Le congé de TPS stimule les dépenses chez les détaillants et les restaurateurs
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Par La Presse Canadienne, 2024
Près d’une semaine après le début du congé de TPS, les détaillants et les restaurateurs semblent en bonne voie pour augmenter leurs ventes, malgré les difficultés qu’ils ont rencontrées lors de la mise en œuvre de cette mesure temporaire.
Patrick Hempelmann, propriétaire de BMV Books, affirme avoir constaté une hausse des ventes depuis le début de la mesure, en particulier sur les articles à prix élevé.
«Les deux premiers jours, je pense que nous étions nettement plus occupés que nous ne l’aurions été autrement», a-t-il indiqué.
Pendant deux mois, une multitude d’articles — dont les jouets pour enfants, les collations, le vin et les aliments de restaurant — sont exempts de TPS ou de TVH, selon la province.
Le vice-président des relations avec le gouvernement fédéral du Conseil canadien du commerce de détail, Matt Poirier, affirme que le lendemain de Noël devrait en particulier bénéficier d’un coup de pouce.
Il avance cependant que les entreprises, y compris celles qui utilisent des systèmes de paiement plus anciens, ont rencontré des difficultés pour mettre en œuvre la mesure à court terme et même pour déterminer quels articles y sont admissibles.
Les complications et l’augmentation du nombre de clients dépendent du magasin, a-t-il expliqué.
Par exemple, les magasins de jouets ont enregistré une forte baisse de leurs ventes avant l'entrée en vigueur de l'allègement fiscal, selon M. Poirier, car les clients ont attendu quelques jours de plus pour acheter des cadeaux de Noël.
«Pour de nombreux détaillants, cela modifie les habitudes d'achat, mais je pense qu'ils constatent globalement une nette hausse», a-t-il mentionné.
Un rapport de RBC Economics publié jeudi a montré que les dépenses de détail ont ralenti en novembre, les dépenses des fêtes étant légèrement inférieures au niveau de 2023 pendant le week-end du Vendredi fou. Les dépenses consacrées aux loisirs, aux jouets et aux jeux ont considérablement diminué après le 21 novembre, a écrit l'économiste de RBC Carrie Freestone, le jour où l'allègement fiscal a été annoncé.
«En règle générale, les dépenses consacrées aux cadeaux populaires pour enfants augmentent à l'approche de la période des Fêtes», a précisé Mme Freestone.
Mais même avec la baisse de novembre, le Canada est probablement en voie de connaître une légère hausse des dépenses de détail par personne au quatrième trimestre pour la première fois depuis la mi-2022, a-t-elle écrit.
Pour M. Hempelmann, la transition a été relativement facile : la plupart des articles de son magasin sont admissibles au congé de taxe.
Certains articles, comme les disques vinyle et les journaux, ne sont cependant pas admissibles. D’autres ont semé la confusion. Par exemple, M. Hempelmann a déclaré avoir découvert que les romans graphiques étaient admissibles à l’allègement fiscal, mais pas les bandes dessinées minces et à l’ancienne.
Plus facile pour les restaurateurs
Kelly Higginson, présidente et directrice générale de Restaurants Canada, a souligné que la situation était un peu plus facile pour les propriétaires de restaurants, car tout ce qu’ils vendent généralement, à l’exception des boissons fortes, est admissible au congé de taxe.
Un porte-parole de la Régie des alcools de l'Ontario (LCBO) a avancé que le détaillant d’alcool constate également une hausse des ventes par rapport à l’année dernière.
Si l'augmentation des revenus pendant les vacances est la bienvenue pour les restaurants et les bars, Mme Higginson affirme que c'est la hausse attendue des dépenses pendant la période creuse de janvier et février qui fera vraiment la différence.
«Je pense que cela va vraiment avoir un impact pendant cette période de janvier et février, où les gens pourront dépenser un peu plus», a-t-elle estimé. «Ils auront également un peu d'argent supplémentaire dans leur poche grâce à toutes les autres économies.»
«Il y a eu une augmentation assez importante depuis le début de cette période», a soutenu Paul Bognar, président et chef de l'exploitation de Service Inspired Restaurants, qui exploite de nombreux restaurants, dont Jack Astor's et Scaddabush.
«On l'entend de la part des clients qui disent : "Oui, vous savez, c'est une pause agréable. Cela nous a permis de sortir, nous ne nous sentons pas coupables"», a-t-il ajouté.
Selon lui, le changement s'est fait relativement en douceur, car la plupart des articles dans les restaurants sont exemptés et que le système de paiement utilisé par l'entreprise, Moneris, «a pris de l'avance».
«C'était juste quelque chose dont nous n'avions pas à nous soucier», a-t-il affirmé.
Toutefois, le fait que les boissons mélangées comme les cocktails ne soient pas exemptées a rendu la situation un peu plus compliquée, a-t-il ajouté.
Il est aussi optimiste quant à la période de ralentissement après les vacances.
«Les mois de janvier et février tant redoutés sont tout simplement la période la plus difficile pour l'industrie de la restauration, mais je pense que nous allons voir une légère hausse», a-t-il fait valoir.
Selon Mme Higginson, il y a eu des discussions sur la façon dont le changement pourrait affecter les pourboires des serveurs et du personnel de cuisine, car certains clients donnent des pourboires sous forme de pourcentage de la facture totale, y compris les taxes. Mais elle a ajouté que dans ces cas-là, l'augmentation de l'achalandage pendant les vacances et la période creuse devrait quand même se traduire par un «résultat net positif».
Rosa Saba, La Presse Canadienne