Les universitaires canadiens sont mis en garde contre les voyages aux États-Unis


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Par La Presse Canadienne, 2024
HALIFAX — L'Association canadienne des professeures et professeurs d'université (ACPPU) a publié mardi une mise à jour de ses conseils aux voyageurs en raison du contexte politique créé par l'administration du président Donald Trump et des signalements de difficultés rencontrées par certains Canadiens pour traverser la frontière.
L'ACPPU recommande aux universitaires originaires de pays entretenant des relations diplomatiques tendues avec les États-Unis, ou ayant eux-mêmes exprimé des opinions négatives à l'égard de l'administration Trump, d'être particulièrement prudents lors de leurs voyages aux États-Unis et de s'y rendre «uniquement si cela est essentiel et nécessaire».
Cet avertissement vise particulièrement les universitaires qui s'identifient comme transgenres ou dont les recherches pourraient être perçues comme étant en contradiction avec la position de l'administration américaine actuelle.
De plus, l'ACPPU recommande aux universitaires de bien réfléchir aux informations qu'ils possèdent, ou dont ils ont besoin, sur leurs appareils électroniques lorsqu'ils traversent la frontière, et de prendre des mesures pour protéger les informations sensibles.
«Dans les zones de précontrôle et aux postes frontaliers, une agente ou un agent des services frontaliers américains ou canadiens peut exiger l'accès à des appareils électroniques comme des ordinateurs portables, des tablettes et des cellulaires, ce qui compromet gravement la protection de la confidentialité des recherches et la liberté académique», peut-on lire dans un document l’ACPPU aux voyageurs. «Si les pouvoirs accordés aux agentes et agents des services frontaliers en matière de fouille d'appareils électroniques ne sont pas nouveaux, des témoignages laissent entendre que ces pouvoirs sont exercés plus fréquemment et arbitrairement», précise l'association dans son avis.
Les informations faisant état d'étrangers envoyés en détention ou en centre de traitement pendant plus de sept jours, dont la Canadienne Jasmine Mooney, deux touristes allemands et un routard gallois, font la une des journaux depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier.
Le gouvernement canadien a récemment mis à jour son avis aux voyageurs concernant les États-Unis, avertissant les résidants qu'ils pourraient faire l'objet d'un «examen minutieux» par les gardes-frontières et d'une possible détention en cas de refus d'entrée.
Selon les données du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, le nombre de voyageurs traversant le Canada vers les États-Unis a diminué d'environ 32 %, soit de 864 000 voyageurs, en mars par rapport au même mois l'année précédente.
Dans une récente entrevue, Mike Niezgoda, porte-parole de l'agence des douanes et des frontières de l'État de New York, a déclaré à La Presse Canadienne la semaine dernière qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. «C'est comme d'habitude ici, a-t-il assuré. Il n'y a aucune différence (…) Tant que vous avez vos documents, tout va bien.»
Cependant, David Robinson, directeur général de l'association des professeurs d'université, a déclaré mardi lors d'une entrevue que cet avertissement était la première fois que son groupe déconseillait les voyages non essentiels aux États-Unis depuis ses 11 années de collaboration.
«Il est clair que les personnes entrant aux États-Unis font l'objet d'une surveillance accrue, et (…) d'un filtrage politique renforcé», a indiqué M. Robinson, dont l'association représente 70 000 enseignants, bibliothécaires, chercheurs, personnels généraux et autres professionnels universitaires de 122 universités et collèges.
M. Robinson a précisé que le groupe avait pris cette décision après avoir consulté des avocats ces dernières semaines. Il a rapporté que des avocats leur avaient indiqué que les fouilles aux frontières américaines pouvaient compromettre les informations confidentielles obtenues par les universitaires dans le cadre de leurs recherches.
L'association maintiendrait cet avertissement jusqu'à ce qu'elle constate «la fin du filtrage politique et un plus grand respect des informations confidentielles sur les appareils électroniques», a mentionné M. Robinson.
Michael Tutton, La Presse Canadienne