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La préadaptation favoriserait le succès d'une chirurgie, dit une analyse

durée 18h30
22 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les patients qui se préparent à subir une intervention chirurgicale peuvent maximiser leur chance d'une opération sans pépin et d'une récupération rapide s'ils se prennent en main avant de passer sous le bistouri, indique une revue systématique.

L'exercice physique arrive en tête de lice de ce que les patients peuvent faire pour se préparer à leur chirurgie, suivi d'une amélioration de leur alimentation.

«Quand on parle de chirurgie, on sait quand et pourquoi le patient va se rendre à l'hôpital», a rappelé l'auteur principal de l'étude, le docteur Daniel McIsaac, anesthésiste et scientifique principal à l'Hôpital d'Ottawa et titulaire de la chaire de recherche clinique en innovation périopératoire à l'Université d'Ottawa.

«Puisqu'on le sait d'avance, on peut en profiter pour préparer chaque patient à être en meilleure santé avant la chirurgie. Et on sait avec une grande certitude que si les gens sont en meilleure santé avant leur chirurgie, ils seront moins à risque d'avoir des complications pendant la chirurgie, ils seront plus prêts à retourner chez eux après et ils auront une meilleure qualité de vie.»

Cette revue systématique a porté sur presque 200 études randomisées contrôlées qui rassemblaient quelque 15 000 patients.

Les auteurs rapportent avoir «trouvé des preuves directionnelles cohérentes» que les interventions de préadaptation basées sur l'exercice ou la nutrition ― ou des interventions à composantes multiples qui comprennent de l'exercice ― «peuvent réduire de manière significative les taux de complications et la durée du séjour» des adultes se préparant à une intervention chirurgicale majeure, tout en améliorant leur qualité de vie et leur rétablissement physique.

La préadaptation, par exemple, réduisait de 40 % le risque de complications et retranchait environ une journée à la durée de l'hospitalisation des patients, comparativement à ceux qui avaient reçu les soins habituels.

Dans un contexte de pénurie chronique de ressources et de lits, une hospitalisation écourtée, ne serait-ce que d'une seule journée, représente «un grand avantage pour le patient et pour le système de santé», a souligné le docteur McIsaac.

Les chercheurs préviennent toutefois que la préadaptation est «une intervention complexe qui se compose généralement de plusieurs éléments»; qui nécessite un changement de comportement substantiel de la part des participants; qui s'appuie sur l'expertise du personnel chargé de la mise en œuvre du programme; et qui nécessite le développement de compétences de la part des participants.

On doit aussi poursuivre les travaux pour déterminer quelles interventions de préadaptation sont les plus appropriées avant chaque chirurgie, a admis le docteur McIsaac.

«Faire plus de cardio, faire plus d'entraînement de force et manger beaucoup de protéines, ça sera bénéfique pour n'importe quel type de chirurgie, a-t-il dit. Mais bien sûr, si un patient se prépare pour une opération du poumon, faire des exercices de respiration serait probablement plus judicieux. Mais si on pense à un patient qui va avoir un remplacement du genou, peut-être faire plus d'exercices qui vont améliorer la force de ses jambes.»

La plupart des programmes de préadaptation en place sont offerts dans les hôpitaux, ce qui implique de multiples déplacements chaque semaine pour les patients. Il faut maintenant trouver comment les rendre accessibles à ceux qui ne sont pas en mesure de se rendre sur place, a dit le docteur McIsaac.

Et comme c'est pratiquement toujours le cas avec les bonnes habitudes de vie, il n'est jamais trop tard pour bien faire, rappelle le docteur McIsaac, même si à ce sujet-là aussi, plusieurs questions demeurent.

Quand on parle de nutrition, a-t-il dit, probablement qu'une ou deux semaines avant la chirurgie suffisent pour obtenir des bénéfices. En ce qui a trait à l'activité physique, on a probablement plutôt besoin de trois ou quatre semaines.

«Quand on parle aux patients qui participent à un programme de préadaptation pour leur chirurgie, on voit qu'ils sont motivés parce qu'ils font quelque chose pour améliorer le résultat de leur chirurgie, a dit le docteur McIsaac. On espère que les données de notre étude vont motiver les patients à changer leurs comportements avant leur chirurgie pour obtenir de meilleurs résultats.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical BMJ.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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