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Le Québec surveille de près l'interdiction des réseaux sociaux aux jeunes australiens

durée 04h01
29 novembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Alors que l’Australie s’apprête à interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans, le Québec se demande s’il doit suivre l’exemple.

Le gouvernement provincial a décidé au printemps dernier d’étudier la possibilité d’établir un âge minimum pour les comptes sur les réseaux sociaux, à la suite d’une initiative de l’aile jeunesse de la Coalition Avenir Québec (CAQ) au pouvoir.

Mais un comité examinant la question a entendu des avis mitigés sur l’idée, certains experts suggérant qu’une interdiction serait difficile à appliquer et pourrait faire plus de mal que de bien.

Le Sénat australien a adopté jeudi une interdiction des réseaux sociaux pour les enfants de moins de 16 ans, qui devrait devenir une première mondiale. Cette interdiction pourrait servir de modèle à d’autres juridictions cherchant à lutter contre les effets de l’utilisation des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes.

La loi rendra les plateformes telles que TikTok, Facebook, Snapchat, Reddit, X et Instagram passibles d’amendes pouvant aller jusqu’à 45 millions de dollars si elles n’empêchent pas les enfants de moins de 16 ans de détenir des comptes.

«Nous sommes heureux de voir cette mesure approuvée par le gouvernement australien. Cela nous a donné de l’espoir pour ce que nous avons proposé», a déclaré Aurélie Diep, présidente de l’aile jeunesse de la CAQ, en entrevue. «Donc, pour nous, c’est une nouvelle très positive.»

Le premier ministre du Québec, François Legault, a d’abord ridiculisé l’idée d’un âge minimum pour les médias sociaux lorsque l’idée a été proposée par le Parti québécois d’opposition en mai. Mais il a changé d’avis après que Mme Diep a publié une lettre ouverte demandant l’interdiction des comptes de médias sociaux pour les enfants de moins de 16 ans.

Peu de temps après, le gouvernement a choisi de créer un comité spécial pour étudier les effets des écrans sur les jeunes, y compris la possibilité d’une interdiction.

Mme Diep, 22 ans, a déclaré avoir commencé à utiliser les médias sociaux vers l’âge de 14 ou 15 ans, bien que certains de ses amis l’aient encouragée à s’y joindre plus tôt en mentant sur son âge. Les plateformes comme Facebook, TikTok et Snapchat exigent toutes que les utilisateurs aient au moins 13 ans. Elle a déclaré que les jeunes ont du mal à se concentrer et perdent le sommeil en raison du temps passé sur leur téléphone.

«Le soir, avant d’aller me coucher, je me dis : 'un dernier coup d’œil sur Instagram et je vais me coucher', a-t-elle expliqué. Et puis, je vais peut-être y passer une heure.»

En mai, La Presse a rapporté les résultats d’un sondage qui a révélé que 71 % des adultes interrogés au Québec se disaient favorables à une interdiction des médias sociaux pour les mineurs.

Le comité spécial vient de terminer une tournée de deux semaines dans 18 écoles. Amélie Dionne, la députée caquiste qui préside le comité, a expliqué avoir entendu de nombreux élèves qui étaient favorables à une interdiction, mais plusieurs ont aussi déclaré avoir menti sur leur âge pour créer des comptes sur les médias sociaux.

«Il y a un certain paradoxe là-dedans, a-t-elle expliqué. Le grand constat que nous avons fait de cette tournée, c’est que (…), en fait, les jeunes veulent être encadrés, ils veulent avoir de l’encadrement.»

Toutefois, le comité spécial a entendu une gamme d’opinions depuis le début de ses audiences à l’automne, certains experts suggérant qu’une interdiction pourrait isoler davantage les enfants vulnérables.

«Je ne pense pas que ce soit souhaitable… pour les jeunes qui vont chercher beaucoup de soutien social sur les réseaux sociaux, dans les communautés en ligne, a déclaré Emmanuelle Parent, cofondatrice d’une organisation qui promeut de saines habitudes en ligne, au comité en septembre. Je ne pense pas non plus que cela va résoudre les problèmes de cyberintimidation.»

Des préoccupations en matière de confidentialité

Sara Eve Levac, avocate chez Option consommateurs, un organisme à but non lucratif axé sur les droits des consommateurs, a déclaré que la vérification de l’âge soulève des préoccupations en matière de confidentialité. «Il n’existe actuellement aucune solution miracle pour vérifier l’âge d’un enfant pour accéder aux plateformes numériques», a-t-elle déclaré au comité.

Mme Diep a expliqué qu’il existe des moyens d’améliorer la vérification de l’âge, comme demander aux parents de valider l’âge de leurs enfants lorsqu’ils ouvrent des comptes sur les réseaux sociaux.

Mme Dionne a déclaré que le comité examinerait de plus près après les vacances comment un âge minimum pourrait être appliqué. Le comité devrait publier son rapport d’ici la fin mai 2025.

La législation australienne exige que les plateformes de médias sociaux prennent des mesures raisonnables pour exclure les utilisateurs de moins de 16 ans, mais elle ne précise pas quelles sont ces mesures. Les plateformes auront un an pour déterminer comment elles peuvent mettre en œuvre l'interdiction avant que des sanctions ne soient appliquées. Une évaluation commandée par le gouvernement sur les technologies de vérification de l'âge rendra compte à la mi-2025 de la manière dont les jeunes enfants pourraient être exclus.

Le Québec a interdit les téléphones portables dans les classes du primaire et du secondaire à partir de janvier, mais ils peuvent toujours être utilisés entre les cours. Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a expliqué que le gouvernement était intéressé par une interdiction totale de l'utilisation des téléphones portables dans les écoles.

-- Avec des fichiers de l'Associated Press.

Maura Forrest, La Presse Canadienne

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