Mal informées, des communautés sont moins enclines à faire un don d'organes


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — La proportion des personnes issues des communautés noires, moyen-orientales et maghrébines qui ont l'intention de faire un don d'organes à leur décès est considérablement plus faible que dans les autres groupes ethniques, montrent les résultats d'un sondage Léger publiés mardi. La religion et le manque d'informations seraient en cause dans l'écart observé.
En effet, une majorité des personnes issues des communautés autochtone (82 %), latino-américaine (79 %) et caucasienne (74 %) ont l'intention de faire don de leurs organes lorsqu'elles seront décédées, tandis qu'environ la moitié des personnes maghrébines/moyen-orientales et seulement 41 % des personnes noires feraient de même.
Le sondage a été commandé par Transplant Québec à l'occasion de la Semaine nationale du don d'organes et de tissus qui se déroule du 20 au 26 avril. Son but est de mieux comprendre les perceptions de la population sur le don d'organes et la transplantation, leurs motivations et leurs appréhensions. L'objectif ultime de cet organisme, qui gère le processus de don d’organes au Québec et la distribution équitable, est d'augmenter le nombre de transplantations qui sont effectuées afin de sauver plus de vie.
Selon les plus récentes données de Transplant Québec, l'an dernier, 206 donneurs décédés ont permis de transplanter 644 organes, une hausse de 20 % en dix ans. Cependant, 856 Québécois attendaient une transplantation d'organe en date du 31 décembre 2024. À l'échelle du Canada, la province fait piètre figure en matière de performance de don d'organes.
Les communautés noires, moyen-orientales/maghrébines et latino-américaines sont celles ayant les plus grandes proportions de personnes qui se disent mal informées sur le processus du don d'organes.
Plus de la moitié des personnes noires et latino-américaines estiment être mal informées sur les démarches pour faire connaître leur volonté quant au don d'organes. Ce taux grimpe à 63 % chez les Maghrébins et Moyen-Orientaux. Environ quatre personnes blanches sur dix se considèrent mal informées en matière de don d'organes. C'est un peu plus du tiers chez les Autochtones et 47 % des Asiatiques.
Du côté des communautés autochtones et latino-américaines, il y a la plus grande propension à vouloir faire don de leurs organes après leur décès pour près de 80 % d'entre eux, ce qui est supérieur aux Caucasiens (75 %).
La religion pourrait être un facteur qui influence la décision des personnes de vouloir faire don ou non de ses organes après son décès, selon Transplant Québec. L'organisation indique qu'une part importante des croyants, en particulier les chrétiens et les musulmans des groupes sondés, affirment qu'ils ne donneraient pas leurs organes. Les résultats montrent aussi que les non-croyants manifestent une attitude plus favorable à l'égard du don d'organes.
Parmi les Noirs, les Latino-américains et les Moyen-Orientaux qui sont défavorables ou indécis, plusieurs craignent que l’équipe médicale ne fasse pas tout le nécessaire pour leur sauver la vie. «Chez certains répondants originaires du Moyen-Orient ou du Maghreb, les inquiétudes sont davantage liées à la possibilité de ne pas pouvoir procéder correctement aux rites funéraires ou à la crainte d’aller à l’encontre de leur religion», peut-on lire dans le document de présentation des résultats de la firme Léger. Les répondants asiatiques qui ont exprimé des réserves ont plutôt des craintes que le personnel médical manque de respect envers leur corps et leurs organes.
Les données du sondage ont été collectées du 17 au 25 février et un total de 624 Québécois ont été sondés, ce qui correspond à une marge d'erreur globale de 3,9 %. Plus précisément, l'échantillon comprenait 100 Asiatiques, 75 Autochtones, 100 Noirs, 100 Latino-américains, 101 Moyen-Orientaux/Maghrébins et 148 Caucasiens.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne