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Les proches qui aident une personne avec une dépendance ont aussi besoin de soutien

durée 15h23
10 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La période des Fêtes peut exacerber les défis que vivent les personnes aux prises avec une dépendance. À travers les hauts et les bas, il y a presque toujours un proche aidant qui supporte la personne, mais la famille et l'entourage ont tendance à s'oublier, ce qui leur apporte beaucoup de détresse.

Le proche aidant va concentrer toutes ses énergies à aider une personne qui consomme. Il peut en venir à s'épuiser et faire du tort à sa propre santé, explique Anne Elizabeth Lapointe, directrice générale de la Maison Jean Lapointe.

Fille de Jean Lapointe, elle a connu cette réalité lorsqu'elle s'occupait de sa mère qui avait une dépendance à l'alcool.

«Quand quelqu'un vit avec une dépendance, évidemment, ça fait vivre beaucoup d'insécurité à l'entourage. La personne va souvent minimiser, essayer de cacher, va mentir, essayer de changer de comportement, ce qui fait que l'entourage va un peu se retrouver dans l'insécurité, l'instabilité et l'imprévisibilité de l'autre personne», décrit Mme Lapointe.

La plupart du temps, le proche ne reconnaît pas qu'il s'engouffre lui aussi dans les problèmes de la personne dépendante. Il déploie beaucoup d'efforts pour lui venir en aide, par exemple en protégeant les enfants ou en l'empêchant de dilapider tout son argent dans sa dépendance, que ce soit l'alcool, une autre substance ou encore le jeu.

Mme Lapointe qualifie cet état d'hypervigilance. «On essaie d'aider la personne, on veut qu'elle aille en traitement, on veut l'encourager à diminuer, à arrêter. Quand la personne consomme trop, il faut en prendre soin, et nous, on s'oublie complètement comme membre de l'entourage, mais on ne va pas bien. Nous aussi on commence à s'enliser dans la problématique de l'autre, parce qu'on s'est oublié et on n'a pas pris soin de nous. Alors nous aussi on peut vivre de l'anxiété, de la dépression, on peut vivre beaucoup d'insécurité et d'impuissance. Tout cela fait en sorte qu'on devient très fatigué émotionnellement.»

Selon l’Institut national de santé publique du Québec, 25 % des aidants naturels souffrent d'épuisement émotionnel.

Depuis 40 ans, la Maison Jean Lapointe offre un Programme d'aide à la famille et à l'entourage (PAFE). Les gens peuvent bénéficier de séances en groupes et individuelles. De plus, les personnes qui travaillent au sein de ce programme ont toutes côtoyé un proche vivant avec une dépendance. Ces travailleurs proposent des stratégies concrètes pour rester un soutien positif sans se négliger dans ce travail.

Il en coûte quelques centaines de dollars pour participer au PAFE, mais Mme Lapointe souligne que de l'aide financière est offerte à ceux qui en ont besoin grâce à la Fondation Jean Lapointe.

Le temps des Fêtes est synonyme d'abondance pour plusieurs familles québécoises et la population générale consomme davantage durant cette période. «C'est un moment qui est difficile à vivre [...] c'est très anxiogène d'avoir un proche qui a un problème de consommation pendant les Fêtes. Pour quelqu'un qui a la problématique aussi c'est un moment où la personne va consommer davantage», soulève Mme Lapointe.

Depuis la pandémie, les ressources de la Maison Jean Lapointe ont été très sollicitées durant le temps des Fêtes. Cette année, entre 30 et 35 lits seront occupés sur les 48 disponibles, un record selon la directrice générale. «On voit qu'il y a des gens qui sont prêts à passer les Fêtes en traitement», se réjouit-elle. Ils s'offrent ainsi le cadeau d'aller mieux et de l'espoir pour leurs proches.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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