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Les aliments ultratransformés modifieraient la structure du cerveau

durée 10h00
28 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La consommation d'aliments ultratransformés semble modifier la structure du cerveau d'une manière qui stimule ensuite la consommation de ces aliments, l'emprisonnant dans une sorte de «cercle vicieux», a expliqué un chercheur montréalais qui a récemment participé à une étude sur le sujet.

L'étude, écrivent les auteurs, présente «des preuves démontrant que la consommation d'aliments ultratransformés (...) est associée à des modifications structurelles du cerveau dans les zones qui régulent le comportement alimentaire».

En général, poursuivent-ils, «les lésions (...) pourraient favoriser une alimentation inadaptée (c'est-à-dire davantage d'aliments ultratransformés) et des maladies métaboliques, perpétuant ainsi un cercle vicieux».

«C'est précisément le fait qu'il s'agisse d'un produit ultratransformé qui a un effet négatif sur le cerveau», a résumé le professeur Filip Morys, de l'Institut neurologique de Montréal.

L'équipe internationale de chercheurs tire ces conclusions de l'analyse de clichés d'imagerie cérébrale d'environ 30 000 participants à la vaste UK Biobank qui avaient notamment été questionnés au sujet de leurs habitudes alimentaires.

Le professeur Morys et ses collègues ont constaté, dans un premier temps, que la consommation d'aliments ultratransformés était liée à une série de facteurs métaboliques négatifs, comme l'hypertension artérielle ou encore des taux de glycémie, un IMC et un rapport taille-hanches plus élevés.

«Nous avons également observé que cela était lié à des changements très spécifiques dans la structure du cerveau», a-t-il complété.

Les chercheurs ont notamment mesuré une densité cellulaire plus faible dans les noyaux accumbens, des structures qui semblent jouer un rôle important dans le système de récompense et l'assuétude ― ce qui pourrait témoigner «d'un processus neurodégénératif», a dit le professeur Morys.

«Peut-être que ça change notre perception de notre nourriture, a-t-il précisé. Elle pourrait être plus gratifiante ou nous pourrions en avoir davantage envie, donc nous avons tendance à manger davantage.»

Sur la base de leurs conclusions et de la littérature disponible, les auteurs de la nouvelle étude émettent «l'hypothèse qu'un cercle vicieux entre les aliments ultratransformés et le cerveau est possible», dans lequel la consommation de ces aliments pourrait entraîner des changements dans le cerveau «et que les changements dans ces zones du cerveau liées à l'alimentation pourraient conduire à une alimentation incontrôlée».

«Ces conclusions permettent de mieux comprendre comment la consommation d'aliments ultratransformés peut se perpétuer tout en contribuant à des effets néfastes sur la santé», écrivent les auteurs.

La vaste catégorie des aliments ultratransformés comprend des produits tels que les boissons gazeuses, les nouilles instantanées et les croustilles, ainsi que des aliments moins évidents comme les yaourts aromatisés et les pains complets préparés dans le commerce.

Il s'agit donc d'aliments qui ont été produits industriellement et qui contiennent des ingrédients que l’on ne trouve généralement pas dans une cuisine familiale, comme des émulsifiants, des agents de conservation, des colorants et des arômes artificiels.

Ce sont ces substances, a dit le professeur Morys, qui sont vraisemblablement à l'origine des changements observés dans le cerveau. Des études animales pointent d'ailleurs dans cette direction.

Selon les données les plus récentes dont on dispose, les aliments ultratransformés représentent près de 45 % de l’apport énergétique quotidien des Canadiens de 20 ans et plus.

Leur consommation a été associée, de près ou de loin, à une multitude de problèmes de santé, de la dépression aux troubles cardiovasculaires en passant par l'alzheimer et le parkinson.

Ils sont tellement omniprésents dans notre environnement alimentaire qu'il est pratiquement impossible de les éviter entièrement. La nouvelle étude fournit toutefois de nouvelles raisons de faire preuve de prudence et d'en réduire la consommation le plus possible, a estimé le professeur Morys.

«On ne veut pas dire que tous les aliments ultratransformés sont mauvais pour vous, mais il y en a qui sont pires que d'autres, a-t-il conclu. Donc, il serait certainement préférable de les éviter que de constamment se faire plaisir en en mangeant.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal scientifique npj Metabolic Health and Disease, qui fait partie de la grande famille Nature.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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