Les familles canadiennes devront payer 800 $ de plus pour se nourrir l'an prochain
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Par La Presse Canadienne, 2024
Les prix des aliments au Canada devraient connaître une augmentation de 3 à 5 % l’année prochaine, selon un nouveau rapport, mais des facteurs imprévisibles, comme les changements climatiques et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, pourraient avoir des conséquences imprévues.
C’est la conclusion qui ressort du 15e rapport annuel sur les prix des aliments publié jeudi par un partenariat qui comprend des chercheurs de l’Université Dalhousie, de l’Université de Guelph, de l’Université de la Saskatchewan et de l’Université de la Colombie-Britannique.
Les auteurs du rapport ont utilisé trois modèles différents d’apprentissage automatique et d’intelligence artificielle pour faire leurs prévisions. Ils ont conclu qu’une famille canadienne de quatre personnes peut s’attendre à dépenser 16 833,67 $ en nourriture en 2025, soit une augmentation pouvant atteindre 801,56 $ par rapport à 2024.
Le taux de croissance des prix des aliments s’est modéré depuis la pandémie de COVID-19, lorsque l’inflation galopante a entraîné des augmentations supérieures à 10 % d’une année à l’autre, mais il continue d'avoir un impact à la hausse sur le coût du panier d'épicerie.
«Ce serait fantastique si le taux de croissance des prix était encore plus bas, mais vous savez, c'est un pas dans la bonne direction», a analysé le responsable du projet sur le campus de l'Université de la Saskatchewan, Stuart Smyth.
«Je pense que les consommateurs peuvent espérer une certaine stabilisation des augmentations des prix des aliments pour la prochaine année», a-t-il ajouté.
Certaines des difficultés survenues pendant la pandémie ont désormais été pratiquement éliminées des chaînes d'approvisionnement, a mentionné M. Smyth.
«Nous revenons en quelque sorte aux conditions d'avant la COVID-19, il y a cinq ans», a-t-il expliqué.
Mais il existe encore des points de pression.
Le prix de la viande, par exemple, pourrait augmenter de 4 à 6 % en 2025, notamment en raison des prix records du bœuf résultant d'années de sécheresse dans l'Ouest qui ont poussé les éleveurs de bovins à réduire la taille de leurs troupeaux.
Les prix des légumes pourraient également augmenter plus rapidement que ceux d’autres catégories, en grande partie en raison de la faiblesse du dollar canadien, qui devrait réduire le pouvoir d’achat des importateurs canadiens de produits alimentaires l'an prochain.
Deux facteurs imprévisibles
Comme ces dernières années, les changements climatiques continueront d'avoir un impact sur les prix des aliments, car les phénomènes météorologiques extrêmes rendent la culture et l’élevage plus difficiles pour les agriculteurs.
Mais cette année, les auteurs du rapport surveillent également les impacts potentiels liés au retour du président Trump à Washington, a souligné le chef de projet et directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l'Université Dalhousie, Sylvain Charlebois.
Ces impacts pourraient inclure l’effet des tarifs douaniers, si le Canada choisit de riposter aux tarifs que M. Trump menace d'imposer sur les importations aux États-Unis, ainsi qu’un écart potentiel de compétitivité si M. Trump tient sa promesse de réduire les coûts pour les agriculteurs américains.
«Il faut tenir compte de ce qui pourrait se passer aux États-Unis – l’effet d’entraînement pourrait être assez important», a affirmé M. Charlebois.
«Chaque année, nous sommes toujours confrontés à un enjeu majeur: le changement climatique. L'an prochain encore, comme en 2016, nous serons confrontés à deux enjeux majeurs: le changement climatique et Donald Trump.»
Amanda Stephenson, La Presse Canadienne