Levana Ballouz, qui a tué sa femme et leurs deux enfants, connaîtra sa peine vendredi
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Par La Presse Canadienne, 2024
LONGUEUIL — Mohamad Al Ballouz, qui s'identifie désormais comme une femme, connaîtra sa peine vendredi, après avoir été reconnu coupable cette semaine du meurtre de sa femme et de leurs deux jeunes enfants, il y a plus de deux ans.
Al Ballouz, qui se présente désormais sous le nom de Levana Ballouz, a été reconnue coupable lundi par un jury du meurtre au deuxième degré de Synthia Bussières et du meurtre au premier degré de leurs deux garçons, Eliam, cinq ans, et Zac, deux ans.
Ballouz, qui était le mari de Mme Bussières au moment des meurtres en septembre 2022, a également été reconnue coupable d'incendie criminel pour avoir mis le feu à l'appartement familial à Brossard, sur la Rive-Sud, dans la région de Montréal.
On a appris au procès que Mme Bussières, âgée de 38 ans, a été poignardée à 23 reprises et que les deux garçons avaient ensuite été tués, avant qu'Al Ballouz ne boive du liquide lave-glace et ne mette le feu pour détruire des preuves.
Au moins 11 des blessures au couteau étaient des lésions défensives, ce qui laisse croire, selon la Couronne, que Mme Bussières a lutté pour sa vie.
Ballouz, qui se représentait seul, n'a finalement pas présenté de défense. Elle a plaidé que c'était Mme Bussières qui avait tué les enfants et qui l'avait attaqué, une thèse que le jury a rapidement rejetée, un jour seulement après s'être isolé.
Le juge Eric Downs, de la Cour supérieure à Longueuil, a entendu mercredi une déclaration de la mère de Synthia Bussières, Sylvie Guertin, sur les répercussions de ce drame, puis les arguments de la Couronne sur la peine à imposer. Les procureurs ont également appelé l'une des amies de Mme Bussières et ont déposé des déclarations d'impact des premiers intervenants.
Ballouz dénigre encore la victime
Sylvie Guertin a parlé de la douleur qu'elle a endurée au cours des deux dernières années et a remercié d'avoir attendu que justice soit faite. «Le 25 septembre 2022, ma vie et celle de toute ma famille s'est écroulée», a déclaré Mme Guertin au juge. Elle a rappelé la douleur et la souffrance indescriptibles d'avoir dû annoncer la nouvelle de la mort de sa fille et de ses deux petits-enfants à son autre fille.
«Monsieur le juge, je n'ai pas de mots pour vous exprimer à quel point l'accusé Mohammad Al Ballouz a eu de graves répercussions sur ma vie, celle de ma famille et celle des amis de Cynthia, a ajouté Mme Guertin. Les gestes de Mohammad Al Ballouz ont fait en sorte que j'ai enterré ma fille et mes deux petits-enfants.»
Mme Guertin a aussi décrit l'impact que ce procès avait eu sur elle, en entendant notamment les premiers intervenants et d'autres témoins décrire la découverte déchirante de sa fille et de ses petits-enfants. Elle a assuré le tribunal que rien ne pourrait effacer les souvenirs gravés dans son cœur et son esprit.
«Je ne sais pas où tu es, Synthia, mais sûrement avec Eliam et Zac, et mon cœur de maman fait que personne ne pourra plus te faire souffrir. Je t'aime, ma petite Synthia. Tu es partie trop tôt avec tes deux petits anges.»
Le juge Downs a décrit la douleur de Mme Guertin d'«incommensurable» et a déclaré qu'elle était «extrêmement forte».
«Vous êtes victime trois fois, trois personnes décédées, et aussi d'un processus qui a été très difficile. Je vous souhaite la paix», a-t-il dit.
Les condamnations pour meurtre au premier degré entraînent automatiquement une peine d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Reste à déterminer l'admissibilité à la libération conditionnelle pour le meurtre au deuxième degré de Mme Bussières, qui peut aller de 10 à 25 ans.
Le jury avait suggéré une période d'inadmissibilité de 21 ans, tandis que la Couronne a demandé au juge une peine de 18 à 22 ans. Le procureur Éric Nadeau a également demandé une peine de cinq à sept ans pour l'incendie criminel.
Ballouz, qui a passé des mois à faire traîner les procédures, avant de finalement décider de se représenter elle-même au procès, a soutenu qu'elle était une «bonne mère» et elle a diffamé Mme Bussières une fois de plus, mercredi, dans une dernière allocution au juge.
Lisant une lettre, Ballouz a soutenu que Mme Bussières détestait sa mère, ce qui a poussé Mme Guertin à quitter la salle d'audience en trombe. Le juge Downs a rapidement interrompu Ballouz dans sa tirade et il lui a finalement interdit de s'adresser davantage au tribunal. Le juge a par ailleurs interdit la publication de la lettre et de son contenu, qualifiant les propos de «diffamatoires et calomnieux».
«Ça reste la vérité, monsieur le juge», a répondu Ballouz au juge Downs, qui prononcera la peine vendredi.
La Presse Canadienne