aux soins intensifs. Ils ont dit qu’ils ne savent toujours pas comment l’adolescente a été infectée.

Une mutation inquiétante

Selon le rapport publié dans le New England Journal of Medicine, la jeune fille, qui souffre d'asthme léger, s'est rendue aux urgences pour la première fois le 4 novembre avec de la fièvre et une conjonctivite.

Une séquence génomique prélevée huit jours après l'apparition de ses symptômes a montré trois mutations dans l'échantillon, notamment dans les gènes qui «facilitent l'entrée du virus dans les cellules des voies respiratoires humaines et permettent la réplication virale», indique l'étude de cas, ajoutant que les preuves du changement sont inquiétantes.

Les médecins ont adopté une approche à plusieurs volets, en administrant à l'adolescente les trois traitements antiviraux approuvés disponibles contre la grippe aviaire, en plus de l'intubation et de la ventilation.

Selon Santé Canada, il existe peu de rapports de propagation entre humains de la grippe aviaire, également connue sous le nom de H5N1, dans les autres parties du monde. Dans la plupart des cas, les infections humaines de la grippe aviaire sont contractées après une interaction entre un humain et un oiseau infecté.

La raison pour laquelle la grippe aviaire ne se transmet pas facilement d’une personne à l’autre est qu’elle a du mal à se lier aux récepteurs des voies respiratoires supérieures de l’homme, a expliqué le Dr Brian Conway, directeur médical du Vancouver Infectious Diseases Centre.

Il a cependant noté que «ces mutations — les trois mutations décrites dans l’article — augmentent la probabilité ou la facilité avec laquelle le virus se combine aux récepteurs des voies respiratoires humaines et c’est ce qui expliquerait qu’il soit infectieux pour l’homme : qu’il se lie plus facilement.»

Dr Conway a déclaré que le défi de tirer des conclusions sur la grippe aviaire est qu’il existe un petit nombre de cas humains. Le patient de 13 ans était le premier cas humain de H5N1 contracté au Canada. C’est une bonne chose, mais cela rend difficile l’identification des tendances de mutation du virus au-delà d’un seul cas, a-t-il déclaré.

Une autre mutation

Au sud de la frontière, un cas grave de grippe aviaire chez l'humain en Louisiane a montré la même mutation du gène de l'hémagglutinine que le spécimen recueilli en Colombie-Britannique, selon une analyse génétique publiée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies la semaine dernière, «suggérant que ces mutations sont apparues au cours de l'évolution clinique, lorsque le virus s'est répliqué chez le patient».

Le Dr Jesse Papenburg, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques à Montréal, dit que ce qui est rassurant, c'est qu'il n'y a eu aucune preuve de transmission interhumaine dans les cas de la Colombie-Britannique et de la Louisiane, et que le risque pour les humains reste faible, en dehors de ceux qui travaillent dans l'industrie avicole. L'étude de cas note qu'il n'y a eu aucun cas secondaire de transmission du virus à domicile ou à l'hôpital.

«Il est important que les responsables de la santé publique et les spécialistes des maladies infectieuses surveillent de très près les changements du virus qui pourraient conduire à une transmission interhumaine potentielle», a déclaré Dr Papenburg.

Le Dr Tim Uyeki, médecin-chef de la division de la grippe de la CDC aux États-Unis, a déclaré qu'il s'agissait du premier patient à sa connaissance à avoir reçu un traitement antiviral à triple combinaison contre le virus H5N1, qui comprenait des inhibiteurs de la neuraminidase, de l'amantadine et du baloxavir.

Dr Uyeki, qui était également co-auteur de l'étude de cas, a déclaré que le médecin de la patiente de 13 ans l'avait appelé le jour de son admission et qu'ils étaient en contact régulier à ce sujet depuis lors.

L'état de la patiente s'est ensuite amélioré, mais Dr Uyeki a averti qu'il ne s'agissait que d'une étude de cas unique sur l'expérience d'un patient, qui a également reçu d'autres traitements, comme une thérapie de remplacement rénal.

Il a toutefois noté que l'approche consistant à administrer à un patient trois antiviraux peut aider à éclairer la gestion clinique d'autres patients gravement malades. La CDC a confirmé 66 cas humains de grippe aviaire aux États-Unis, dont 37 en Californie.

En général, un seul médicament est prescrit à la fois à un patient, mais en Colombie-Britannique, deux autres ont été ajoutés en raison de la nature exceptionnelle et de la gravité de ce cas, a déclaré Dr Papenburg en se basant sur les détails inclus dans l'étude.

«Heureusement, la mortalité due à la grippe chez les enfants est très rare. Cela arrive et, comme vous pouvez le voir dans ce cas (...) ça s'est rapproché autant de la mort que possible.»

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

La Presse Canadienne

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