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La recherche sur le cancer 45 ans après le marathon de Terry Fox

durée 09h00
12 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — Le Dr André Veillette était étudiant en médecine lorsqu'il a suivi à la télé la traversée du Canada à pied de Terry Fox. Il ne se doutait pas de l'impact que ce jeune homme de 21 ans, à peine un an plus âgé que lui à l'époque, allait avoir sur sa vie.

Le Dr Veillette est ensuite devenu oncologue, directeur d'une unité de recherche en oncologie moléculaire à Montréal et directeur exécutif du Réseau des centres d'oncologie du Marathon de l'espoir, inspiré du nom du marathon de Terry Fox visant à collecter des fonds pour la recherche sur le cancer.

Le Dr Veillette constate l'impact que l'athlète a eu sur lui et sur la sensibilisation du public sur le peu de connaissances que nous avions sur le cancer, 45 ans après que le célèbre Canadien a plongé sa jambe artificielle dans l'océan Atlantique le 12 avril 1980.

Le médecin québécois affirme cependant qu'il a fallu des années pour que des percées révolutionnaires changent le traitement du cancer. Ces découvertes ont ravivé l'importance de la recherche sur la maladie, mais elles ont également mis en lumière l'ampleur des méconnaissances sur cette dernière.

L'héritage de Terry Fox

Le frère aîné de Terry Fox, Fred Fox, visite encore plus de 100 écoles par an pour faire passer ce message. Terry Fox avait amassé environ 24 millions $ en 1981. Depuis, la Fondation Terry Fox indique avoir collecté plus de 950 millions $, finançant plus de 1300 projets de recherche sur le cancer.

Cette semaine, elle a lancé un fonds pour la recherche sur le cancer en partenariat avec une société de capital de risque, visant à jumeler de jeunes entreprises développant des traitements contre le cancer avec des investisseurs.

Fred Fox dit qu'on lui demande souvent dans les écoles pourquoi l'héritage de son frère a laissé une place si profonde dans le cœur des Canadiens.

«Je pense que c'est parce que Terry ne vieillit jamais», avance Fred Fox, qui a 14 mois de plus que Terry. Son jeune frère aurait eu 67 ans en juillet.

«Mais c'est toujours un jeune homme de 21 ou 22 ans qui courait à travers le Canada et auquel, je pense, les jeunes étudiants et les enfants de tout le pays peuvent s'identifier», ajoute-t-il.

Lorsque son frère a entrepris sa traversée, la recherche sur le cancer était rudimentaire, une réalité dont Terry Fox a pris conscience alors qu'il a subi 16 mois de chimiothérapie après avoir reçu un diagnostic de cancer des os à 18 ans, un ostéosarcome, et que sa jambe droite avait été amputée 15 centimètres au-dessus du genou.

«Mais voir tant d'autres personnes, jeunes et moins jeunes, vivre la même chose, apprendre leur décès a eu un impact plus profond sur Terry que jamais auparavant», relate Fred Fox.

Encore du chemin à parcourir

Le peu d'options thérapeutiques offertes aux patients à l'époque était également présent dans l'esprit du Dr Veillette lorsqu'il travaillait comme oncologue à Montréal dans les années 1990. Il a décidé de cesser de voir des patients et de se tourner vers la recherche sur le cancer. Il affirme que deux avancées majeures ont révolutionné ce domaine.

Après des décennies de lents progrès, des chercheurs américains ont franchi un cap en découvrant le premier oncogène humain, un gène muté capable de transformer une cellule normale en cancer, au début des années 1980, transformant ainsi notre compréhension du développement des tumeurs.

Mais ce n'est qu'au début des années 2000 que ces avancées ont donné lieu à des thérapies plus ciblées.

Il explique que la deuxième découverte majeure était que le système immunitaire des patients atteints de cancer était défaillant, s'endormant.

«En conséquence, les cellules cancéreuses, normalement contrôlées par le système immunitaire, deviennent incontrôlables et les tumeurs se développent», mentionne le Dr Veillette.

«C'est à ce moment-là que nous avons commencé à identifier des moyens d'agir sur les gènes mutés par le cancer afin de pouvoir traiter les patients, des moyens de réveiller le système immunitaire», explique-t-il.

Si le concept d'immunothérapie, qui vise à stimuler la réponse immunitaire d'un patient atteint de cancer pour éliminer les cellules malignes, remonte à plusieurs décennies, ce n'est qu'en 1986 que le premier agent d'immunothérapie a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine.

Ces avancées ont ouvert la voie à l'oncologie de précision, qui vise à comprendre spécifiquement le cancer de chaque personne. Le Dr Veillette affirme cependant qu'il reste encore beaucoup à faire pour affiner le diagnostic et le traitement du cancer.

«C'est pourquoi un effort soutenu, un marathon, est nécessaire pour vraiment arriver au bout. Pas seulement un sprint, un marathon», soutient-il.

La course annuelle organisée par la Fondation Terry Fox aura lieu le 14 septembre 2025, et les inscriptions commenceront samedi.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Hannah Alberga, La Presse Canadienne

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