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Les tensions entre le Canada et l'Inde pourraient faire dérailler le commerce

durée 17h07
15 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Le conflit diplomatique entre le Canada et l'Inde pourrait faire dérailler une relation commerciale qui sous-performe déjà par rapport à son potentiel, préviennent les experts.

Les relations entre les deux pays ont atteint un nouveau creux avec la décision du Canada d'expulser lundi le principal envoyé de New Delhi et cinq autres diplomates sur la base d'allégations explosives de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui a déclaré que des agents du gouvernement indien ont été liés à des meurtres, à de l'extorsion et à de la coercition au Canada.

La ministre du Commerce international, Mary Ng, a tenté de rassurer les entreprises canadiennes, en publiant une déclaration mardi reconnaissant l'«incertitude» que la situation crée pour les exportateurs et les investisseurs. Elle a déclaré que le gouvernement fédéral continuerait de soutenir les liens commerciaux et économiques entre les deux pays.

Mais les analystes affirment qu'il n'y a aucune chance que la relation commerciale entre le Canada et l'économie à la croissance la plus rapide au monde puisse échapper indemne à cette dernière escalade des tensions - du moins pas dans un avenir immédiat.

«À court terme, je pense que cela aura certainement un impact négatif (…) si vous êtes une entreprise canadienne qui essaie de prendre pied en Inde ou si vous êtes une entreprise indienne qui essaie de faire quelque chose au Canada», a déclaré Partha Mohanram, directeur de l’India Innovation Institute de l’Université de Toronto.

«Ou si vous parlez de tout type d’accord de libre-échange, que ce soit au niveau provincial ou au niveau fédéral. Tout cela va évidemment être mis en veilleuse, c’est le moins qu’on puisse dire.»

Pas de progrès depuis 2010

En particulier, les derniers développements suggèrent qu’il n’y aura pas de progrès imminent vers l’Accord de partenariat économique global Inde-Canada (CEPA), un projet d’accord commercial bilatéral que les deux pays négocient par à-coups depuis 2010.

Après une interruption de cinq ans, les pourparlers ont repris sérieusement en 2022, mais le Canada a suspendu le processus l’année dernière – une décision qui a été accueillie avec consternation par certains groupes d’entreprises.

M. Mohanram a déclaré que la détérioration des relations avec l'Inde et la Chine est problématique, car le volume des échanges commerciaux actuellement réalisés avec les deux pays est déjà bien inférieur à ce qu'il devrait être.

En 2022, le Canada a exporté des marchandises d'une valeur de 5,3 milliards $ vers l'Inde, soit seulement 0,7 % des exportations mondiales, selon Statistique Canada. Les importations en provenance de l'Inde se sont élevées à 8,3 milliards $, soit environ 1,1 % du total des importations mondiales.

En comparaison, les exportations canadiennes vers la Chine en 2022 se sont élevées à 28,7 milliards $, même si la population indienne a augmenté si rapidement qu'elle a dépassé celle de la Chine pour la première fois l'année dernière.

«(Le Canada et l'Inde) sont une relation qui a lamentablement sous-performé son potentiel», a dit M. Mohanram.

«Si vous regardez le commerce bilatéral, les deux pays s'affichent à peine sur le radar de l'autre. L'Inde est beaucoup plus concentrée sur les États-Unis, par exemple, et le Canada est beaucoup plus concentré sur la Chine que sur l'Inde. Je pense que les deux pays se sont ignorés en termes de potentiel.»

Parmi les principaux produits exportés par le Canada vers l'Inde figurent le charbon, les engrais potassiques et les lentilles.

Dans sa déclaration de mardi, la ministre Ng a déclaré que le Canada soutenait fermement ses entreprises et travaillerait en étroite collaboration avec toutes les entreprises canadiennes engagées en Inde.

Mais elle a ajouté que le Canada ne tolérerait aucun gouvernement étranger menaçant, extorquant ou portant préjudice aux citoyens canadiens sur son sol.

«Nous devons prendre en compte nos intérêts économiques avec la nécessité de protéger les Canadiens et de faire respecter l'état de droit», a-t-elle dit.

Amanda Stephenson, La Presse Canadienne